Chapitre 1 : Zylhia

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Alanguie sur ma causeuse favorite, j'observais la scène à contrebas du manoir. Autour de moi, tout n'était que noir étincelant. Les murs étaient vitrés du sol au plafond. Des vitres teintées. L'immense pièce où je me trouvais était pratiquement dépourvue de meubles. Seuls quelques-uns étaient disposés ici et là, à mon bon vouloir. Je vivais comme la princesse que j'étais.

À l'extérieur, mon frère s'échignait à faire travailler les esclaves. Cela m'amusait. Certains, encore nouveaux ici, voulaient faire leur loi. Cela était une erreur. Dante s'appliquait à rendre la punition des plus douloureuses. Quel spectacle divertissant !

Cependant, je devais avouer m'ennuyer, la plupart du temps. Cet ennuie m'avait conduite à faire une demande très spéciale au patriarche de la famille, il y avait de cela cent quatre-vingt-dix ans. J'avais toujours été fasciner par le monde des humains. Leur nonchalance et les droits qui leur étaient accordés accentuait une jalousie que je m'étais découverte. Il fallait dire que je n'avais pas grand-chose à faire dans le monde du châtiment. Notre bon seigneur avait bien essayé de m'intéresser en me donnant des activités tout somme divertissante, mais cela n'avait pas suffi. Je m'étais alors approché de lui afin de lui faire part d'une requête qui eut bon de le choquer.

« - Père, Je souhaite que tu fasses de moi une humaine le temps d'une vie, avais-je annoncer sans préambule.

Celui-ci avait levé les mains de sa tâche, qui consistait à apprendre les bonnes manières à notre domestique, et m'avait observé avec intensité et perplexité.

- Pourquoi vouloir faire une telle ignominie ? s'était-il offusqué de sa voix vibrante de lourdeur.

- Je m'ennuie, soufflais-je en balayant l'air de ma main. Je veux ressentir ce qu'ils ressentent de leur vivant, avais-je précisé en zieutant cette garce d'esclave. Cela me semble amusant.

- Il en est hors de question. Je ne laisserais pas ma propre fille devenir une de ces... choses, cracha-t-il dans la direction de la martyre.

- Donne-moi ce que je veux, m'énervais-je en sentant mes griffes acérées pousser comme pour me préparer au combat.

- Fais attention à toi. Rappelles-toi à qui tu t'adresses. Je n'hésiterais pas à te corriger.

Je l'avais mis en colère mais tout à mon caprice, je n'en avais cure. Il n'irait jamais trop loin. J'étais sa favorite. J'avais tous les droits.

- Donne-moi ce que je veux, répétais-je.

- Es-tu souffrante ? Tu as la stature d'une déesse et toi, tu veux l'échanger contre une âme humaine ?

- Seulement le temps d'une vie. Donne-moi à des humains. Je te reviendrais après avoir vécu ce qui me rend si curieuse.

Il se tourna vers l'esclave, allongée sur son bureau, le visage en sang et la jupe retroussée, pour la réduire à l'état de larve d'un seul regard.

- Pourquoi tant de tension dans cette pièce, intervenait une voix dans mon dos.

Sous la colère, je ne l'avais pas senti arriver, ce qui me fâchait. Je n'aimais pas être prise par surprise. Ma nature m'avait permis de ne l'être que très rarement.

- Ta fille souhaite devenir humaine, gronda-t-il la voix de plus en plus sombre et tremblante de rage.

- Je sais, se contenta-t-elle de dire. Je l'ai senti à la minute où l'idée commençait à faire son chemin dans son esprit malsain.

- Il en est hors de question, hurla mon paternel.

Je souriais en coin car je savais que j'obtiendrais ce que je voulais à la minute où Lilith était entrée dans la pièce.

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