Bright Darkness

Épilogue : Zylhia

J'en avais assez de cela. J'avais cédé bien trop facilement. J'aurais dû me battre plus férocement pour mes idées mais j'avais pour habitude de lui passer tout ce qu'il souhaitait.

Je baissais le regard pour fusiller mon ventre du regard. Ce n'était pas l'enfant, en soi, que j'exécrais mais la grossesse qui mettait à mal mes nerfs. J'avais l'impression d'être devenu complètement folle, à la merci de mes émotions, depuis dix mois. Heureusement, cette situation n'allait pas durée. Il allait enfin arriver. Cela était imminent. Excepter, s'il décidait de m'emmerder et rester à l'intérieur un peu plus longtemps. Cela était déjà arrivé et je le craignais. Lilith avait eu à faire face à un pot de colle en la personne de Dante. Seulement, je n'avais pas la patience de Lilith. Ce petit allait sortir de gré ou de force. Être enceinte n'était clairement pas pour moi. Je détestais cela. Dean espérait de moi, une flopper de petits démons. Il pouvait toujours rêver. Il allait avoir son fils. J'avais fait son bonheur. Après cela, je fermais boutique.

Jordan revint d'une allure tranquille. Il était l'un des seuls employés du purgatoire à ne pas être impressionné par ma mauvaise humeur.

- Tu y es allé un peu fort cette fois.

- Il m'a énervé.

- J'ai vu, ricana-t-il.

- Dean est allé s'occuper du responsable.

- Tu crois que Raïk n'a pas compris la dernière fois ?

- Non. Il est interdit de s'approcher des âmes propres. Lucifer a été catégorique sur la question. Cela sera vite réglé. Dean ne fait jamais les choses à moitié.

- C'est vrai, hocha-t-il la tête.

- Tu n'as pas l'air de l'apprécier.

- Ce n'est pas ça. Il m'observe toujours d'un œil cruel.

- Il est jaloux. C'est normal. N'y prête pas attention. Il a interdiction de te toucher.

- J'aimerais cependant qu'il m'apprécie. Il est ton autre.

Mes lèvres s'étirèrent d'un sourire moqueur.

- Tu gardes, encore et toujours, des réflexes émotionnels d'humain.

- On ne se refait pas, se marra-t-il.

Il sortit pour rejoindre son propre bureau et je me retrouvais à nouveau seule lorsque je sentis mon ventre se contracter fortement. Je baissais les yeux dessus et le soulagement s'empara de moi. Je pense que ce petit monstre avait enfin compris qu'il était temps de sortir. La grossesse chez nous durait bien plus longtemps que les humains, pouvant allait jusqu'à douze mois mais ce genre de grossesse annonçait la teneur du caractère du nouveau-né. Plus il restait longtemps, plus il était faible. J'étais satisfaite de sa venue. Dix mois m'indiquaient qu'il allait être robuste et fort. Rassérénée, je me levais afin de prévenir Jordan que je partais pour mettre bas. Il aurait aimé être présent pour l'évènement mais il devait diriger la barque en mon absence.

Je me laissais transporter jusqu'au palais sombre. Lilith était déjà là, un petit sourire en coin.

- Tu es une petite chanceuse, ma fille.

Je levais la tête de fierté.

- Je sais.

- Où est Dean ?

- Il va arriver. Il a déjà senti que le moment était venu.

Je m'asseyais sur ma banquette et portais le regard sur l'extérieur.

- C'est la dernière fois que je fais cela.

- Tu trouves le moyen de te plaindre au meilleur moment, ricana-t-elle sournoisement.

- Ce n'est pas ma faute qui la grossesse n'est pas pour moi, râlais-je au moment où Dean apparut devant moi.

- Tu vas bien ?

- Parfaitement.

L'accouchement n'avait rien de l'image que s'en faisaient les humains ici. Cela se passait sans douleur, ni gêne. Non, la gêne était la grossesse !

Je n'avais qu'à attendre que le petit trouve le chemin jusqu'à la sortie et parvienne par lui-même à s'extraire de moi. Cela était un travail qui lui revenait. C'était ce qu'on appelait la sélection naturelle. S'il venait à ne pas y parvenir seul, il serait aidé, selon notre choix, mais beaucoup les laisser mourir, estimant qu'il ne serait pas assez fort. D'autres prenaient la même décision que la nôtre. Malgré ma brusquerie concernant ma grossesse, j'étais attachée ce petit, aussi, nous avions décidé de faire de cet acte, notre premier pas de parents, si cela était nécessaire. L'autre solution était pour le moins archaïque. Tradition d'un autre temps.

Le petit n'avait cependant besoin que de lui-même, de toute évidence, lorsque je le sentis se glisser contre les parois de mon vagin, les étirant à l'extrême, si bien que je dus me lever afin de le laisser se frayer un chemin. Je relevais mes jupons et Dean s'agenouillait devant moi pour le réceptionner. Lucifer entra dans la pièce avec mes frères à ce moment-là.

- Il ne s'est pas fait attendre ce petit.

- Il est de la digne lignée des seigneurs, ricanais-je en sentant mon corps s'adapter au passage de mon fils.

- Comment s'en sort-il ? demanda le seigneur.

- Parfaitement, répondit Dean qui palpait le crane du petit, à peine sortie.

Je pliais légèrement les jambes alors qu'il sortit complètement sa tête. Il devait faire le plus difficile, à présent. Sortir ses épaules. Je le sentais se mouvoir de droite à gauche et mon corps, instinctivement, se mit à produire un liquide rougeâtre abondant. Cela lui permit de sortir un bras, ce qui entraina une glissade hors de mon corps. Il était sorti, enfin. Il se trouvait dans les bras de son père qui s'employait à le nettoyer. Il ne fit aucun bruit et se laissa manipuler tranquillement, les yeux dans ceux de Dean. Lorsqu'il fut propre, Dean releva les yeux sur moi et me tendit le petit. J'observais le petit être aux yeux luisant d'un jaune, similaire aux miens. Je relevais ses lèvres et fus satisfaite d'y trouver de petites dents pointues. Je baissais les yeux sur Dean, qui n'avait pas bougé. Je lui tendis, à mon tour, le petit, qu'il scrutait avec ferveur avant de me porter le même regard.

- Je te présente ton fils, Balax...

Voici la fin des aventures de Zylhia et Dean. Cela n'a pas été de tout repos pour nos deux protagonistes mais ils ont pu obtenir ce qui paraît impensable dans un monde aussi infernal. Cette histoire a été une petite épreuve pour moi car moins sentimentale. Je ne savais pas si j'arriverais à en venir au bout, sentant mon côté légèrement fleur bleue vouloir y mettre son grain de sel alors qu'il n'avait rien à y faire dans cette histoire, pourtant nous y voilà.

Je reviendrais avec une nouvelle histoire qui commence déjà à se construire dans ma petite tête de rêveuse. En attendant, je vous remercie de m'avoir suivi dans cette folle aventure au cœur des enfers. 

Je vous embrasse !