Chapitre 7 : Dean

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Je jetais le torchon sur la table mollement. Habituellement rien n'était plus exaltant que d'asseoir mon autorité auprès de mes ennemies. Pourtant, aujourd'hui, corriger cet homme, à moitié mort sur sa chaise en métal, ne m'avait pas procuré autant de satisfaction. Il baignait dans son propre sang poussant des gargouillis de douleur, dans cette immense salle de hangar, dépourvu de mobilier, et je ne ressentais rien. Pas même un léger mouvement d'humeur. Je m'appuyais de mes mains contre le comptoir des toilettes, aménager exclusivement pour ne pas sortir de ce bâtiment imbiber de fluide corporel en pensant que cette chose des profondeurs m'avait cassé. Elle m'avait pris quelque chose d'important. Comme si elle était retournée à son existence avec mon exaltation à faire le mal. J'aimais toujours autant ma position mais n'éprouvais plus cette lueur à montrer à ses salopards qu'il ne fallait pas jouer avec moi.

Je ne savais pas ce qu'il m'arrivait depuis notre première rencontre mais elle avait usé de ses pouvoirs pour faire de ma foutue vie, un enfer sur terre. Les seules fois où l'adrénaline parcourait mes veines, c'était lorsque je pensais à elle, à ce qu'elle représentait et à son existence. Il fallait dire que cela n'était pas banal. Comment trouver l'excitation après avoir fait la rencontre d'un être surnaturelle et converser avec elle sans que cela ne se finisse dans un bain de sang. Rien ne pouvait égaler un tel moment.

Je regardais Petrov approchait prudemment. Il s'arrêta à l'encadrement de la porte et zieuta le milieu de la salle.

- Tu n'y es pas allé de mainmorte.

- Il n'a eu que ce qu'il méritait. Je déteste les infiltrer, grognais-je.

- Je ne les apprécie pas non plus mais c'est la première fois que je te vois aussi hargneux.

- Il sera un exemple, dis-je avec humeur.

- Tu es sur les nerfs depuis notre retour, fit-il le constat assommant.

Je ne répondis rien. Il n'y avait rien à rajouter. Il avait raison. Je me pensais libérer de mes questionnements en obtenant les réponses à la source mais cela fut remplacer par une tension interne si obsédante qu'il m'était difficile de me concentrer sur autre chose malgré mes efforts. Je ne cessais d'avoir ces images à l'esprit. Son sourire carnassier. Ses yeux démoniaques. Tout cela sur un visage presque juvénile. Elle m'obsédait.

« Je te reviendrais. »

Mes oreilles en bourdonnaient d'impatience. Mes pensées tournaient autour de cette simple phrase, comme si je l'avais toujours entendu. Elle avait affirmé cela en y posant une condition. Il fallait que je comprenne pourquoi elle m'obsédait tant. Cela faisait deux mois que je me triturais le cerveau pour trouver la réponse à cette condition. J'avais d'abord pensé que cela était en rapport avec son être, ce qu'elle était. J'avais pensé avoir là ma réponse mais elle n'était pas revenue. J'avais attendu, me faisant honte. Le grand et célèbre mafieux de Saint-Pétersbourg courant derrière une femme, ou plutôt ce qui ressemblait à une femme. L'était-elle seulement ? N'avait-elle pas une forme différente, tel un monstre assoiffé de sang ? Une bête hideuse ? où étais-je trop influencé par le cinéma de genre ?

Il me fallait ces réponses pour la revoir. Voilà où était mon seul engouement. Au-delà d'une certaine crainte face à cette créature, je percevais une instabilité émotionnelle. Elle me perturbait sur bien des points. Nier qu'elle était magnifique serait trompeur. Elle s'était révélée à moi sous deux formes bien distinctes. Les deux m'avaient laissé un goût entêtant à l'esprit. J'avais alors pensé que ma réponse se tenait là. Elle m'obsédait tant parce que j'avais envie de me taper son divin petit corps de diablesse. Cela fut un échec. Puis m'était venu l'idée de sa représentation honorifique par-delà les frontières de nos esprits humains. Était-ce son statut, ses pouvoirs qui pouvait me rendre envieux ?

Bright DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant