Impassible, j'observais l'homme, face à moi, sourire d'une oreille à l'autre. Il tentait de m'amadouer, comme bien d'autres avant lui, depuis que j'avais repris les affaires de mon tordu de père après sa subite mort. Les questions au sujet de celle-ci commençaient à s'émousser. Cela avait surpris le monde. La mort de la légende avait suscité bien des intérêts jusqu'à ce que l'annonce de son remplacement évince cela. Tout le monde voulait savoir si son fils allait reprendre les affaires familiales et ne fut pas surpris de me voir entrer en scène. À présent, ils venaient tous me lécher les bottes pour entrer dans mes petits papiers. Je devais avouer que cela était plaisant. La puissance de mon statut m'octroyait un pouvoir certain. Tous tentaient leurs chances afin de me soudoyer, là où mon père les avaient jetées comme des malpropres. Ils espéraient certainement que je serais plus docile, moins enclin à rejeter leur proposition. Ils avaient tout faux. Mon père m'avait formé, sachant qu'il ne serait pas éternel, depuis mon plus jeune âge, contre l'avis de ma, trop, tendre mère. Aujourd'hui, ils savaient à qui ils avaient à faire. Sept mois s'étaient écoulé depuis la disparition de mon paternel. J'en avais vu passer des dirigeants, des hommes politiques véreux, des petits truands de bas étage. Tous avec l'idée de me corrompre à leur business bancal. Pitoyable !
Spencers était l'un d'entre eux. C'était pourquoi, j'avais dû perdre une heure dans mon emploi du temps bien chargé à écouter son discours sur l'éventualité d'une coalition entre son affaire de trafic de drogue et mon entreprise. Il pensait pouvoir me rallier à son idée. Je l'observais de façon neutre mais l'envie de lui tirer une balle entre les deux yeux montait crescendo dans mon esprit. Son sourire assuré et vicelard ne me plaisait pas. Il pensait gagner. Il en était tout autre. Mon père aurait certainement réagi dès la première phrase. J'étais un homme patient et joueur. J'aimais laisser penser à ces raclures qu'ils avaient toute mon attention pour mieux les réduire à l'état de larves. Aussi, je le laissais m'exposer son projet « révolutionnaire » en matière de nouvelle drogue qui pourrait nous rapporter un gros pactole. Il semblait réellement croire à son discours. Quant à moi, j'avais déjà repéré les failles de son projet. Elle n'en comportait pas moins que cinq. Cinq de trop. Dans notre monde, nous n'avions pas le droit à l'erreur. Cela pouvait nuire à notre carrière, et accessoirement, à notre vie. Néanmoins, je me contentais de l'écouter à moitié, peu intéresser, attendant qu'il en finisse.
- Le commerce en Nouvelle-Zélande est prolifique. Autant vous dire que nous serions des hommes riches à millions, conclut-il son pitch.
D'un seul regard, il s'écrasa sur sa chaise. Je ne pouvais plus supporter ce sourire vainqueur. J'avais peut-être trop abusé de ma patience. Je détournais le regard sur Petrov, mon bras droit. Il comprit où je voulais en venir. Il se déplaça dans la pièce alors que je retournais mon attention sur l'homme, assis face à moi. Je pris mon verre de bourbon et en bus une gorgée. Petrov se plaça derrière l'homme et posa ses mains sur les épaules de celui-ci afin de prévenir de toute fuite. Des gouttes de sueur commencèrent à perler sur le front de celui-ci. Oublier toute confiance, l'homme comprit qu'il avait commis une regrettable erreur en dérangeant le personnel de l'hôtel en insistant pour me rencontrer. Je reposais mon verre.
- Voilà ce qui va se passer, commençais-je d'une voix dure. Tu vas partir de cette salle de réunion. Je ne vais plus jamais entendre parler de toi. Tu vas remercier le ciel que notre rencontre se soit faite dans cet hôtel et non, chez moi, car...
Je ménageais une pose afin d'être sûr d'avoir toute son attention et bien me faire comprendre.
- ... si cela avait été le cas, tu serais mort depuis dix bonnes minutes.
Je me trouvais à cinq bons mètres de l'homme, pourtant je pouvais voir ses mains, posées sur la table, trembler de peur. Cela satisfaisait le monstre dévoreur d'âme qui sommeillait en moi. Petrov enleva ses mains de ses épaules et l'homme se leva dans un bond en hochant la tête. Il se retourna pour fuir au plus vite mais tomba nez à nez avec le torse imposant de mon garde du corps. Je pouvais sentir d'ici, la tension émaner de celui-ci. Ses mains tressautèrent alors qu'il le contournait pour fuir la salle à grandes enjambées. Je repris mon verre et le terminer d'une traite avant de me lever en soupirant.
VOUS LISEZ
Bright Darkness
RomansaQue pourrait-il se passer lorsque deux forces, l'une noire, l'autre obscure, se retrouvaient face à face ? Cela ferait-il assez d'étincelles pour que la lumière naisse ? Si cela n'était pas le cas, le monde y survivrait-il ? L'interrogation est de m...