Chapitre 3 : Zylhia

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Tout était sombre autour de moi, apportant une atmosphère idéale pour la demande qui allait être me présenter. Des arbres à perte de vue, le hululement des hiboux, le son des pas des animaux crapahutant à la recherche de leur proie. La brise légère faisant danser les feuilles sur le sommet des majestueux arbres centenaires. Devant moi, un feu de camp. Autour deux campeuses. L'une amusée mais soucieuse. L'autre triste, la tête basse cachant ses larmes.

Je me tenais non loin, dans l'obscurité à observer ces deux humaines. Elles ne semblaient pas en phase l'une avec l'autre. Leur humeur était différente. Leur façon de penser aussi. La brune avait clairement trop bu mais rester consciente de la peine de son amie et tentait de lui remonter le moral. La rousse affichait un sourire forcé, contrant son envie de pleurer toutes les larmes de son corps. Cependant, ce n'était pas elle qui m'avait appelé. Il semblerait qu'au premier abord la brune soit une bien piètre amie mais celle-ci, énerver par le comportement du petit ami de la rousse, elle m'aurait invoqué pour que je venge son amie. Cela était une histoire de tromperie. J'aurais préféré quelque chose de plus piquant pour ma première invocation mais cela ferait l'affaire. Je fis un pas en avant et la brune arrêta le verre qu'elle allait porter à sa bouche à mi-chemin. Elle se figea, déglutit puis parvint à lever le bras pour pointer ma direction du doigt sans une seule parole. Son amie, qui ne faisait jusqu'à présent pas vraiment attention à elle, releva la tête en constatant qu'elle s'était tue. L'instant se suspendit lorsque la rousse suivit doucement la longueur du bras de la brune jusqu'à poser les yeux sur moi. Ses yeux s'écarquillèrent. La chair de poule s'imprima sur leur bras alors qu'un sourire satisfait étira mes lèvres. Elles avaient peur. Cela combla mon ego surdimensionné. Je fis un pas de plus, sortant de ma cachette. La rousse poussa un petit cri étrangler lorsque le feu vint me dévoiler. Le bras de la brune retomba. Je me concentrais sur elle. Elle n'avait rien à voir dans cette histoire. Il fallait qu'elle parte le temps que j'entretienne une petite conversation avec son amie. Je savais pourquoi j'étais là. Je savais pour qui j'étais là. Cependant, elle devait m'en faire la demande par elle-même.

Je fixais intensément la brune en m'approchant d'elle. Son corps eut un sursaut de révulsion à ma proximité. Assise sur un tronçon de bois, je la regardais de toute ma hauteur avant de m'abaisser à son niveau en lui offrant un sourire enjôleur. Je levais la main pour venir attraper une mèche de ses longs cheveux.

- Tu vas aller dans la voiture. Je dois avoir un entretien privé avec ton amie, exigeais-je en usant de séduction.

Sans pouvoir me contrer, elle se leva et s'éloigna rapidement de nous. Mon regard se tourna vers la femme meurtrie. Elle regardait la brune partir avec peur et désespoir. Elle craignait pour sa vie. Je ne m'en prenais pas aux innocents et encore moins aux femmes innocentes. Je pouvais dire que j'avais les mêmes préceptes que Lilith à ce sujet. La cause des femmes opprimées était une cause familiale.

Je me relevais afin de m'asseoir près de la jeune femme apeurée. Je devais dire que leur peur était attendrissante. Elles m'avaient invoqué. Elles devraient donc savoir que je ne punissais que les mâles de son espèce. Je me concentrais exclusivement sur elle, à présent. Je savais que je pouvais avoir une apparence perturbante avec mes yeux félins et luisant mais ce n'était cela qui avait l'attention de la rousse. C'était mon sourire, ou plutôt ce qu'il révélait. Mes dents acérées que j'avais volontairement laissées ressortir afin de lui enlever le moindre doute sur ma nature. Je n'étais pas humaine. J'étais bel et bien là pour la venger et j'allais y prendre plaisir. Ses mains tremblaient mais elle cherchait à combattre la terreur qui envahissait son esprit pour garder les idées claires. Cela était amusant de la sentir faire. Elle était courageuse, néanmoins. Je l'aimais bien. Elle avait un esprit vif et logique. Il n'y avait pas une once de méchanceté en cette femme. Elle était l'image que je m'étais faite de moi-même lorsque j'avais demandé à notre seigneur de faire de moi une humaine.

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