Un grognement involontaire sortie de ma gorge. Devant nous, se tenait l'ami de Dean, l'air légèrement apeuré. Je l'observais intensément alors qu'il faisait un pas en arrière, les mains en l'air.
- Ce n'est que moi. Je venais voir ce qui vous prenait autant de temps.
Je répondis par un silence lourd. Les yeux de l'humain se portèrent sur l'homme dans la voiture avant de revenir à moi.
- Dean doit y aller. Le transporteur commence à s'impatienter.
- Il attendra le temps qu'il faut, grondais-je avant d'entendre la portière du véhicule s'ouvrir puis se fermer derrière moi.
Dean me dépassa, exaspéré, en attrapant ma main et me tirer à sa suite.
- Allons-y.
Il nous fit passer la porte du hangar, à peine éclairer, jusqu'au milieu de la pièce, où nous attendaient une dizaine d'hommes, plus armés les uns que les autres. La porte se referma bruyamment après Petrov, qui nous rejoignit rapidement. Dean redressa le dos et carra les épaules face à deux hommes belliqueux. Son regard se durcit lorsqu'il se fixa sur eux. Il était passé en mode homme d'affaires.
- Bonsoir, monsieur Kutzenova, salua l'un des deux hommes face à nous en faisant un pas en avant tout en tendant la main vers Dean.
Je fis un pas en avant, le regard mauvais, l'obligeant à reculer. Les deux hommes se regardèrent, étonnés. Ils portèrent les regards sur moi, méfiant, puis revinrent sur Dean, l'air interrogateur. Cependant, celui-ci me fusillait du regard. Il ne prêtait pas attention aux deux hommes. Je lui rendis son regard. Il se détourna de moi et se concentra sur ces humains. Je m'écartais doucement du groupe afin de scanner la pièce des yeux. Malheureusement, les démons avaient bien nombre de talent pour se cacher. Même s'il leur était difficile de se cacher de moi, cela n'était pas impossible. Après tout, ils étaient démons par essence tout comme moi. Ils possédaient nombre de dons. Je devais me montrer méfiante en toutes choses.
Lorsque Lilith était venu à moi pour m'annoncer le mécontentement de certains, en enfer, et l'inaction de Lucifer pour contrer ces démons, j'en étais devenu paranoïaque. J'avais accueilli sa massive avec désinvolture, cette nuit-là, n'ayant pas encore conscience que l'humain s'était, visiblement, ancré en moi. Ce fut, seulement, le lendemain que j'avais constaté, avec horreur, la gravité de mon état. La suspicion me transformait en prédatrice. Usant de toute ma nature, je ne laissais rien m'échapper, que cela plaise à l'humain ou pas, car je savais, à présent. Je savais que c'était trop tard. Ces démons auraient voulu agir plus tôt, j'aurais été ravi de les laisser faire. Après tout, je n'en avais pas voulu de ce lien. Tout était différent, aujourd'hui. S'il venait à mourir avant son heure, le lien se couperait, de son côté, mais pas du mien. Je deviendrais aussi pitoyable que Hornium. Cela était impensable. De plus, je pouvais sentir cette chose invisible qui me rattachait à l'humain. Cela était étrangement délicieux, irrésistible et infiniment attirant. Depuis deux jours, je m'en nourrissais avec délectation, me forçant à en demander toujours plus. Ces jours passés à ses côtés avaient, invariablement, accentuer la progression de l'attachement que je lui portais. Mes yeux dérivèrent sur Dean, en pleine négociation, alors que je m'éloignais un peu plus du groupe. Était-ce une bonne idée ? je n'en savais rien. Cependant, je continuais à plonger dans l'obscurité du bâtiment. Agiraient-ils immédiatement, ignorant le danger qu'ils représenteraient pour les autres humains, tout à leur haine, s'ils voyaient que le chemin était dégagé pour accomplir leur dessein ? Nous le saurions tôt ou tard. Je m'enfonçais un peu plus dans la profondeur de la bâtisse jusqu'à arriver dos à une table précaire. Je pris appuie sur celle-ci et observais les humains jouer aux grands méchants, attendant de voir si leurs pires cauchemars débarquaient.
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Bright Darkness
RomanceQue pourrait-il se passer lorsque deux forces, l'une noire, l'autre obscure, se retrouvaient face à face ? Cela ferait-il assez d'étincelles pour que la lumière naisse ? Si cela n'était pas le cas, le monde y survivrait-il ? L'interrogation est de m...