Bright Darkness

Chapitre 23 : Zylhia

Ressentant sa peine, je regardais le corps de l'homme recroquevillé, les mains sur les oreilles alors que nous étions de retour dans son appartement. Mon action pouvait lui paraître cruelle et en un sens, cela était le cas, mais il devait comprendre que vivre dans le passé, sans jamais parvenir à le dépasser, l'empêcherait d'avancer. Cependant, à l'observer ainsi, la culpabilité m'assaillait. J'étais allé trop loin. Je m'en rendais compte. Avec un autre humain, néanmoins, ce sentiment aurait été inexistant. Je n'étais pas un ange.

C'est ma nature de tourmenter les âmes noires, tentais-je de me dédouaner de la souffrance de l'humain sans y parvenir.

Il retira ses mains de ses oreilles tout doucement, au bout de plusieurs minutes, sans ouvrir ls yeux. Quittant ma posture, je me penchais face à lui en soufflant, cherchant à expulser cet dérangeante émotion. Ses mains toujours positionner près de sa tête, j'empoignais ses poignets en les abaissaient.

- On est rentré, l'informais-je d'une voix la plus douce possible.

Il se laissa tomber en arrière et se réceptionna sur les fesses en détournant le regard. Cependant, je pus voir ses yeux embuer, qu'il cherchait vainement à me cacher. Cette foutue culpabilité m'étouffa, me poussant à me montrer compatissante envers l'humain. Je ne savais pas faire cela. Il se passa les deux mains sur le visage en soupirant. Il essayait de reprendre contenance. Le silence, assourdissant, hanta la grande pièce alors que nous ne bougions plus. Mes mains accrochées à ses poignets. Mes yeux scrutant chaque aspect de l'humain. La tête baissée de Dean. Les épaules tendues. Je lui laissais le temps nécessaire afin qu'il résiste aux émotions qui faisaient rage en lui. Cette femme avait tant d'importance pour lui. Elle représentait la lumière, là où il n'était que ténèbres, comme son père. Il l'aimait plus que tout et sa mort l'avait anéanti. Là était son plus grand traumatisme. Il en avait toujours voulu à son père pour cela. Il avait fini par traquer, des années plus tard, les hommes que son père n'avait pas réussi à retrouver, afin de les tuer lentement mais ce jour-là, le hantaient continuellement. Toujours en recherche de cet amour dans les yeux des femmes, il s'était plongé dans de nombreux draps avec cet espoir. La dévotion et l'amour que sa mère lui portait étaient puissant et impossible à trouver dans les yeux de femmes avides d'une vie confortable. Il avait eu tout faux. Il cherchait la vérité dans un monde fait d'apparence.

- Pourquoi as-tu fait ça ? finit-il par dire d'une voix monocorde.

- Il le fallait.

- Je ne pense pas. Tu aimes seulement me torturer, éleva-t-il légèrement la voix.

Je me redressais, m'éloignant de lui.

- Il n'y a pas que du faux dans tes paroles.

- Ne fait plus jamais ça, ordonna-t-il dans un souffle.

À sa souffrance, je n'avais plus rien de démoniaque. Seuls des sentiments fortement humains m'habitaient.

- Je t'ai expliqué la raison de cette vision, tentais-je de me défendre piteusement.

- Tu aurais pu procéder différemment, grogna-t-il.

Il avait raison. J'aurais pu mais j'avais perdu patience et voulus passer par le chemin le plus rapide. Cela avait marché. J'avais forcé Dean à faire face à ce qu'il reniait de toutes ses forces. Il releva, enfin, la tête pour me regarder de ses yeux tristes.

- Tu aimes me voir plus bas que terre, hein ?

Il avait tout faux. Le lien m'en empêchait. Il me contraignait à vouloir m'excuser mais je ne pouvais pas. Il était un humain. Un démon ne s'excuser pas face à eux. Ce n'était pas normal. Les sentiments qui m'assaillaient n'étaient pas normal. Je ne savais comment agir face à cela. On m'avait enseigné à détester le genre humain, car trop versatile, imbu d'eux-mêmes, égoïstes et, surtout, destiné à ce que beaucoup voulaient dans mon monde, le royaume du Divin. Y compris Lucifer, même s'il se refusait à l'avouer. Ma fascination pour leur monde ne changer en rien la doctrine dans laquelle ils m'avaient élevé. Pourtant, à cet instant, j'avais envie de me confondre en excuse pour le mal que j'avais engendré chez l'humain. Cela était si perturbant. Je me forçais alors à garder bouche close.