Chapitre 33: Dean

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Je jetais un coup d'œil au cadran pour la millième fois de la journée. Le travail ne m'intéressait pas aujourd'hui, comme les semaines précédentes. Depuis que Zylhia avait disparu, à nouveau. J'avais pu rencontrer Lilith de par cet état de fait. Celle-ci n'avait été aucunement rassurante quant à ses explications.

Zylhia s'était chargé de lui confier ma surveillance, seul recours pour elle de partir gérer le problème qu'était son père. En effet, Lilith m'avait affirmé que Lucifer était enragé et mettait à feu et à sang tout ce qui lui tombait sous la main, en enfer. D'après Lilith, seule Zylhia avait pouvoir de calmer celui-ci. J'étais pessimiste à ce sujet. Après tout, l'autre de Lucifer était Lilith, pas Zylhia. Je pensais que cela devait lui revenir à elle d'affronter le courroux de son compagnon. De toute évidence, ma démone était la seule à avoir ce pouvoir sur son père. Malgré tout, je craignais ce qui se passait. J'avais plus de connaissances, au contact de Zylhia, sur le fonctionnement des enfers. Les démons n'étaient pas des créatures viles, œuvrant seulement pour faire souffrir les humains. Cependant, je doutais que le caractère de leur seigneur soit bien différent qu'il était décrit partout dans le monde. Je l'imaginais autoritaire, imbu de sa personne, ne supportant pas d'être contredit. Cette description me rappelait mon propre père.

- Tu vois juste, humain, ricana Lilith, assise sur le fauteuil en bout de pièce.

- Il va lui faire du mal, certifiais-je comme étant un fait.

Elle hocha la tête.

- Nous avons eu cette discussion à plusieurs reprises, soupira-t-elle. Elle est solide. Elle peut le supporter.

- Comment pouvez-vous le tolérer ? m'énervais-je en me levant de mon siège.

Elle leva le regard de ses ongles.

- Parce qu'elle est solide, résistance. Il la fait souffrir, certes, mais elle peut encaisser les coups qui lui sont portés. Tu es tant persuadé qu'elle souffre à cause du lien. Tu peux sentir qu'elle doit supporter la douleur.

- Emmenez-moi là-bas. Elle n'a pas à subir tout ça à cause de moi.

Elle secoua la tête.

- Ce n'est pas possible. Elle doit en passer par là. Ainsi, elle prouve à son père qu'elle ne dérivera pas sur un autre chemin que celui qui la mènera à toi. Lucifer devra s'en faire une raison.

- Il la punie consciemment ? Je croyais qu'elle était son enfant préféré !

- Il n'a pas conscience de ce qu'il fait, affirma-t-elle.

Je ne savais pas si je pouvais la croire mais je me trouvais dans l'incapacité de l'aider. Alors, je me rasseyais lentement, les mains dans les cheveux. Savoir que Zylhia endurait la rage de son père m'enrageait. Je ne pouvais tolérer la souffrance qu'elle devait encaisser au nom de notre relation.

Je ne pouvais plus rester ici. Je me sentais pris d'un besoin d'activité. J'avais simplement besoin de bouger. Rester assis sur ce fauteuil me tuait.

Je me levais brusquement en refermant brutalement mon ordinateur portable.

- Enfin, se réjouissait Lilith. J'ai besoin d'actions.

Sans prendre part à son excessive joie, je sortis du bureau et entrais rapidement dans l'ascenseur sans un regard pour personne. J'entrais dans ma voiture, où m'attendait déjà la mère de ma démone.

Durant les heures suivantes, je roulais en occultant la présence énervante de la femme à mes côtés. Celle-ci s'amusait de la vitesse à laquelle je roulais alors que pour ma part, j'essayais d'oublier toute cette merde. Je fixais la route droite devant moi, dépassant les villes, les unes après les autres jusqu'à me décider à rentrer à l'appartement car Zylhia pourrait revenir à tout moment. Du moins, je l'espérais. Aussi, je fonçais, mangeant les kilomètres pour retrouver mon appartement. Ce qui m'y attendait serait qu'attente et pensées hantées mais j'en avais assez d'être sur la route, près de cette démone bien trop confiante qu'en a la sauvegarde de sa fille. Elle m'énervait avec son attitude sereine face à la situation. Je ne doutais pas que Zylhia était bien plus résistante que toutes les femmes que j'avais pu rencontrer, et immortelle, mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne pouvait pas ressentir la douleur et cela m'était intolérable.

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