Chapitre 26 : Dean

250 29 0
                                    


Je ne comprenais pas ce qui se passait. Cela était normal, en soi, lorsqu'on entretenait une relation avec un démon mais je pensais pouvoir lui faire confiance. Cependant, lorsqu'elle m'avait quitté, ce matin-là, trois semaines plus tôt, je pensais la retrouver plus tard dans la journée. Au lieu de cela, elle avait disparu de la circulation sans plus donné signe de vie. Je devais avouer qu'un manque presque étouffant me contraignait à tourner comme un lion en cage, jour et nuit, obnubiler par sa disparition. J'avais pu remarquer qu'elle voyait notre relation comme une contrainte mais après notre nuit, elle avait semblé plus prompte à la reddition. À son départ, j'avais été persuader la retrouver plus tard dans la journée mais le soleil s'était couché et elle demeurait introuvable. Depuis, chaque jour, j'attendais qu'elle revienne, comme un assoiffé en plein désert. Je me faisais presque honte. L'homme que j'avais été, jadis, n'existait plus. Ces semaines de tergiversions m'avait appris à quel point ma dépendance à la démone atteignait des proportions démesurées. Je détestais cela.

J'étais assis à mon bureau, consultaient les nouveaux contrats exigés par un nouveau, et riche, client qui voulait se lancer dans le business lorsque Petrov entra dans mon bureau sans taper à la porte. Il s'installa sur une chaise, face à moi en soupirant. Il était dix-huit heures. Il m'avait demandé à prendre sa soirée afin de passer un peu de temps avec sa femme. Aussi, je me questionnais sur sa présence.

- Tu n'étais pas censé rentrer pour faire grimper ta femme au rideau ? souriais-je malicieusement.

- Oui mais j'ai eu un petit souci à gérer avant.

Mon sourire retomba. Mes sourcils se froncèrent.

- Un souci ?

- Rien de grave. Ce n'est pas lié au boulot.

- Personnel ?

- Exact, confirma-t-il.

Je me détendis et l'observais. Ces derniers temps, je m'étais montré très exigeant auprès de tous mes collaborateurs, Petrov inclus. Peut-être un peu trop au vu des cernes violets sous les yeux de mon ami. Il était vrai qu'il était venu me réclamer sa soirée avec une certaine appréhension, le matin même. La disparition de Zylhia m'avait mis à cran et rendu plus mauvais que je l'étais habituellement. C'étaient mes employés qui en faisaient les frais.

Je savais que j'avais besoin qu'elle revienne pour retrouver le calme. Ce lien était réellement puissant. Du moins, suffisamment puissant pour influencer mon comportement à l'absence de la démone, ce qui empaquetait ma vie sociale et professionnelle.

- Si tout est réglé, tu devrais aller retrouver ta femme, Petrov.

Il leva un sourcil face au revirement de mon humeur. Rien n'avait changé, je me sentais toujours à cran mais je tentais de contrer mes nerfs, sachant que mon attitude n'était en rien productive. J'étais connu pour ma sévérité, mon manque de patience et ma main leste lorsque le canon d'un flingue prolongeait mon bras mais je savais me raisonner, également. Je ne pouvais faire payer ma dépendance à mes hommes. Ils vivaient pour garder ma confiance. Il me revenait d'être d'humeur égale avec eux. Encore plus avec Petrov. Il n'était pas qu'un employé.

Je suis le parrain de sa fille, merde ! essayais-je de me raisonner brutalement.

- Ouais. Je vais y aller.

Il se leva et ne tarda pas à ressortir, téléphone portable en main pour, certainement, prévenir Nina de son arrivée. Je me rencognais dans mon fauteuil en me passant les mains sur le visage. J'étais épuisé. J'avais besoin de sommeil. J'avais prévu, le soir même, de m'enfiler un somnifère en remplacement de l'alcool qui n'avait plus l'air de fonctionner pour me bénir d'un coma éthylique salvateur. Le manque de sommeil me rendait plus irritable que je l'étais par nature. La douleur dans ma poitrine, également. Une pression immonde et inconfortable qui m'accompagnait quotidiennement, à présent. Aussi fut exceptionnelle cette fameuse nuit, je me disais, souvent, qu'elle avait été une erreur car elle avait entraîné des conséquences invivables. J'aurais dû me douter que cela n'allait pas être le début d'une relation. La démone avait été claire depuis le début. Elle ne voulait pas d'un humain dans sa vie. Pourtant, j'y avais cru lorsque, le lendemain, elle s'était levée pour me nourrir et ne m'avait pas contré lorsque j'avais affirmé à Petrov qu'elle était ma femme. Cela aurait dû m'être suspect mais je ne m'étais pas posé de questions.

Bright DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant