J'ai rhabillé Alphonse et veillé sur lui jusqu'à ce qu'il s'endorme pour de bon. Il m'a assuré qu'il a installé une barrière dans le périmètre mais ça me fume de devoir le laisser tout seul pour aller récupérer l'autre abruti. C'est ok, me répète ma conscience. Je le couvre correctement et sonde les environs à la recherche de l'énergie de Demeros.
L'odeur me mène dans une clairière qui me rappelle fortement l'ambiance du lac de Santon, sauf qu'il n'y pas un énorme lac mais un petit ruisseau tout aussi charmant. Le ciel d'ici, n'étant pas perturbé par la pollution de l'air, il est facile de se déplacer grâce à la lumière des étoiles et de la lune.
Louis est assis au bord de l'eau, les jambes à l'intérieur. Il se tourne lorsqu'il m'entend marcher près de lui. Je retire mes chaussures et le rejoint.
— Tu es quand même un abruti, Demeros.
Ce dernier soupire.— Tu avais besoin d'eau.
— Tu aurais pu attendre qu'on se réveille !
— Alphonse avait l'air de dire que c'était urgent ! Et puis, je n'arrivais pas à dormir. Je me sens...mal à l'aise ici.
— Tu as failli te faire bouffer pour la pleine lune ! N'oublie pas que tu es vulnérable ici. Tu présenteras tes excuses auprès d'Alphonse demain.
Il me fusille du regard.
— Et puis quoi encore ? Tout ça, c'est sa faute !
— Tu n'avais pas à le frapper ! Même s'il s'est foiré sur le plan.
— Parce que c'était prévu que tu suces cet Ogre et que tu te fasse bouffer la vulve ?
Je plonge mes yeux dans les siens. Ca ne peut être que Demeros dans le fond de ces prunelles. Louis m'aurait taquiné, pas tapé une crise de jalousie.
— Vous mettiez trop de temps à venir ! je balbutie en rougissant.
— Tu avais quand même l'air de prendre ton pied, m'accuse-t-il.
— Et alors ? Ça fait longtemps que je n'ai rien fait. J'ai bien le droit de me faire plaisir de temps en temps. Je reste un démon, j'ai des besoins, Louis.
— C'est Demeros.
— Louis, Demeros, peu importe. Tu es bien placé pour comprendre que c'est vital. Depuis que nous avons couché ensemble, je n'ai rien fait ! Comprends que c'est difficile pour moi.
— Arrête de me prendre pour un idiot. Tu penses que je ne sais pas que tu te tapes Charly ?
— Je n'ai jamais couché avec lui ! Même quand on sortait ensemble !
Il semble se radoucir quelques secondes, avant de repartir dans ses sermons de plus belle:
— T'es en train de me dire que t'aurais couché avec moi et pas avec lui ? J'ai du mal à y croire.
— Moi aussi, je lâche spontanément.
Il fronce les sourcils.
— Ce que je veux dire c'est que j'ai toujours cru que Charly était mon obsession. Comme le saint graal. Pourtant nous ne sommes pas allés au-delà. Tandis que toi...peu importe les corps que tu empruntes, il m'est difficile de te résister. Même quand tu étais dans le corps d'Enzo. J'ai longtemps regretté mes décisions.
— Tes décisions ? Oh. Tu as envie de moi, là, maintenant, tout de suite ?
Il joue de ses sourcils et je tire la grimace avant de soupirer. Ca, c'est typique de Louis.
— Je tiens beaucoup trop à Louis comme un ami pour te sauter dessus.
— Ce n'est qu'une question de temps avant que je ne récupère mon corps, Arianne. Et que veux-tu dire par regretter tes décisions ? Qu'est-ce que tu regrettes ?
Son regard se fait plus insistant, et je sais que Demeros vient de reprendre le contrôle de la conversation.
— Toi, Charly, tout. Si je t'avais écouté quand tu me l'as demandé...peut-être que tu ne serais pas mort ce soir là.
Il pousse un soupir d'exaspération.
— Je serais mort à un moment donné. Et ça ne change rien de toute façon. C'est de moi que tu es amoureuse, pas de Enzo, ni de Noah, ni de Louis. De moi.
— Je ne suis pas amoureuse de toi.
— Ce n'est pas ce que tu viens d'insinuer. Regarde, tu regrettes déjà les relations qu'on n'a pu aboutir, et tu regrettes même que je sois dans le corps de ton meilleur ami. Que crois-tu qu'il se serait passé si j'avais emprunté le corps d'un autre ? Tu serais tombé dans mes bras à nouveau. Tu le sais très bien Arianne. Si on en est là aujourd'hui, c'est bien parce que nous sommes reliés. Nous devons accomplir quelque chose ensemble.
Je me mords la lèvre. Qu'est-ce qu'il se serait passé ? J'aurai sûrement encore dérapé, et me serais posé quinze-mille questions. Si ce genre de relation mérite d'être vécu. Si Demeros méritait vraiment que je l'aime lui, plutôt que Charly.
Il me sert un regard qui me force à avouer l'inévitable.
— Probablement.
Une étincelle passe dans son regard brun et il se lève soudainement.
— Très bien, marché conclu ! Dès que nous retournerons sur Terre, tu seras ma femelle !
— Ta femelle ? je reponds sur un ton d'avertissement en plissant les yeux.
Son visage devient plus sérieux et son regard plus intense.
— Par contre, qu'on soit bien clair. Je ne veux plus que tu t'envoie en l'air avec qui que ce soit d'autres.
— Mais tu es dans ce corps...et j'ai besoin d'énergie pour combattre plus aisément.
— Je m'en fiche. Alphonse peut très bien s'occuper de leur cas. Tu es censé être le plan de secours si tout dégénère, et on va s'y tenir.
— C'est difficile de surveiller un énergumène comme toi, je te rappelle. Tu devrais vraiment t'excuser. Alphonse fait tout pour te sauver depuis que tu es la Diamond School. Il ne mérite pas ta colère et encore moins tes coups.
Il serre la mâchoire.
— C'est pour ça que j'ai horreur d'être redevable à qui que ce soit. Ma foi, j'irai m'excuser. Mais à une condition...tu me laisses dormir avec toi ce soir.
Son entêtement me fait sourire.Si la vie avait été si simple, j'aurais choisi Demeros depuis longtemps. Mais comme ce n'est pas le cas...
—Certainement pas ! On sait très bien tous les deux que tu n'es pas capable de garder les mains dans tes poches. Alors, écrases. Tu t'excuseras parce que tu dois le faire. Arrête ton chantage !
— Comment ça je ne sais pas garder mes mains dans mes poches ? Ma bite, oui, mais mes mains, je m'en sors plutôt bien.
— Eh bien garde ta bite au chaud, si tu ne veux pas que je te la coupe !
Nous nous lançons un regard mauvais, Demeros décroche en premier en gloussant. Je me retiens de sourire.
— Ça ne te rappelle rien ?
Je regarde devant nous. Le clair de lune est doux, l'eau est fraîche mais agréable, et nous sommes tous les deux.
— Notre premier rendez-vous, je réponds, une boule dans la gorge.
— J'ai hâte de quitter ce corps pour t'y ramener. Et cette fois, j'irai me baigner avec toi.
Je sens son regard sur moi. Je me contente d'hocher la tête accompagné d'un "hmm" à peine inaudible. Si je le regarde maintenant, je risque de craquer.
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BINABASA MO ANG
DIAMOND SCHOOL TOME 3
FantasyArianne et ses compagnons ont atterri à Velanium pour récupérer le corps de Demeros et refermer pour de bon le portail entre les deux mondes. Mais le monde a bien changé et aucun ne sait ce qui l'attends à la fin de ce voyage. Surtout quand les pi...