DIAMOND SCHOOL TOME 3

CHAPITRE 58

— Mist ! Viens voir !

Emelia est penchée au-dessus de la fontaine.

— Regarde ! m'ordonne-t-elle en pointant du doigt la surface de l'eau.

Etant un peu plus petite qu'elle malgré que nous soyons jumelle, je me mets sur la pointe des pieds. Un joli poisson doré fait des tours sur lui-même, de temps en temps il remonte à la surface, comme s'il voulait s'amuser avec nous.

— Tu veux bien me faire la courte échelle ? me demande-t-elle. J'ai envie de le toucher !

— Mais je suis plus petite que toi, Emelia.

— Alors je te porte en premier, et ensuite c'est à mon tour. Ça ne durera que quelques secondes !

Je soupire mais prend quand même appuie sur ses mains.Elle pousse et je me sens tout de suite plus grande. J'aperçois le poisson et essaie de le caresser. Il me fuit. Zut ! Je me penche pour essayer de le suivre mais je perds l'équilibre et plonge la tête la première dans l'eau. Je tente de remonter à la surface, mais mes vêtements sont trop lourds. De toute façon, je suis trop petite pour savoir nager. J'entends ma sœur pleurer et crier à l'aide. Je commence à manquer d'air. Alors que je suis sur le point de perdre connaissance, je suis tirée hors du bassin. Margaret m'attire dans ses bras et me couvre avec un drap qu'elle a fait apparaître grâce à ses super pouvoirs.

— Qui a eu cette idée saugrenue ? gronde-t-elle en nous regardant tour à tour, tout en prenant le chemin du château.

— Les poissons étaient beaux, se défend Emelia, sachant très bien qu'elle sera punie peu importe sa réponse.

— Ça ne répond pas à ma question Emelia, mais je crois déjà connaître la réponse. Allons sécher ta sœur, puis on en discutera.

Margaret ne discute pas beaucoup en réalité. Emelia a eu droit a une bonne fessée avant d'être expédiée in extremis dans le lit à côté du mien. Margaret nous incite a faire la sieste parce que nous sommes encore trop petite pour la louper. Pourtant, ils n'arrêtent pas de dire qu'on est en avance sur notre page. Dès que Margaret est suffisamment loin, Emelia allume la bougie, éclairant son visage inondé de larmes et rouge de colère.

— Pourquoi c'est toujours moi qui est puni ? proteste-t-elle la voix encore tremblante.

— Parce que c'est toi qui a toujours l'idée de ses bêtises.

— Mais on est deux à les faire.

— C'est toi qui me force toujours !

— Parce qu'on est sœur, on doit se soutenir, gémit-elle en tombant dans une nouvelle crise de larmes.

Je soupire et rabat ma couette sur mes chevilles. Je grimpe sur son lit et me glisse à côté d'elle. Je lui tapote le dos pendant qu'elle imbibe ma chemise de nuit avec ses larmes de crocodiles.

On s'endort comme ça. Margaret viendra nous réveiller deux heures plus tard, et Emelia s'excusera d'avoir eu cette mauvaise idée.

                                                               ***

— Mist !

Je ne me lasserais jamais de sa voix. Je suis plus petite qu'elle mais elle me fait souvent passer pour la plus âgée de nous deux. On a demandé qui était né en première à Maman, mais elle n'a pas su nous le dire.

Emelia s'avança vers moi en courant. Papa est revenu de la guerre hier. Il faisait une pause de quelques jours avec ses troupes avant de repartir. Nous suivions un entraînement magique avec Margaret depuis dix ans déjà. J'avais envie de faire la guerre avec Papa, mais lui ne l'entendait pas de cette oreille et Emelia préférait batifoler dans les prés avec le fils du charpentier. Avant lui, c'était le fils du forgeron. Pourtant, Papa nous avait déjà présenté de nombreux gardes et princes à son service. Mais aucun ne semblait lui plaire. Ni à moi d'ailleurs. Ce sont tous des trouillards.