CHAPITRE 33

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J'ai fermé les yeux de longues heures avant d'être réveillé par les caresses de Demeros sur mon visage. J'ouvre un œil. Ses yeux sont rivés devant lui, mais ses mains continuent de me caresser machinalement, comme pour m'apaiser. Il n'avait jamais fait ça avant. Ni dans le corps d'Enzo, ni dans celui de Noah et encore moins dans celui de Louis. Il doit se sentir vraiment libéré. Comme s'il avait senti le poid de mon regard sur lui, il baisse la tête pour m'offrir un large sourire. Sa ressemblance avec Kros est troublante, mais la douceur de ses gestes et la teinte plus claire de ses cheveux me calment instantanément. Ils n'ont rien à voir, malgré leur appartenance à la même lignée.

— Tu avais l'air d'avoir un sommeil agité.

— Je ne me souviens pas avoir fait de cauchemar pourtant, je le contredis en m'asseyant dans la barque.

Il me fait un clin d'œil. Il a menti.

Je lève les yeux au ciel et observe le paysage qui s'étale devant nous. Nous avons quitté les souterrains et la capitale de Velanium, aucun sbires de Kros n'a tenté de nous arrêter, si toutefois certains sont encore vivants.

— Nous devrions bientôt arriver en mer, nous informe Hermès, accablée.

— C'est censé être une bonne nouvelle, non ?

— Tara et Alphonse n'ont presque plus d'énergie. Nous risquons de prendre du retard avec ce vulgaire bateau de fortune, se lamente-t-elle.

Les deux sorciers ressemblent à deux zombies complètement amorphes. Je les secoue pour les réveiller de leur transe. Alphonse s 'écroule dans mes bras et Tara est rattrapée de justesse par Diego.

—  Rectification, ils n'en ont plus, intervient Diego, désemparé.

— Je pourrais peut-être leur en fournir ? je propose.

— Au cas où tu ne l 'aurais pas remarqué, on est déjà bien serré. On a pas l'espace pour faire des galipettes salvatrices, me rappelle Hermès.

— Je ne comptais pas coucher avec eux...

— On a déjà deux coéquipiers complètement amorphe, Arianne, me rappelle Charly. Tu ne meurs peut-être pas lorsque un Incube s'en prend à toi, mais ça ne veut pas dire que tu peux tenir le coup si tu transmets ton énergie vitale à tout bout de champ. On ne sait pas encore si on est sorti de l'auberge. Le chemin est encore long avant de retourner dans le désert et la pleine lune ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. Demeros est sauvé, mais ce n'est pas encore le cas de la Terre. On a tout laissé en plan pour venir vous retrouver, on ne sait même pas ce qui nous attend de l'autre côté.

— Alors qu'est ce que vous voulez que je fasse ? Qu'est-ce qu'on peut faire ?

— Les Sirènes...murmure douloureusement Alphonse.

Les Sirènes ? Mais oui !

J'échange de place avec Tara et Alphonse. Je place ma main en visière. Bien on est plus très loin de la mer.

— Il faudrait qu'on essaye au moins de ramer jusqu'à la mer, et de là, on aura plus qu'à demander de l'aide à ma famille.

— Bonne idée, dit Hermès. Mais n'oublie pas que nous n'avons que des mains dans cette embarcation en guise de pagaie. Mes grosses pattes seraient inutiles, si ce n'est rajouter du poid au bateau.

— J'ai peut-être une autre solution.

Nous nous tournons vers Charly. En un éclair, ses longues griffes se déploient et il plonge la main dans l'eau. Il remue le bras de plus en plus vite, s'en servant comme d'une hélice et la coque ne tarde pas à prendre de l'allure.

DIAMOND SCHOOL TOME 3Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon