Nous tremblons de tous nos membres. Les éléments qui nous entourent s'affolent de seconde en seconde. Des bourrasques de vent font claquer mes cheveux sur mon visage et la température refroidit si vite que je manque l'asphyxie. Je lutte pour rester accrochée à Alphonse mais si ça continue ainsi, nous risquons d'être séparés pour de bon.
— Arianne, tiens toi mieux que ça ! m'ordonne ce dernier.
— Je fais ce que je peux ! Le vent est trop puissant et il fait si froid !
— Je sais !
J'allais répondre qu'il faut trouver une solution avant de finir comme des glaçons, mais ma voix se bloque dans ma gorge. Même parler devient douloureux.
— Est-ce qu'on en a encore pour longtemps ? geint Louis.
— Je ne pense pas. Regardez.
Avec un certain effort, j'ouvre les yeux. Le paysage s'éclaircit devant nous et une lumière blanche jaillit au loin, de plus en plus forte.
— Je pense que c'est le bout du portail, affirme le sorcier sans cesser de grelotter. Marchons !
Motivés par l'espoir d'atteindre notre but sain et sauf, nous avançons en marche rapide vers ce point lumineux. Plus nous nous approchons, plus nos membres se détendent. Quel soulagement de sentir la température se radoucir. Je raffermis ma prise sur le bras d'Alphonse et prends une grande inspiration. Bientôt, la lumière finit par nous engloutir, provoquant notre cécité durant un bref instant.
Lorsque nous rouvrons les yeux, nous ne sommes plus dans le portail de la mort (oui, je pense l'appeler comme ça à l'avenir). Plus de Diamond School, plus de Terre, plus de ... Des oiseaux s'envolent près de nous, me faisant sursauter. J'essaie de reconnaître l'espèce, mais je suis quasi sûre qu'elle ne fait pas partie de notre encyclopédie animale.
— Et merde, jure Louis.
Je lâche Alphonse qui en fait autant avec son voisin et nous le regardons d'un drôle d'air.
— Quoi ?
— Un, il n'y a plus de portail.
Je me tourne. Effectivement, plus aucune trace du portail. Et merde, comme dirait Louis.
— De deux, on est ...vraiment loin, ajoute-t-il.
— Vraiment loin de quoi ? j'insiste.
— De tout. Regarde ce qu'on a devant nous !
Je lève le nez. Une étendue de terre asséchée à perte de vue et pas un seul arbre viable à des kilomètres à la ronde. On est dans un putain de désert. Re-merde.
— Il n'y a pas âme qui vive ici. Si au moins on avait un cours d'eau, on pourrait faire appel aux Sirènes, comme James nous l'avait suggéré.
Je renifle l'air. Il dit vrai. Je ne perçois aucun point d'eau dans le coin.
— Si c'était aussi facile, on aurait récupéré ton corps depuis longtemps, s'exclame Alphonse.
— Tu sais où on est, Louis...Euh, Demeros ? Merde, je ne sais même plus.
— C'est Demeros mon prénom, ma belle. Pas Louis.
— Tant qu'on ne saura pas qui lui a jeté la malédiction, il vaut mieux garder sa véritable identité secrète, contredit notre ami le sorcier.
Louis soupire.
— Ça me fait chier, mais tu as bien raison. Ça serait bête de retourner à la case départ. Si je meurs, je ne sais même pas où mon âme s'en irait. Et si elle retournait dans mon corps originel ? lance-t-il avec une lueur d'excitation dans le regard.
Je fusille de mes yeux l'usurpateur.
— Ne t'avises même pas de mourir ! On repartira avec Louis et toi, ou rien du tout.
— Oh ? Donc tu préfères ton ami à moi ?
Je me mords la lèvre. Si je devais choisir, qui ramenerais-je vivant d'ici ?
— Ce n'est pas le moment de se disputer, nous interrompt Alphonse. Louis, est-ce que tu sais où nous nous trouvons ? J'ai étudié longuement les cartes avant de partir, mais je n'arrive pas à nous situer.
— Parce que les cartes sont beaucoup trop vieilles, des siècles se sont écoulés depuis. Peu importe où nous nous trouvons, de toute façon, nous n'avons même pas d'objectif. Nous savons simplement que mon corps est retenu dans un lieu froid, humide, et à proximité de pierres. Ca laisse une infinie de possibilités.
— Suivons les oiseaux, je propose. S'ils viennent jusqu'ici, c'est qu'il doit y avoir un oasis ou un village près d'ici.
— Ces oiseaux-là peuvent faire des centaines de kilomètres en une journée...nous apprend Louis, las et se demandant très certainement ce qui nous a pris de nous rendre ici sur un coup de tête.
— Nous n'avons pas le choix de toute façon. Le soleil tape fort, alors gardons nos vêtements pour nous protéger la peau. Nous avons chacun une gourde, il faut l'utiliser intelligemment, suggère le sorcier.
— T'aurais pas un sort pour nous faire gagner du temps ?
— J'en ai bien un, mais nous ne savons pas ce qui nous attend, je préfère garder mes forces en cas de danger.
— Eh, c'est moi l'humain fragile dans l'histoire !
— Avance, au lieu de te plaindre ! je le dispute en lui fichant une tarte à l'arrière du crâne.
J'enfile ma capuche et me dirige dans la direction qu'on emprunté les oiseaux plus tôt, Alphonse sur mes pas.
— Eh ! Mais attendez-moi !
Je lève les yeux aux ciels en entendant Louis geindre derrière nous.
Je sens que ce voyage ne sera pas de tout repos.

BINABASA MO ANG
DIAMOND SCHOOL TOME 3
FantasyArianne et ses compagnons ont atterri à Velanium pour récupérer le corps de Demeros et refermer pour de bon le portail entre les deux mondes. Mais le monde a bien changé et aucun ne sait ce qui l'attends à la fin de ce voyage. Surtout quand les pi...