DIAMOND SCHOOL TOME 3

CHAPITRE 57

Ilyan et Charly m'avaient formellement interdit de ne pas prendre part aux escapades de réapprovisionnement. Mon visage étant désormais ancré dans les pensées de toute la planète, ils ne mettraient pas longtemps à me découvrir et à s'en prendre à moi.

C'est pour cette raison que je me suis retrouvée à l'arrière du van, dans le coffre, qui je dois le dire, est plutôt spacieux. Je refuse de rester cachée. Si je dois être attrapée un jour ou l'autre, je préfère que ce soit au milieu de la rue, plutôt que dans la demeure d'Ilyan. Je ne veux pas mettre en danger sa famille, ni même ceux que j'aime sous prétexte que je suis la clé de la paix dans ce monde. Le prix serait bien trop grand à payer, aussi patriotique soient Ilyan et les autres démons.

Charly n'a pas mis longtemps à se rendre compte de ma présence, mais il a fait comme si de rien n'était, s'est garé dans une rue commerçante et à verouiller la voiture sous mon nez après que tout le monde sois sorti. Il m'a servi un regard menaçant et j'ai compris que j'avais plutôt intêret à rester enfermée à l'intérieur jusqu'à ce qu'ils reviennent. J'avais pourtant prévu le coup ! Une capuche pour les cheveux, un foulard pour le visage, et des lunettes pour les yeux. Bon, peut-être que ce n'était finalement pas une très bonne idée. Je ressemble à une célébrité qui sort de l'avion pour traverser l'aéroport sous des hordes de fans. Sauf qu'il n'y a pas de fans. Il n'y a que des monstres, et ceux qui veulent sauver leur peau en me dénonçant. Soit les autres monstres.

Ça fait près de vingt minutes qu'ils sont partis et je me fais terriblement chier. Les rues sont calmes. Pourtant nous sommes en plein centre-ville d'une ville pas si petite que ça. Il n'y aucun cadavre sur le sol. Soit les démons ne laissent aucun reste, soit il y a encore des survivants pour faire le ménage dans les rues.

M'assurant que la voiture est toujours verrouillée, je m'allonge sur la banquette arrière et entreprends de piquer un gros somme. Je ne met pas plus de trente secondes à partir.

Des hurlements me réveil en sursaut, lorsque j'ouvre les yeux, une femme se jette sur la portière en essayant de l'ouvrir, en vain. Elle frappe au carreau en regardant avec effroie derrière elle. Son t-shirt est flingué, révélant la moitié d'un sein, et son visage est en sang.

"Ouvrez-moi, je vous en prie !" hurle-t-elle avec désespoir.

Je me dépêche de me glisser vers l'avant pour retirer la sécurité lorsque je l'entend s'égosiller bruyamment. Je déverrouille quand même et retourne à ma place. A travers la fenêtre, la femme est à terre, coincée sous un démon à tête de taureau. Encore un métamorphe. Il baisse son pantalon et arrache celui de la pauvre femme. Sans réflechir, je sors de l'habitacle pour lui venir en aide. Il n' y aura pas d'autres victimes, et encore moins sous mes yeux.

Je saute sur la bête, espérant la déséquilibrer, mais tout ce que j'arrive a faire, c'est de me rétamer sur le côté —  et à perdre mes lunettes de soleil en chemin. Mon regard entre en contact avec celui terrorisé de la pauvre femme. Le taureau tourne brièvement la tête vers moi.

— Laisse-moi tranquille, démone. Je n'ai pas touché à une humaine depuis des centaines d'années. Si tu me trouves si charmant, je m'occuperai de toi juste après.

Ses paroles me débectent mais je ne lâche pas l'affaire. Je tente de lancer mon énergie sur lui, mais rien ne se passe comme prévu et ça ne l'arrête pas. Il est à deux doigts de la pénétrer. C'est bien ce que je me disais, mes pouvoirs se manifestent quand ils en ont envie.

— Kros a dit de ne pas s'en prendre aux humains avant ce soir. Si tu la touche je me chargerai personnellement de toi, ou je laisserai Kros s'occuper de ton cas, comme tu préfères, je le menace.

Il se fige aussitôt, avant de se détourner de sa victime et de m'attrapper le poignet.

— Tu veux la remplacer peut-être ?