DIAMOND SCHOOL TOME 3

CHAPITRE 32

Je suis la sphère des yeux. Elle irradie et flotte tout autour de Demeros sans jamais l'atteindre.

— Elle le cherche...en déduit Louis.

— Peut-être que la malédiction n'est pas rompu. Elle ne sait juste plus comment incorporer son corps initial.

Comme guidée par l'instinct, je m'approche vers cette dernière.

— Arianne ! m'interrompt Louis en m'attrapant le poignet. Imagine qu'elle prenne possession de ton corps ?

— Je suis une prêtresse et je possède déjà l'âme de Mist en moi. Ce n'est pas possible. Toi en revanche, éloigne-toi.

Il recule de quelques pas. Je ne sais pas ce qui s'est passé lorsque lui et Demeros ont partagé le même corps, mais il n'est visiblement pas près à réitérer l'expérience.

Sans perdre une seconde de plus, étant donné que nous risquons d'être vite interrompu si nous nous éternisons, je saisis délicatement la sphère entre mes doigts. Elle est aussi chaude que le corps de Demeros n'est froid. La chaleur s'empare de mon corps comme si on m'étreignait avec amour et mon poul s'accélère.

— C'est tout chaud.

— Je sais.

— C'est ça que tu as ressenti ?

Il hoche la tête.

Doom,doom. Doom, doom. Quelle douce mélodie.

Je positionne la sphère juste au-dessus du corps de Demeros. Comme si elle hésitait, elle finit par s'insérer à travers sa peau et à disparaître complètement. De longues secondes passent, et toujours rien. Mais pourquoi ?

— Embrasse-le.

— Je l'ai déjà fait et ça n'a pas marché !

— Je sais, mais cette fois c'est différent. Essaye !

Je prends une grande inspiration et embrasse les lèvres de l'Incube. Elles sont froides, mais moins que quelques minutes plus tôt. Il y a de l'espoir ! J'invoque ainsi la force que Mist m'a octroyée se servant de mon corps. J'y ajoute l'amour naissant et grandissant que j'éprouve pour Demeros. Et enfin, un peu de ma force vitale, auquel Charly à fortement contribué. Sans m'en rendre compte, j'ai posé mes mains sur son torse nu. Son corps cadavérique se réchauffe et mes mains s'enfoncent dans ses pectoraux. L'odeur de la mort laisse place à une agréable odeur de forêt en été. J'ai juste le temps de m'écarter avant que Demeros ne se redresse subitement en prenant une grande inspiration. Le choc le fait haleter et il se met à regarder tout autour de lui comme un animal apeuré. Ses yeux ambrés finissent par se poser sur moi, puis sur Louis, et de nouveau sur moi. Je lui souris avec toute la sincérité que je peux exprimer sur mon visage.

— On a réussi ? s'extasie-t-il une fois son souffle revenu un peu plus normal.

— Arianne a fait le plus gros du travail, avoue Louis.

Il me rend mon sourire et j'ai vraiment envie de lui sauter dans les bras. Nous n'avons pas le temps. J'attrappe la couverture thermique que Louis avait préparé pendant ma mission sauvetage, et recouvre Demeros avec une fois qu'il a enjambé le tombeau. Il perd l'équilibre et je le rattrape de justesse.

— Vas-y doucement, je lui dis.

— Je sais que c'est difficile mais il va falloir accélérer le pas, sinon on aura fait tout ça pour rien.

j'aperçois au loin des bruits de pas précipités. Nous avons des gens à nos trousses.

J'interroge Demeros du regard.

— Ne t'inquiètes par pour moi, tu m'as donné suffisamment d'énergie pour que j'arrive au moins à trottiner.

— Parfait.

Toujours en appuie sur mes épaules, nous nous dirigeons vers la sortie au plus vite. Nous suivons le chemin que Demeros nous avait indiqué sur une carte pour fuir par les souterrains. Au bout de la galerie, nous sommes accueillis par les sourires chaleureux de nos compères. Ils ont déjà détaché les barques qui nous permettront de quitter le château par la rivière et rejoindre le portail par la mer.

— Vous en avez mis du temps, lance Diego, non sans cacher l'émotion dans ses yeux.

— J'avais un peu de mal à me réveiller il faut dire. Heureusement qu'Arianne est douée pour les baiser, plaisante Demeros.

— C'est le cas de le dire....avoue le vampire avec fierté.

Tout le monde éclate de rire, sauf Charly. Avant qu'il ne tourne la tête, j'aperçois cependant un semblant de sourire.

Tara tend la main à Louis et je sens un courant électrique passé entre les deux lorsque ce dernier la saisit. Maladroitement, j'aide Demeros à prendre place à côté d'Hermès. A peine s'est-il assis dans l'embarcation que des hurlements retentissent. Des hommes armés jusqu'aux dents viennent de pénétrer sur le petit îlot.

— Arianne, dépêche toi ! m'ordonne Charly en me tendant ses bras.

Alors qu'Alphonse et Tara s'empressent de faire bouger les bâteaux à l'aide de leur magie, je saute à mon tour, en croisant les doigts pour ne pas nous faire chavirer. Charly m'attrappe dans les airs ce qui permet d'amortir mon poids. Yes !

Néanmoins nous ne sommes pas sortis d'affaire, car malgré la puissante magie de nos amis, nous ne pouvons rien contre les flèches que les soldats pointent sur nous. En espérant que le temps ne joue pas contre la montre, je concentre mon énergie et la balance de plein fouet sur nos poursuivants. Ils viennent s'écraser contre les murs et tombent inertes sur le sol, créant un amas de corps et de sang.

— Tu es vraiment puissante...murmure Louis.

J'allais me retourner pour le remercier, lorsqu'un point rouge dans ma ligne de mire retient toute mon attention. Je tire sur Charly, l'entrainant dans la barque avec moi lorsqu'un projectile frappe l'air au-dessus de nous. C'était moins une. La proximité de nos deux corps ne me ravive rien en moi cette fois-ci, car je suis bien trop concentrée sur la nouvelle intervenante. Ma sœur.

— Elle est en train de balancer les cadavres sur nous ! hurle Tara.

A peine le temps de dire ouf qu'un autre soldat tombe juste à côté de nous dans l'eau. Il remonte vite à la surface et si on attend ainsi, il y en a bien un ou deux qui viendront s'écraser sur nous ou nous bloquer le passage.

Je la fusille du regard tandis qu'elle me sourit avant de balancer un énième cadavre dans l'eau.

— Laisse nous partir !

— Pourquoi je ferai ça ? Kros te veux vivante. Moi non. Mais en aucun cas il est question de te laisser partir, surtout après le carnage que tes amis et toi avez fait.

— Parce que je suis ta sœur !

— Et alors ? Depuis que tu t'es amouraché de cette sirène tu n'as plus été la même. Kros lui au moins ne recule devant rien.

— Et ça te plait d'être au service d'un violeur assassin ? Es-tu tombé aussi bas que ça ?

Le cadavre qu'elle vient de faire léviter retombe sur le sol. Elle ouvre et ferme la bouche, déstabilisée.

— Il n'est pas si mauvais que ça...Il....

— Viens avec nous.

Je lui tends la main et elle fronce les sourcils en l'observant comme si c'était une chose étrange.

— Arianne, on va bientôt passer par la tunelle, baisse-toi, me préviens Demeros.

— Mais on ne peut pas laisser Emelia toute seule !

— T'as perdu la tête ? Elle s'est vendue à Kros ! Elle veut te tuer !

Demeros tire sur mon bras juste avant de passer sous la voûte rocheuse. Je lance un dernier regard vers ma sœur, qui nous observe longuement avant de s'accroupir sur le sol, l'air troublée et triste.

C'est la dernière image que je vois d'elle avant que nous ne soyons totalement engouffrés dans le souterrain.