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L'hiver avait laissé place au printemps ; les rues saupoudrées de coton blanc, le froid ambiant et les batailles de boules de neige ; du vert, du vert et encore du vert, les animaux de retour, les fleurs qui s'épanouissaient sous le timide soleil. Des palettes de couleurs très diversifiées, complexes et explosives. Les gens se pressaient sous les cerisiers pour des pique-nique et de longues balades printanières.

Kenza attendait sous un arbre, adossée et paniquée à la simple idée que Kōta ne puisse pas venir. Il fallait dire qu'il devait y avoir beaucoup de monde sur la route et dans les rues.

Les mains serrées sur son téléphone, Kenza fit un bond de dix mètres quand son amie arriva par surprise.

- Hey, la salua-t-elle. OH !

Kōta frappa dans ses mains et ébouriffa les cheveux de Kenza comme elle aimait bien le faire de temps en temps.

- Les cheveux courts te vont bien.

Kenza avait coupé sa tignasse la veille. Elle en avait plutôt marre de devoir les démêler chaque jour. Une solution radicale.

- Merci...

- Mmh, ce parc m'a l'air bondé. Ça te dit qu'on aille ailleurs ? J'ai repéré une boutique géniale vers... euh, j'ai oublié. Mais je sais comment y aller !

L'expression sur le regard de l'autre fut un mélange de désespoir et de suspicion. Elle était sûre qu'elles finiraient par se perdre, mais c'était toujours mieux que ne rien faire. Ce fut en haussant les épaules qu'elle accepta de suivre Kōta qui, confiante, ouvrit la marche. La brise fraîche sortant de l'hiver mais pourtant prête à s'adoucir au besoin de saisons plus chaudes fit voler leurs mèches se frappant les unes contre les autres sur leurs visages, les deux jeunes filles s'enfonçaient dans des rues débouchant sur des ruelles, elles-mêmes déversant leur sol bitumé dans de plus grandes allées et avenues. La ville était à la fois organisée et biscornu, un mélange de logique et de créativité que seule la main de l'Homme pouvait concevoir. Elles discutaient de tout et rien durant leur trajet, leurs dialogues dérivant sur d'autres à l'aide de simples mots clés. Elles pouvaient bien parler de cinéma, et la minute d'après débattre sur l'alliance des couleurs et quel mariage était le plus beau.

Et alors que le temps passait, Kenza se surprit à respirer. L'air entrait dans ses poumons, y faisait son petit cheminement, puis ressortait, et ce dans un cycle régulier et inconscient. Pourtant, elle le sentait. Elle sentait son corps fonctionner, et chaque inspiration suivie d'une expiration. Elle respirait; et ça lui faisait du bien.

Quelques minutes de marche, et les deux étaient arrivées dans une rue commerçante. Le week-end ayant été prononcé, nombreux étaient les gens faisant vivre la ville réveillée comme la nature, doucement mais sûrement. Il y avait les familles, profitant de leur temps libre pour créer des souvenirs entre parents et enfants. Il y avait les amis, se retrouvant dans ces journées sans cours pour oublier leur avenir et vivre le présent. Il y avait les amours, ceux s'étant renouvelés comme le bourgeon prêt à éclore et dévoiler ses couleurs. Et il y avait Kenza et Kōta, qui cherchaient à retrouver la boutique dont parlait la brune. Ce fut au milieu du passage que celle connaissant le chemin reconnut le nom « Soyokaze » que portait la boutique. Elle se tourna alors fièrement vers celle aux cheveux roses, sourire collé aux lèvres.

- Je t'avais dit que je savais comment y aller !

- Oh mais je n'ai jamais douté de toi. Répondit-elle de manière exagérée.

- Menteuse ! Tu ne me faisais pas confiance, avoue.

- Moi ? Ne pas te croire ? Jamais. Je te fais aussi confiance qu'un poulet dans un KFC.

𝐛𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐝𝐫𝐚𝐠𝐨𝐧𝐬 | ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ 𝐭𝐫 🤍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant