Chapitre 27

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[2007]

Kenza gardait les yeux rivés vers la télévision, zappant les chaînes, s'abîmant les yeux. Ces derniers la tiraillaient affreusement au sommeil. Elle ne voulait pas s'endormir. Elle ne devait pas s'endormir. Si elle s'endormait, ce serait horrible. Combien c'était dur après trois heures du matin à rester éveiller. Et surtout, ne rien faire. Même sa quatrième tasse de café ne lui faisait rien. Des migraines la lancinaient ; le paracétamol grouillait dans ses veines et ne parvenait qu'à atténuer ces douleurs parasites et brûlantes.

Elle ferma ses paupières lourdes tirées par des ancres.

Cette sensation, certes plaisante pour ceux qui étaient fatigués, angoissa immédiatement Kenza et elle paniqua, ouvrant ses yeux d'un coup, le souffle saccadé.

Kenza fit un bond du canapé, constatant que sa quatrième tasse de café n'était plus là. En fait, elle n'était même pas sur la table. Pourtant, Kenza ne se souvenait pas de l'avoir déplacée ni finie. Kenza se tourna à peine qu'une silhouette sombre se tenait non loin d'elle. Une silhouette très familière.

- Kenza...

La jeune fille ne voyait pas son visage et eut un mouvement de recul, le cœur battant à toute vitesse et une répulsion grandissante en elle.

- Pourquoi tu ne m'aides pas ? ça fait mal...

Des points noirs pullulaient sur cette peau pâle, y laissant des piqûres rougeâtres, urticantes. Des araignées. Des centaines, peut-être des milliers, qui recouvraient Shinichiro.

Kenza ferma les yeux de toutes ses forces. Il fallait se réveiller. Il le fallait.

Se pincer ne suffisait plus, ce genre de rêve se répétait trop souvent ; alors elle enfonçait ses ongles dans sa peau, la douleur s'intensifia, mais Kenza continua.

Une grande bouffée d'air lui emplit les poumons et elle émergea de son cauchemar. Elle réalisa qu'elle était dans son lit, que son réveil sonnait et qu'elle n'avait pas bu de café du tout.

Les faibles rayons du soleil tentaient de percer le rideau épais de la chambre. Kenza bougea dans ses couvertures puis se leva de son lit, un peu chancelante et frottant ses yeux fatigués. Son réveil affichait 7H00. Elle avait à peine dormi 2 heures. C'était déjà mieux qu'hier où elle avait dormi à peine 30 minutes. Depuis le jour où sa succession de cauchemars avait commencé — elle ne savait plus quand —, elle ne pouvait plus compter sur ses doigts le nombre de fois où elle avait tenté de ne pas sombrer. Elle avait peur de dormir. Ses cauchemars l'effrayaient beaucoup. Kenza fila à la salle de bain pour aller se laver et penser à autre chose. Dans le miroir, pendant qu'elle se brossait les dents, il y avait encore cette silhouette bizarre qui la fixait mais elle ne faisait rien d'autre. Kenza s'était habituée à sa présence neutre. En moins de cinq minutes, elle était habillée et elle partit prendre son petit-déjeuner. Son oncle et sa tante étaient déjà au travail.

Kenza releva les manches de son pull où se dessinait toutes sortes de griffures, de marques et de bleus.

Son regard devint triste. Jamais elle n'avait envisagé de devoir en arriver là. Les marques de cette nuit le picotaient encore un peu et un hématome s'était ajouté sur son poignet, presque violacé, bleu et rouge aussi.

Kenza rabattit les manches de son pull jusqu'aux phalanges de ses doigts et finit de boire son café. Elle avait un peu encore envie de dormir mais c'était moins pire que les nuits précédentes. Quand elle eut fini sa routine matinale, elle jeta son sac sur son dos et ferma à clé sa maison. Elle partit pour le lycée.

Sur le chemin, deux connaissances de sa classe la rejoignirent. Aucune d'elles n'était au courant pour l'étrange cas de Kenza. Mais elles imaginaient bien qu'elle ne devait pas souvent passer de bonnes nuits.

𝐛𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐝𝐫𝐚𝐠𝐨𝐧𝐬 | ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ 𝐭𝐫 🤍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant