15.

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(PDV Sacha, le frère)

Le silence.Un épais manteau opaque, qu'il serait si facile de briser... Mes oreilles sifflent. Mes pas et ceux de l'adulte qui m'accompagne raisonnent dans les couloirs vides. Je ne sais pas quelle heure il est mais il doit être sacrément tard. On n'entend pas un chat. Enfin moi j'ai bien un bruit suraigu qui me perce le tympan mais je pense qu'il s'agit juste d'un des effets secondaires de mon opération.

Encore un.

Je ne me souviens pas de grand-chose. Juste, que lorsque je me suis éveillé, j'avais un mal de tête à me jeter par la fenêtre. Mais ne vous inquiétez pas, je ne l'ai pas fait.Parce que 1- je me régénèrerai et ça me ferai encore plus mal; 2- je pense être au rez-de-chaussée, cela ne servirait pas à grand-chose; 3- dans la chambre où j'étais, il n'y avait même pas de fenêtre.

Bref. Je suis ensuite resté un ou deux jours en convalescence, à me faire examiner et à un peu délirer. J'ai de nouveau rêvé, enfin je crois. Je voyais mon double, mais cette fois il ne m'a rien dit. Nous nous sommes affrontés du regard un bon moment. Puis, il m'a souri. D'un sourire qui voulait dire qu'il savait, il savait ce qu'ils m'avaient fait. Je pense que j'ai dû avoir une tête bizarre car il a éclaté de rire.

D'un rire en cascade qui m'est resté longtemps dans la tête après que je me soit réveillé, en sueur. Il n'a pas fallu deux minutes pour que quelqu'un accourt et me demande ce qu'il y serait passé, me tendant une ardoise pour que je réponde. Évidemment, je n'ai rien dit et j'ai laissé l'ardoise blanche immaculée, la fixant avec dégoût.

Mon expression devait être si significative que l'autre imbécile n'a rien dit. Ou alors il n'avait pas envie de se battre maintenant avec un ado clairement furax conte lui et tous les autres.

Je les déteste.Je les déteste.Je les déteste.Je les déteste.

J'ai tellement envie de crier, de leur dire tout ce que je pense. Mais je ne peux pas. Car ils m'ont pris une des dernières choses qu'ils me restaient.

Ils m'ont pris ma parole.

C'était quelques heures après m'être réveillé. Je n'avais pas encore prononcé un mot, j'avais été tout seul et j'étais bien trop sonné pour penser à parler tout seul. (Oui je parle tout seul, mais faites pas genre, je sais que vous aussi)

C'est là qu'une de ces chercheurs est arrivé. Elle avait l'air assez contente d'être là (ça change des autres qui ont tous une expression de mais-qu'est-ce-que-je-fais-ici-moi).Contrairement aux deux personnes qui étaient passées avant, et qui avaient juste vérifié que j'étais en vie, elle s'est juste assise à côté de mon lit, avec un calepin et m'a dit qu'elle allait me poser des questions, et que dans un premier temps, je devais juste répondre « oui » ou « non » avec la tête.

J'étais alors dans un état de semi-zombie et je ne me sentais pas de la contredire donc j'ai simplement opiné de la tête.

La femme m'a posé diverses questions sur mon état, du type : est-ce que tu te rappelles d'où tu es ? de ton nom ? est-ce que tu peux bouger tes doigts ? as-tu mal si je t'appuie comme ça sur le bras ?J'ai répondu distraitement, en train de m'endormir à moitié, avec -pour une raison mystérieuse- la musique d'une pub en boucle dans la tête.

Je vous accorde que cette situation où je comate tout en me faisant examiner et en fredonnant sans vraiment m'en rendre compte la mélodie d'une publicité pour de la crème allégée 30% est assez improbable.

Mais en même temps, vous choisissez les chansons qui vous restent dans la tête vous ? Si vous savez comment faire, n'hésitez pas à me contacter, ça m'intéresse T-T (souvenir de cette fois où ma sœur a failli commettre un fratricide parce que j'ai eu pendant une semaine les mêmes trois secondes d'une chanson que j'avais entendu à la radio dans la tête et que je ne pouvais m'empêcher de la chantonner H24)

Sacha et SachaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant