23.

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(pdv Sacha, le frère)

La chambre.

Enfin, je ne pense même pas que l'on puisse légalement appeler ceci une chambre. Je pense que c'en était une il y a très longtemps, mais à présent, il n'en reste plus qu'un lit. Et pourtant, comme le prouve le numéro « 235 » en chiffres d'or qu'il y a sur la porte, nous sommes bien dans l'espace dédié au repos.

Le bazar qui s'étale sous mes yeux est tel que je ne sais même pas par où commencer.

Au centre de la pièce, est installée une grande table dont je ne peux pas distinguer la matière : une montagne d'objets, de papiers, de classeurs et de matériel en tout genre en recouvrent chaque centimètre. Le pire, c'est que rien ne semble avoir d'espace dédié : les fioles remplies de liquides suspects côtoient les trieurs débordants, les bouts de câbles électriques mais également des briques de lait vide et des pots de plantes totalement desséchées. Le tout forme un ensemble éclectique franchement étrange qui ferait sauter au plafond la plupart des parents de la planète.

Le seul espace plutôt cohérent est un bureau collé au mur de la porte. Il est recouvert de câbles, d'ordinateurs et de tout un tas de matériel électronique qui émet un faible vrombissement. Ce dernier est accompagné des bruits mécaniques d'une imprimante en pleine action, vomissant des feuilles les unes après les autres ; et ces dernières forment déjà une pile assez haute. 

Plusieurs chaises sont également à la disposition de ce bureau, mais elles semblent bien inconfortables par rapport au fauteuil vert trônant dans un coin, dans une zone semblant miraculeusement épargnée par toute trace de bazar.

Au fond de la pièce, on trouve aussi un lit simple aux draps blancs défaits, semblants en revanche très propres. C'est vrai, cet endroit a beau être un chaos total, il n'en reste pas moins que la poussière ne semble pas s'y être installée. Au pied du lit, il y a quelques vêtements roulés en boule, et des livres empilés, formant une table de nuit où l'on a mis une petite lampe de chevet.

À côté du lit, il y a une autre porte entrouverte, j'imagine qu'il s'agit d'une salle de bain (et je n'ose imaginer l'état dans laquelle elle se trouve !). À droite cette fois, il y a une deuxième porte devant conduire à une sorte de dépendance.

La pièce n'a pas vraiment d'odeur mais elle nous accueille dans une chaleur presque étouffante, me faisant presque regretter la canicule que nous avons eu cet été. Je fixe le jeune scientifique qui nous accompagne, rien que la vue son pull en laine me fait transpirer, mais lui semble parfaitement à l'aise.

En fait, le plan des gens de ce laboratoire est peut-être de nous manger tout compte fait. Et cet endroit est un four déguisé en laboratoire ou en chambre je ne sais plus, pour nous rassurer. Je ressent soudain une infinie empathie pour tous ces pauvres carottes que l'on ébouillante sans prévenir.

- Wow... souffle ma sœur, On dirait une caverne...

Le scientifique blond -Timothée c'est ça ?- lui lance un regard froid et grommelle quelque chose.

- On est où ? demande-t-elle, On fait quoi ici ?

- Vous la fermez.

- Mais- commence-t-elle avant d'être poussée par derrière par notre guide à l'intérieur de la pièce.

Elle manque de peu de s'étaler par terre, mais je la rattrape in-extremis, avant que son front ne s'écrase contre la moquette. Elle me remercie faiblement, avant de poser les mains sur ses hanches, mécontente et ouvre la bouche pour cracher quelque chose à Timothée mais celui-ci la devance en ordonnant froidement :

Sacha et SachaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant