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- Jamais ! S'écrit mon père. Je ne mettrais pas la vie de ma fille en danger.

Je regarde ces quatre hommes débattre devant moi, autour de cette table. Le nouveau conseiller de l'émir, son oncle, l'émir et mon père.

Sur quoi débattent-ils ? Eh bien, les gouverneurs veulent me rencontrer. Ils veulent venir dans le palais, et faire une réunion où je serais présente. Dès que l'information lui a été présenté, mon père s'est formellement opposé.

- Je suis d'accord avec roi Jamal. Affirme l'émir. Je ne peux pas mettre la vie de la princesse en péril.

Je tourne ma tête vers lui. Je pensais qu'il aurait été d'accord pour cette réunion, comme il a été d'accord pour l'arrivé des rebelles ici. Il me surprend à chaque fois.

- J'ai doublé la sécurité. Dit l'oncle de l'émir. Il n'y a rien à craindre. Ils ne pourront rien faire.

- Puis, même s'ils tentent quelque chose, cela sera très stupide de leur part. Rétorque le conseiller. Nous sommes plus nombreux. Et... la princesse sera avec vous.

L'émir passe ses mains sur son visage en soupirant, les deux avis se tiennent, il le sait. Et c'est à ce moment-là que j'ai prise ma décision. Je regarde les hommes un par un avant de prendre une grande inspiration.

- Laissez-les venir. Dis-je avec assurance.

Toutes les têtes se tournent vers moi, puisqu'aucun ne s'attendaient à ce que je prenne la parole.

- Je ne peux pas me cacher pour toujours. Continuais-je. Je ne peux pas avoir peur pour toujours. Laissez-les venir, que l'on règle ce problème qui commence à s'éterniser.

L'émir se tourne vers moi et me regarde dans les yeux, comme s'il voulait lire mon âme.

- Êtes-vous certaine ? Me demande-t-il doucement.

- Je n'ai jamais été aussi certaine, votre Majesté. Lui affirmais-je.

Il se tourne ensuite vers mon père pour voir sa réaction.

- Chérie, tu devrais reconsidérer ta décision. Me dit mon père. Tu ne peux pas te montrer, pour le moment.

- Baba, ne t'inquiète pas. Tout ira bien. Le rassurais-je en faisant un léger sourire. Je vais seulement écouter ce qu'ils ont à dire.

Il me regarde en soupirant puis hoche la tête. Si l'émir est avec moi, je sais que je n'ai rien à craindre.

- Bien. Alors la décision est prise. La princesse et moi participerons à la réunion. Dit l'émir.

Tous hochent la tête. J'espère que tout ira bien. Ce qui me permet de ne pas stresser est que ce n'est pas la première fois que je rejoins une réunion de ce genre. J'en avais l'habitude avec mon père.

Bref, tout le monde se lève, prêt à s'en aller mais l'émir m'arrête.

- Princesse Hiyam, j'ai quelques mots à vous dire. Me dit-il.

Je regarde mon père qui a les sourcils froncés. Il tourne ensuite sa tête vers moi et me regarde pour me dire de faire attention. Je hoche la tête et il s'en va.

- Alors, princesse. Je vous ai donné ma parole, et je l'ai tenu. Me dit-il.

Je fronce les sourcils. De quoi parle-t-il ?

- Le meurtrier de votre mère. Dit-il face à mon incompréhension. Il est là. Dans les prisons du palais.

Je fais les gros yeux. Cela me semble tellement irréel. Il a trouvé celui qui a changé ma vie à jamais, celui qui a pris la plus précieuse des personnes de ce monde.

- L'avez-vous... tués ? Lui demandais-je.

- Non. Vous vouliez lui parler avant. Je me trompe ? Dit-il.

Je prends une grande inspiration. Je ne sais pas comment me sentir. Je me sens perdue et... je ne sais pas si je suis prête à avoir cet homme. La seule chose que je sais est que le voir, c'est le droit de mon père.

- Je... je ne veux pas y aller seule. Dis-je en bégayant.

- Je serais à vos côtés. M'assure-t-il.

Je hoche la tête puis le suis jusqu'à la prison. Mon cœur bat de plus en plus fort. Ce soir-là... ce soir où j'ai découvert le corps de ma mère, il me revient en mémoire. J'y repense. J'entends de nouveau mes pleurs. J'entends les cris de mon père. J'entends la respiration de mon frère se couper.

À l'entrée de ce petit espace sombre, je tiens le bras de l'émir. Je ne vois plus devant moi. J'ai l'impression qu'un voile a couvert ma vision. Un voile empli de tristesse et de malheur.

Nous arrivons enfin devant cette cellule. Lorsque l'homme nous voit, il se lève en gardant la tête baissée. Je ne le connais pas. Je ne l'ai jamais vu. Il ne me dit rien. Mais sur son visage est inscrit le meurtre de ma maman.

- Pourquoi ? Soufflais-je, c'est le seul mot que j'ai pu prononcer.

L'homme relève ses yeux sur moi. C'est cet homme qui a tenu le poignard, qui l'a enfoncé dans le ventre de ma mère et qui s'est enfui, la laissant se vider de son sang. Je mets enfin un visage sur cet homme. Un visage que j'ai envie d'effacer. Je me mets à trembler. La colère s'empare de moi.

Je ressens une colère que je n'ai jamais ressenti auparavant. J'ai l'impression qu'elle a pris le contrôle de mon corps, qu'elle m'a aveuglée et noircit le cœur en une fraction de seconde.

- POURQUOI ? Criais-je en pleurant. Qu'est-ce que ma mère t'a fait ? Pourquoi ?!

- ... Ta mère a été choisi pour faire le costume du roi... mais en réalité, la reine avait choisi ma mère. Raconte-t-il. Finalement, à la dernière minute, ils ont choisi ta mère. Ta mère a pris tout ce qui devait appartenir à ma mère.

Ces explications ne m'ont pas calmé. Au contraire, elles me mettent en rogne.

- Ma mère devait avoir rencontré le roi ce jour. Le roi devait être mon père, je devais être le prince. Non, à la place, ma mère a été mariée à un pauvre homme. Un homme qui n'avait aucun honneur, qui ne l'avait jamais aimé, qui lui a détruit la vie. Continue-t-il. Je ne pouvais pas laisser ta mère jouir de son rôle de reine, alors que ma mère était malheureuse. J'ai attendu le bon moment, et j'ai agis.

Je ferme les yeux et mets ma main sur ma poitrine. Cela ne peut pas être possible, n'est-ce pas ? Le pire c'est qu'il n'a aucune once de regret.

- Je n'ai jamais tué personne mais crois-moi... Dis-je avec difficulté. ‏Je le désire plus que tout, maintenant.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant