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Je me retrouve en train de prendre le déjeuner seul, avec la princesse. Jamais je n'aurais pensé qu'un moment pareil se passerait. Mais son père devait parler avec le chef des rebelles, et bien-sûr ils ne devaient pas voir la princesse.

J'ai alors accepté de la garder dans mon palais, mais je ne pouvais pas la laisser chambouler mes habitudes. Bien qu'elle chamboule déjà assez mon quotidien. Je prends mon déjeuner dans un silence absolu, avant qu'elle ne décide de le briser.

- Cheikh Reza, vous êtes-vous renseignés sur les rumeurs à mon sujet ? Me demande-t-elle.

- En effet, j'ai commencé mes recherches mais je n'en suis pas arrivé à une conclusion. Lui répondis-je.

Elle hoche la tête. Elle semble rassurée. J'essaie de cerner ses pensées en la regardant, mais elle est impénétrable. Elle est un secret à elle seule. J'espère fortement pour elle que ses rumeurs sont fausses, autrement, je la jetterais moi-même face aux rebelles. Que cela brise mon alliance avec son père, ou non, m'importera peu.

- J'ose vous conseillez de vérifier le passé de cet homme, votre Majesté. Me dit-elle. Vous connaîtrez la raison de mon refus de l'épouser, et vous comprendrez sûrement que cela est impossible pour moi d'avoir eu une quelconque relation avec lui.

Je relève la tête vers elle. Elle parle beaucoup. Et ça me dérange. Je ne suis habitué qu'aux courtes phrases, d'habitude les gens ne tentent pas la discussion avec moi. Mais j'évalue ses paroles. Je vérifierai le passé de cet homme, mais je resterais tout de même sur mes gardes. Son passé n'empêcherait pas cette femme, ni aucune autre, d'avoir une relation avec lui.

Je la regarde longuement pendant qu'elle mange, puis serre le poing. Je ne peux pas laisser une femme autant entrer dans mon intimité. Des idées dangereuses et violente me viennent en tête, mais je tente de les repousser du mieux que je peux. Je me relève d'un coup sous ses yeux effrayés.

- Vous dînerez seule, ce soir. Lui dis-je sèchement.

Puis je m'en vais avec autant de colère que lorsque je suis rentré. Je ne cesse de me répéter dans ma tête son regard effrayé lorsque je me suis levé. C'est ce qu'elle doit s'attendre, elle et les autres, à tout moment. Ils s'attendent à ce que j'entoure mes grandes mains autour de son cou, puis l'étrangle jusqu'à ce qu'elle n'ait plus de souffle. Ils s'attendent à ce que je la tue. Ils croient, et elle aussi, que cela est une fatalité.

Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que je mène une lutte acharnée pour ne pas résister à la tentation. J'ai tué qu'une femme dans ma vie, une femme qui le méritait plus que tout. Cependant, je n'ai pas réellement envie de recommencer. J'arriverais à me contrôler. Comme j'arrive à contrôler mon peuple, je peux contrôler mon corps et mes pulsions.

HIYAM

Il me laisse seule avec cette dernière phrase. Ai-je dis quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je voulais essayer de converser avec lui et montrer que je n'ai pas peur de lui. Mais c'était idiot de ma part, il doit déjà supporter avec difficulté ma présence, alors en plus me parler ?

Je retourne dans ma chambre et m'allonge sur mon lit, exténuée. J'aurais aimé faire un tour du palais, mais je n'ose pas puisque mon père n'est pas là. Bref, je sors mon téléphone et me connecte sur mes réseaux pour la première depuis mon arrivé ici.

Rapidement, je regrette ce geste. Je ne vois que des insultes fuser à mon encontre, des rumeurs pire que celles d'avant... les larmes me montent aux yeux. Je ne mérite pas tout ce traitement. Je n'ai rien fais de mal... rien du tout.

D'un coup, je vois un appel de mon frère. Je me redresse rapidement et lui répond.

- Grand frère ! Comme je me suis inquiétée pour toi ! Dis-je doucement. Tu vas bien ?

- Je vais bien, par la grâce d'Allah. Me rassure-t-il. Mais toi ? Comment vas-tu ? L'émir ne t'as rien fait, n'est-ce pas ?

- Non, je vais bien. On ne se voit que rarement. Lui dis-je. Mais ne t'occupe pas de moi, je suis en sécurité ici. Je m'inquiète tellement pour toi, mon frère.

Je tourne ma tête vers le côté, et remarque une ombre sous la porte. Je retiens ma respiration. Quelqu'un est là. J'essaie de garder mon calme, comme si je n'avais rien vu.

- ... Si seulement il y avait un moyen autre que la guerre. Soufflais-je.

- J'avais deux options devant moi, la meilleure était la guerre, Hiyam... Dit-il en soupirant.

- Deux options ? Quelle était la deuxième ? Lui demandais-je.

Il se tait pendant quelques secondes, il hésite à me le dire.

- Je préfère que tu ne le saches pas. Me dit-il en soupirant. Enfin, assez parlé de tout ça. Parle moi de ce que tu fais au palais, raconte moi tes journées, comme quand tu le faisais avant.

Je soupire. Il change encore de sujet, mais j'abandonne. Je sais qu'il ne dira rien.

- À vrai dire, mes journées sont assez banales. Lui dis-je. Je reste pratiquement tout le temps dans ma chambre.

- Pourquoi ? L'émir ne t'autorise pas à sortir ? Me demande-t-il.

- Non, il ne m'a rien dit à ce sujet. C'est juste que... je n'ose pas. Dis-je en soupirant. Père n'est pas avec moi, et ce palais, autant que l'émir, sont tellement intimidant.

Il se tait durant quelques secondes avant de reprendre la parole.

- Hiyam, je suis inquiet pour toi. Avoue-t-il. N'y a-t-il pas un autre endroit où tu pourrais te réfugier ?

- Grand frère, ne t'inquiète pas ! Je te l'ai dis, je ne serais jamais autant en sécurité qu'ici. Lui affirmais-je. L'émir est peut-être très froid et distant, mais cela ne me dérange pas. Je n'ai jamais été en grand contact avec les hommes.

C'est vrai, cela m'arrange énormément à vrai dire.

- Il ne me tuera pas, ni n'essaiera de prendre avantage de la situation. J'ai sa protection, et ça me suffit. Autant à lui qu'à moi. Lui dis-je. Puis cela durera seulement quelques mois et nous retourneront à la maison, n'est-ce pas ?

- Tu as raison... Oui, je fais de mon mieux pour rétablir l'ordre. Ça ne devrait pas durer si longtemps. Me dit-il.

Je hoche la tête. J'allais rétorquer quelque chose avant de me rappeller de cette ombre sous la porte... je ne la vois plus à présent, alors je me lève, ouvre la porte et regarde les alentours. Cela devait être sûrement une hallucination. Mais je mentirais si je disais que je n'étais pas effrayé que cela soit l'émir. Je ferme la porte puis retourne à ma conversion avec mon frère jusqu'au soir.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant