L'émir Des Ténèbres

64.

J'ouvre les yeux, et la première chose que je remarque est que je suis attaché. Mes souvenirs avant que je ne perde conscience sont flou. La seule chose dont je me souviens est que ce dîner était un piège. Je pense que lorsque je m'en suis rendus compte avant d'y arriver, ils m'ont pris.

Mais Hiyam... ? Hiyam était était moi dans la voiture. Je la cherche du regard et la vois plus loin. Elle est à l'autre bout de la salle. Ses bras sont levés vers le haut, et ses poignées sont attachés avec des chaînes en fer. Sa tête tombe vers l'avant, recouvert par ses cheveux. Elle est encore inconsciente.

J'essaie de briser les chaînes qui me retiennent mais mes forces sont affaiblis. Très affaiblis. Plus je bouge, plus mes muscles me font mal.

- L'émir s'est enfin réveillé. Entendis-je.

Je relève la tête vers cet homme. Cet homme que je cherchais, cet homme dont moi seul souhait était de prendre sa vie. De le faire souffrir. Samir. Je bouge alors mes bras en tirant sur les chaînes pour les briser et le tuer. Mais il sort une seringue et la plante dans ma jambe.

- Ne tente pas de te débattre. Je vous ai tous les deux injectés de la drogue pour vous affaiblir. Dit-il en faisant un sourire en coin.

- Sors Hiyam de là et relâche-moi, que l'on se batte d'homme à homme. Dis-je en colère.

- Je ne vais pas mettre ma vie en danger. Surtout après avoir été choisis comme le futur roi de Sanaa. Me dit-il. Enfin, il faut encore que j'arrive à mettre la main sur le roi et le prince. Et je n'y arriverais que lorsque tu perdras la vie.

Je grogne de colère. Le voir sans pouvoir le tuer me met en rogne. Mais autre chose attire mon attention. Hiyam qui se réveille.

- Oh, ma très chère femme se réveille. Dit-il en souriant. Elle est très mignonne. N'est-ce pas ?

Je serre mes poings. La façon dont il parle d'elle m'irrite plus que tout autre chose.

- Sa... Samir... Dit-elle d'une voix fatiguée. Espèce de... lâche...

Il se baisse alors à sa hauteur.

- Ce n'est pas poli, ma femme. Dit-il en tenant son visage.

Elle lui crache alors au visage. Il mérite bien plus que cela. Mais ce geste l'a énervé. Il lève sa main puis gifle la princesse. De là où je suis, je vois la trace rouge de sa main sur la joue de Hiyam. Je me mets à crier de colère.

- La touche pas ! Criais-je. Je vais briser ta main !

Il se saisit alors de sa taille, puis penche sa tête sur son cou et commence à l'embrasser. Je bouge mes bras de toutes mes forces, alors que Hiyam pleure.

- La touche pas ! Criais-je encore plus fort. Je vais te détruire ! Lâche la !

Après quelques minutes, il la relâche mais la rage s'empare de moi. De quel droit touche-t-il son corps ? Et ce qui me met encore plus la rage c'est que je ne peux rien faire. Hiyam pleure. Elle est terrifiée. Et je ne peux rien faire d'autre que de regarder.

- Je vais sortir de là. Et le jour où je vais sortir de là, tu souhaiteras de n'être jamais né. Dis-je en tremblant de rage.

Il se met à rire.

- Ce que je viens de faire n'est qu'un aperçu. Dit-il avec amusement. La prochaine fois... enfin, je ne vais rien dire. Je vous laisse la surprise.

Puis il se recule et fais la révérence.

- Votre Majesté l'émir de Qena, Son Altesse la princesse de Sanaa. Dit-il d'un sourire moqueur avant de s'en aller.

Je cris de frustration. Nous sommes dans cette situation aujourd'hui et je n'y peux rien.

- Tiens bon, Hiyam. Je vais trouver un moyen de nous sortir de là. Lui assurais-je.

- J'ai peur, Reza... j'ai tellement peur ! Dit-elle en pleurant.

Je la regarde tristement. Moi aussi... moi aussi pour la première fois j'ai peur. Pas pour moi. Mais pour elle. J'ai peur qu'il continue ce qu'il a commencé, laissant en elle un traumatisme à vie. J'ai peur qu'il la torture et prenne sa vie. J'ai peur de voir tout cela, sans pouvoir faire quoi que ce soit.

Je tiens alors les chaînes de toutes mes forces, et les tire vers le bas, espérant qu'elle se détache du mur. Je tire malgré la douleur. Mes os sont ramolli mais je continue. Je dois réussir à sortir de là. Je ne peux pas rester passif. Non. Je dois faire quelque chose.

- Reza... arrête... tu as mal. Me dit-elle faiblement.

- Je peux supporter la douleur. Lui dis-je. Mais tu ne pourras pas supporter ce qu'il fera.

La voir brisée de cette façon me frustre encore plus. J'ai envie de la porter dans mes bras et l'emmener loin. Je n'aurais jamais dû la faire sortir du palais.

- Je suis désolé, ma princesse. Dis-je faiblement. Je suis désolé de ne pas avoir pu te protéger.

Elle secoue sa tête.

- Ne sois pas désolé... ce n'est pas de ta faute. C'est la faute de Samir. Personne d'autre. M'assure-t-elle.

Je soupire. Non. Je me suis affaiblis et parce que je me suis affaiblis, je me suis laissé fait avoir par ce lâche. Si seulement j'étais seul, ici... je n'aurais pas eu du soucis à me faire. Ce n'est pas la torture ou la mort que je crains. Mais elle... j'ai peur que quelque chose lui arrive.

- Reza... je ne me suis jamais sentis autant en sécurité qu'avec toi. Me dit-elle en souriant légèrement.

Je relève les yeux vers elle. Le pense-t-elle réellement ? À vrai dire, je ne sais pas comment elle peut se sentir en sécurité avec un homme comme moi...

- Reza ? M'appelle-t-elle.

- Oui, Hiyam ? Lui répondis-je.

- Samir... il ne s'arrêtera pas à là. Il a déjà tenté de me... de me violer avant. Mais s'il réussit... Dit-elle faiblement. S'il réussit, je t'en supplie, laisse moi mourir. D'accord ? Parce que je ne pourrais pas vivre avec cette douleur.

Je reste surpris face à ses paroles. Il a déjà tenté ? Je rentre alors dans une colère noire. Je veux le torturer. Je veux le tuer. Je veux le brûler. Je veux le faire pleurer et crier de douleur.

- Tu ne mourras pas et il ne te touchera pas. Dis-je en serrant les dents. Je vais nous sortir de là. Je n'abandonnerais pas.