19.

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Comme l'avait promis l'émir, les médecins me contrôlaient chaque heure, jusqu'à ce que m'endorme. Je me suis réveillée le matin à cause d'énormes cris. Je n'ai pas osée me lever pour vérifier, parce que cela voulait dire qu'une chose : le traitre a été trouvé.

Et si l'émir l'a trouvé, je préfère ne pas témoigner de sa torture. Mais cette histoire m'inquiète énormément. Ils ont réussis à s'infiltrer dans le palais sans que l'émir ne le sache et ont réussis à empoisonner mon plat. Mon Seigneur... ils peuvent faire pire que cela.

- Hiyam ? Dit mon père en entrant dans ma chambre. Tu vas mieux ?

Je hoche la tête, puis il s'approche de moi. Il s'assoit à mes côtés, et je le prends dans mes bras.

- J'avais tellement peur de mourir, baba... Dis-je faiblement. Je ne voulais pas vous laisser.

- ... Je n'ai pas pu te protéger, mon coeur. Je suis tellement désolé. Dit-il tristement.

- Tu as fais ce que tu as pu. Le rassurais-je. Ce sont eux qui ont dépassés toutes les limites. Ils sont des lâches, baba.

Il m'embrasse alors le front puis pose ses mains sur mes joues.

- S'il t'arrivait quoi que ce soit, je ne m'en remettrais jamais. Me dit-il d'une voix faible. Ma petite fille, la prunelle de mes yeux...

Je lui souris tristement. C'est la seule raison pour laquelle j'ai peur. La mort de ma mère a anéanti mon père. Je ne veux pas qu'il revive la même chose...

Je me réveille en entendant le cri déchirant de mon père. Je porte une longue veste au dessus de ma robe de chambre avant de sortir de ma chambre en courant. Je m'imagine le pire...

Je cours sans m'arrêter, puis me stoppe net devant la chambre de mes parents. Je reste figée face à cette scène. Ma mère a les yeux fermés, son ventre saigne beaucoup et un couteau y est planté. Mon père la serre contre lui en pleurant.

- Maman... Chuchotais-je.

Je cours vers elle puis me mets à genoux.

- Maman, non ! Non ! Tu ne peux pas mourir ! Criais-je en pleurant. Maman, ne me laisse pas ! Maman !

Les cris de mon père continue à résonner en moi, et c'est ce qui me déchire encore plus le cœur.

- LEYLA ! Crie-t-il.

Mon frère arrive peu après. Il s'agenouille à mes côtés, alors je le prends dans mes bras en sanglotant.

Après ce jour, mon père s'est enfermé dans sa chambre. Il a enterré ma mère, ensuite il s'est coupé du monde. Le travail entier est retombé sur les épaules du premier ministre du royaume. La famille royale était absente de toutes affaires pendant un moment. Cela a duré un an. Puis en a suivi ma calomnie.

Mon père s'est repris en main pour me protéger. Malgré sa douleur, il s'est relevé pour que personne ne puisse me faire du mal. Même si cela incluait s'enfuir du royaume, et venir vivre avec l'homme le plus dangereux sur terre.

- Tu ne ressens vraiment plus aucune douleur ? Si tu veux, les médecins peuvent te contrôler une dernière fois. Me dit mon père.

- Baba, ne t'inquiète pas. Je vais bien. Le rassurais-je.

Mais je sursaute en entendant un autre cri. Je ne me sens pas bien. Mon père le remarque alors il me serre contre lui, en me bouchant les oreilles. Les cris ne cessent pas. Lorsqu'il y a eu un long silence, j'ai pensée que l'homme était mort. J'ai l'image d'un homme ensanglanté dans ma tête, et cela ne rend la chose que plus lugubre.

- Baba, c'est horrible... Chuchotais-je.

Il avait toujours ses mains posées sur mes oreilles, mais cela ne m'empêchait pas d'entendre.

- C'est bientôt finis. Dit-il en soupirant.

Je l'espère. Je ne sais pas encore combien de temps je tiendrais avant de sortir de cette chambre et témoigner de l'horreur. Pour le moment, je reste serrée contre les bras de mon père, sans rien dire. Mon père tente de me parler pour masquer ces cris.

Je ferme les yeux en tentant de repenser à autre chose, et cela marche, puisque mes pensées se tournent vers ma mère...

- Je ne serais pas toujours , ma fille. Me dit ma mère.

Je le sais. Je le sais, mais je ne veux pas y penser. Je serre ma mère dans mes bras.

- Ce jour-là, je serais perdue. Dis-je faiblement. Je ne saurais rien faire sans toi, maman.

Elle me sourit tristement en posant sa main sur ma joue.

- Tu sauras te débrouiller. Ma fille est forte. Très forte. Dit-elle. Tu pourras traverser toutes tes épreuves.

Je soupire. Je ne sais pas pourquoi ma mère a ouvert ce sujet maintenant, mais comme à chaque fois, je ne m'y sens pas à l'aise. Vivre sans ma mère ? Cela me semble si impossible. En fait, j'ai l'impression qu'elle est éternelle. Que je ne la perdrais jamais. Mais une impression peut-elle être réelle ?

- Un jour, tu tomberas amoureuse. Tu te marieras, puis tu auras tes enfants. Tu auras ta propre famille et tu nous oubliera. Me dit-elle en souriant légèrement. Tu n'auras plus besoin de nous.

- Ne dis pas ça, maman. J'aurais toujours besoin de vous. Lui dis-je.

- ... Depuis ta naissance jusqu'à aujourd'hui, j'ai marché sur un chemin rempli d'épines. Je t'ai porté pour que tu ne te blesse pas, pour que tes yeux puissent seulement voir les roses à ton tour. Dit-elle d'une voix douce. Mais un jour viendra, et je vais devoir te laisser marcher seule.

Je la regarde les larmes aux yeux.

- Mais en attendant ce jour-là, je ferais en sorte de retirer toutes les épines sur ton chemin. De cette façon, lorsque je te lâcherais, lorsque tu marcheras seule, rien ne pourra te blesser. Rien. Me Souffle-t-elle.

Je me relève alors pour lui embrasser la joue et la prendre dans mes bras.

C'était deux jours avant sa mort. Comme si elle le sentait... comme si elle tentait de me préparer psychologiquement à sa perte. Et c'est à sa seule pensée que j'en arrive à oublier le monde entier et ce qu'il contient...

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant