14.

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Le roi s'assoit face à moi, discutant des conditions des rebelles. Cela n'est pas un sujet qui me préoccupe tant, mais je sais que puisque le sujet concerne sa fille, il fera bien plus que s'en préoccuper.

- Vous aviez dits leur avoir donnés une réponse, votre Majesté. Me dit-il. Quelle est-elle ?

- Je leur ai rendu une petite visite dans une de leurs tente, celle qui est placé près de ma frontière. Et je les ai massacré. Dis-je d'une voix calme. Les autres ont dû découvrir leurs corps... et surtout l'état de leurs corps.

Je le vois devenir blême. Cela me fait toujours autant rire de voir la mine effrayée des gens lorsqu'ils découvrent réellement qui je suis. Ma façon d'être les effraie. Mais ai-je été façonné autrement ?

Je ne réprime pas leur crainte. Grâce à elle, aucun d'entre nous n'a pu me tenir tête. Aucun, sauf...

- Ils n'oseront pas nous attaquer. Dis-je soudainement en interrompant mes pensées. Ils ne vous auront pas, ni vous, ni la princesse.

Il hoche la tête, puis me remercie. Cependant, je sais que bientôt je vais devoir partir en guerre s'ils persistent à envahir le royaume. Pour le moment, je protège le roi et la princesse, ensuite je rejoindrais le prince sur le champ de bataille.

- Sur un autre sujet... êtes-vous d'accord pour le mariage de ma fille avec votre conseiller ? Me demande-t-il.

Je ne sais pour quelles raisons, mais cette question m'irrite fortement.

- Attendons d'abord que la princesse donne sa réponse définitive. Lui dis-je.

Il hoche la tête une seconde fois.

- Je vais devoir partir. Le prévenais-je. J'ai des affaires en dehors du palais.

Je me lève alors puis sors de mon bureau. Je rejoins l'écurie et prends mon cheval, un pur sang arabe noir, mon seul compagnon dans le désert. Je monte dessus puis galope rapidement, à partir de la sortie du palais.

Je me penche en avant, en sentant l'air me fouetter le visage. Mais je ralentis peu à peu, en voyant une tente. Je serre mon poing. Les rebelles ont installés une nouvelle tente à la frontière, malgré la mort atroce de leurs camarades.

- Cherchez-vous la mort ? Criais-je.

Ils se mettent tous en position, en entendant ma voix. Je descends du cheval et me mets à les attaquer sans leur laisser une chance de riposter. Mais plus je les attaque, plus leur nombre se multiplie. Bien. Le jeu n'en sera plus qu'amusant.

- Tu n'es qu'un bon à rien, Reza ! Crie-t-elle. Que j'aurais aimé que tu ne naisses jamais !

C'est partit. Ma colère n'arrive jamais sans être accompagné de mes douloureux souvenirs. Et c'est ce qui me fait perdre le contrôle. Je les tue tous un par un, en même temps que les souvenirs se rejouent dans ma tête.

- Le cadeau que je t'offre pour ton quatorzième anniversaire sera de revoir ton père. Dit-elle en souriant cruellement. Tu lui passeras le bonjour de ma part.

Je reçois quelques coups de couteau, mais rien de grave. Rien qui peut me déstabiliser. Je tue. Je tue sans compter. Si ces hommes étaient innocents, cela aurait été semblable à un génocide.

- Je vous en supplie, votre Majesté. Ayez pitié de moi... Dit le dernier d'entre eux.

Il se met à genoux, me suppliant de l'épargner. Je serre le couteau dans mes mains, avec rage.

- Reza... tu es en vie. Dit-elle apeurée.

Et d'un geste vif, je lui tranche la gorge. Je me tiens debout face à tous ces corps, respirant comme une bête enragée. Enfin, c'est ce que je suis après tout. Non ?

- Pas de pardon. Pas de pitié. Dis-je en fulminant.

Les voir mort ne me calme pas. Au contraire. J'en veux plus. Ces vaurien ne me suffisent pas. Je veux voir plus de sang couler... je prends de l'essence, et arrose leur campement. Je monte sur mon cheval et jette un briquet avant de m'en aller rapidement.

Je dois partir loin. Très loin, pour le moment. Si je retourne au palais tout de suite... je la blesserais. Elle verra enfin la vraie bête en moi. Mais ce n'est pas ce que je veux pour aujourd'hui.

HIYAM

Je traverse les couloirs du palais, avant de tomber nez à nez avec Anis. S'il ne m'avait pas vu, j'aurais sûrement fui...

- Princesse. Me dit-il en souriant. Vous êtes ravissante.

Je lui fais un signe de tête en le remerciant.

- Avez-vous pris votre décision ? Me demande-t-il.

Je détourne le regard. Non... et à vrai dire, je ne sais pas ce qui me retient.

- Écoutez, je ne veux pas vous mettre la pression. Me dit-il sérieusement. Si vous avez besoin de temps, je comprends. Et si vous ne voulez pas, je ne vous en voudrais pas.

- Je vous remercie de votre attention. Lui dis-je en souriant légèrement. J'ai juste besoin de temps, je ne sais pas si je suis prête à me marier. Je ne sais pas si je pourrais en tenir les responsabilités...

J'allais continuer, avant de voir l'émir passer devant nous. Mon coeur s'arrête instantanément lorsque je le vois couvert de sang.

- Votre Majesté ? Dit Anis.

L'émir se tourne puis nous vois tous les deux. Je ne sais pourquoi, mais je suis retrouvée à baisser la tête. Son regard m'est insupportable.

- Vous allez bien ? Lui demande Anis.

L'émir se contente de hocher la tête mais je remarque une coupure sur son bras.

- Vous êtes blessé. Dis-je en m'approchant de lui.

Il me lance un regard noir, sans rien dire, puis il s'en va. Je reste figé, le regard planté sur le sol. Qu'il soit blessé ou non, qu'est-ce que ça peut me faire ? J'aurais dû retourner dans ma chambre. Mais son regard... pour la première fois, je ne me suis pas sentis effrayée par son regard.

Je soupire puis me retourne. Anis n'est plus là. Il a dû rejoindre l'émir. Je retourne dans ma chambre, en tentant de contrôler ma respiration. Il faut que je me décide enfin. Je prends mon voile, un tapis de prière et m'apprête à faire la prière de consultation. Il n'y a qu'Allah qui sait ce qui est bon pour moi...

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant