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Une grande pensée à notre petit frère Rayan, qu'Allah lui fasse miséricorde 😢💔

Ne l'oublions pas dans nos invocations...

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Je la regarde rire face à la vue du coucher du soleil. Sa réaction similaire à un enfant voyant un jouet pour la première fois me fait sourire intérieurement. J'aime la voir de cette façon. J'aime la voir sourire. J'aime la voir heureuse.

- Il va bientôt faire nuit, nous devrions y aller. Dis-je.

Elle hoche la tête. Je me lève puis lui tends ma main, qu'elle prend. Elle se relève et se met face à moi. Cette proximité entre nous... cela me fait sentir des choses que je ne peux pas ressentir. Je ne dois pas. Je me le suis interdit.

- Merci beaucoup pour cette journée, votre Majesté. Me dit-elle avec un sourire radieux. J'ai l'impression d'avoir pu respirer correctement après si longtemps.

Reza n'en a pas le droit. Non.

Je m'éloigne d'elle, créant une distance entre nous puis lui fais un signe de tête. Peu après, nous reprenons notre marche jusqu'à la ville. Il va bientôt faire nuit, il n'y aura sûrement personne.

Mais il semblerait que j'ai parlé trop vite, puisqu'une femme nous apparaît. Je la regarde en fronçant les sourcils, prêt à l'attaquer au moindre faux pas.

Parce que Reza protège les siens.

- Princesse Hiyam ? Dit-elle.

- C'est moi. Lui répond la princesse, hésitante.

- Princesse, quelle honneur de vous avoir ici. Dit la femme en souriant. Permettez-moi de vous accueillir chez moi et vous offrir un verre de thé.

La princesse tourne sa tête vers moi. Elle ne voulait pas refuser et décevoir cette femme. J'allais alors refuser pour elle, mais je m'arrête face à ses yeux. Je soupire. Si cela lui fait plaisir... c'était totalement le but de cette sortie de toute façon, non ?

- Allons-y. Dis-je en soupirant.

La femme sourit puis nous montre le chemin de chez elle. Je préviens mes hommes de rester devant la maison, et de ne pas y rentrer. Une fois fait, je rentre enfin dans la demeure de cette femme.

Elle nous amène dans le salon et nous fait asseoir. Elle ramène deux verres de thé avec des gâteaux. Comme d'habitude, je bois le thé avant la princesse pour être sûr.

- Nous avons entendus ce qu'il s'est passé dans votre Royaume, princesse. Dit la femme. Sachez que nous sommes de votre côté, nous prions pour vous. Et je suis contente que notre Émir ne vous ai pas laissé tomber.

La princesse tourne sa tête vers moi et me fait un petit sourire. Elle et la femme se mettent à discuter, et je reste en retrait. Heureusement l'incident de la dernière fois a remis les idées de mon peuple en place. Parce que honnêtement, je ne pense pas pouvoir garder mon calme s'ils allaient contre mon ordre.

Après quelques minutes, j'annonce à la femme que nous devons partir. Elle nous salue alors puis nous sortons. La princesse et moi marchons côte à côte jusqu'à la voiture, sans dire un mot. Je lui ouvre la portière, puis m'installe dans la voiture après elle.

- Vous êtes beaucoup trop amicale avec les inconnus. Lui dis-je enfin.

- Et alors ? Tout le monde ne me veut pas du mal, vous savez. Dit-elle en haussant des épaules.

Je garde le regard concentré sur la route. Elle doit comprendre que le monde n'est pas tout rose. Qu'elle doit faire attention avec qui elle parle. Même dans mon palais, elle doit se méfier de tout le monde. Moi y compris. Mais je me retiens de lui dire tout cela. Je ne veux pas gâcher cette journée.

Et... cette femme restera malgré tout pur, innocente, naïve. Mes mots n'y changeront rien. Et je ne veux pas qu'elle change. Donc il me revient de la protéger. Oui, je dois la protéger du vice des gens.

- Votre Majesté ? Me dit-elle d'une petite voix.

Je la regarde du coin de l'œil, attendant qu'elle continue.

- Je... je suis vraiment heureuse d'avoir pu vous connaître. Me dit-elle timidement.

- Malgré tout le mal que je vous ai fais ? La questionnais-je.

Elle me regarde longuement avant de hocher la tête.

- Vous n'êtes pas mauvais, et je l'ai compris. Me dit-elle doucement. Vous avez tant fait pour moi, mon père et mon frère.

Je garde mon expression neutre, sans lui répondre quoi que ce soit. Sans même lui donner un indice de ce que je pense. Mais elle se trompe. Je suis tout ce qu'il y a de mauvais et c'est malheureux qu'elle refuse de le voir.

- J'ai vu l'homme que vous essayez de camoufler en vous, cheikh Reza. Dit-elle. Cette part de vous... vous la ressortez avec Manel et moi... enfin, c'est ce que je pense. Parce que l'homme qui s'est battu contre les soldats ennemis n'est jamais apparu devant moi. Jamais.

- Cet homme-là, ce monstre, vous l'avez vu. La première fois que vous êtes venu au palais, et la dernière fois... à l'écurie. Dis-je en soupirant.

Elle secoue sa tête.

- Je ne cesserai de voir le bon en vous, votre Majesté. Quoique vous direz, quoique vous ferez, je ne cesserait de voir le bon en vous. Cette part que votre passé a brisé. Dit-elle en souriant tristement. Peut-être que vous ne voulez pas voir la lumière au bout du tunnel, mais je vous attendrais. Une fois que vous le voudrez, je vous tendrais ma main.

Je me racle la gorge, un peu déconcerté par ses paroles. Depuis la mort de mon père, jamais personne ne m'a parlé ainsi. Nous ne sommes pas liés par le sang, ni par autre chose, et là voilà. Elle est là. Elle attend que l'émir des ténèbres rencontrent la lumière.

- ... Pourquoi ? Lui demandais-je.

Nous arrivons au palais, alors j'arrête la voiture et me tourne complètement vers elle. Elle semble réfléchir à ma question, parce qu'elle n'y répond pas tout de suite.

- Honnêtement ? Je ne sais pas. Dit-elle haussant des épaules.

Elle ne sait pas ? Moi non plus... je ne sais pas. La seule chose que je sais est que nous sommes attirés par quelque chose d'inconnu. Quelque chose qui semble dangereux, destructeur mais surtout... inévitable.

Et je sais aussi qu'au long du chemin, elle restera. Elle restera comme elle l'a promis.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant