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Je lis un livre sur mon lit, quand quelqu'un toque à ma porte. Je me redresse en voyant Feryel. Je lui souris. Cela faisait si longtemps que je ne l'ai pas vu.

- Princesse Hiyam, l'émir m'envoie. Me dit-elle. Il vous dit de vous habiller, vous allez quelque part.

- A-t-il dit où nous irons ? Lui demandais-je.

Elle secoue sa tête puis elle s'en va. Je me lève du lit et cherche une robe à porter. Je me demande où est-ce qu'il veut qu'on aille. L'émir ne sort pas beaucoup, et encore moins avec moi, cela doit être quelque part près du palais.

Je décide de prendre une robe longue beige qui marque légèrement la taille et les manches sont assez larges. Une fois prête, je sors de la chambre et rejoins l'émir à l'entrée. Lorsqu'il me voit, son regard reste figé sur moi pendant que je m'avance vers lui.

- Votre Majesté. Dis-je avec un léger sourire.

Il racle sa gorge puis se détache de mes yeux.

- La voiture est à l'extérieur. Me prévient-il.

Je hoche la tête. Je sors du palais et il me suit. Un de ses hommes m'ouvre la portière et je pénètre dans la voiture. Il s'installe également côté conducteur peu après moi. Il démarre ensuite rapidement. Une fois que nous sommes complètement à l'extérieur du palais, je me tourne vers lui.

- Où allons-nous ? Lui demandais-je.

- En ville. Me répond-il.

En ville ? La dernière que j'y suis allé c'était avec... Anis. Cela ne me laisse pas un superbe souvenir. La foule s'était mise contre moi.

- Avec tout ce qu'il se passe, j'ai pensé que sortir du palais et prendre de l'air vous fera du bien. Me dit-il. Et ne vous inquiétez pas, tout ira bien cette fois.

Je me tourne vers lui et un petit sourire se dessine sur mon visage. Il a raison. J'en ai besoin. J'ai besoin de m'éloigner du palais pour quelques minutes. Et étonnement, je n'ai pas peur de ce qu'il peut se passer.

Parce qu'il est , avec moi.

Après plusieurs minutes, il se gare avec les dizaines d'autres voitures noirs qui nous ont suivis. Ses gardes. Ils restent tout de même éloignés de nous. Bref, l'émir et moi marchons en ville, comme de bons amis.

- J'ai remarquée qu'il n'y a pas de sans-abri, ici. Dis-je avec un peu de surprise.

- Grâce à mon arrière-grand-père. Me répond-il. Il a construit des maisons pour toutes les familles au dépend de l'état. Et même s'il y a une cantine gratuite, généralement les voisins s'entraident.

- Mais ça n'a pas touché votre économie ? Le questionnais-je.

Il secoue sa tête.

- Nous avons assez d'argent pour tout le monde. Dit-il. Puis... notre subsistance vient d'Allah. Même si nous n'avons pas assez, c'est Lui qui donne.

- Je... je ne savais pas que vous étiez dans la religion. Dis-je avec hésitation.

Il rit silencieusement face à ma remarque.

- Je le suis. Dit-il. Dans les montagnes, on me formait à devenir un bon gouverneur mais on m'enseignait la religion aussi. Je crois en Allah, au prophète et au Coran.

- Oh... je suis désolé. Dis-je, gênée. J'aurais dû me taire.

- Ce n'est rien. Vous n'êtes pas la seule à faire la remarque. Dit-il en haussant des épaules. Honnêtement, je vous donne raison. Mes actions ne sont pas en total accord avec l'islam. Ma haine des femmes n'est pas en accord avec l'islam.

Je détourne le regard à la mention de sa haine des femmes. Je n'aime pas l'entendre le dire. Je n'aime pas cette haine qu'il nous voue. Je n'aime pas le fait qu'il me déteste.

- Enfin, allons visiter quelques lieux. Conclut-il.

Je hoche la tête et il m'emmène dans des endroits étonnants. L'architecture des lieux est si raffinés, si parfaite. Et pas loin de la ville se trouve le désert. L'émir m'emmène un peu plus loin, jusqu'à un oasis. Cet endroit est si magnifique.

- Vous ne pouvez pas venir ici sans goûter nos dattes. Me dit l'émir.

Il attrape une datte du dattier, l'ouvre puis me le tend. Je l'amène à ma bouche et le goût est simplement exquis.

- Son goût est très sucré. Dis-je en souriant. J'aime beaucoup.

- Alors j'ordonnerais de vous en ramener tous les jours pour le petit-déjeuner. Me prévient-il.

Et cela me fait sourire. Mon coeur se met à battre à une allure folle. Nous nous asseyons puis discutons. De tout et de rien. C'est vrai qu'à ce moment là, je ne pensais à rien d'autre que nous. Ni à mon royaume, ni aux rebelles, ni à nos ennemis, ni à mes nombreuses tentatives de meurtres. Rien. Si ce n'est l'émir et moi.

Pour la première fois, je vois l'émir Reza sous un autre angle. Et tout ce que j'ai dis sur lui, je le retire. Non, je ne veux pas être éloigné de lui. Je ne sais pas ce qu'il m'a faite, je ne sais pas ce que je suis en train de devenir, la seule chose que je sais est que je suis bien. Je ne me suis jamais sentis aussi apaisé, aussi en sécurité.

- Il y aura bientôt le coucher du soleil. Me prévient-il. Mais si vous voulez rentrer tout de suite...

- Non, non. J'aime bien ici. C'est parfait. Tout est parfait. Dis-je en souriant.

Après plusieurs minutes, le ciel devient orange, accompagné du soleil qui se couche. Le ciel passe de l'orange au rose puis au violet. J'admire le spectacle et j'en ai les yeux qui brillent.

- Oh, le ciel est tellement beau ! Dis-je avec joie.

Je souris et ris face à la vue devant moi. Je me tourne vers l'émir et remarque qu'il me regardait déjà. Mes joues chauffent instantanément, et je n'ai pas pu détourner le regard. Cet homme face à moi n'est pas le monstre qu'il prétend être. Et en vérité, quand je le regarde sous ce soleil éclatant, une seule chose me vient en tête...

Oui, je peux et je veux le changer.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant