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Après la réunion, je rentre dans la chambre de mon père. Il va mieux, beaucoup mieux. Al hamdulilLah. Mais la douleur ne s'en va pas. Peu importe ce que nous lui disons, il s'en veut. Il s'en veut d'avoir laissé ma mère seule, il s'en veut de ne pas l'avoir protégé.

- Ma Hiyam... dit mon père en souriant légèrement. Comment s'est passé la réunion ?

- Comme tu le pensais... ils veulent que l'on abandonne notre titre. Dis-je en grimaçant. Mais l'émir et moi leur avons bien répondu.

Il me fait un petit sourire puis pose sa main sur ma joue.

- Je suis tellement, mais tellement fier de toi, ma fille. Me dit-il d'une voix douce. Et je suis sûr que ta mère est fière aussi de la femme que tu es devenue.

Je lui souris puis le prends dans mes bras. Mon cœur tremble d'amour pour mon père. Il est l'homme de ma vie, mon héros, mon baba. Je sais que, tant qu'il sera à mes côtés, ‏je ne me sentirais jamais seule.

Mon père s'éloigne de moi, puis sors un objet de sa poche. Un collier. Un magnifique collier en argent, avec au bout un croissant de lune.

- Ce collier appartenait à ta mère. Elle comptait te le donner le jour de ton mariage mais... Dit-il en soupirant. Enfin, je me suis avancé un peu. Je voulais te le donner maintenant. Que tu aies quelque chose qui appartienne à ta mère...

Je prends le collier, bouche bée. J'ai une  part de ma mère dans mes mains. Je laisse une larme s'échapper, et se reposer sur ce croissant de lune. Mes yeux sortent presque de leur orbite lorsque je vois la lune s'illuminer.

- Il s'illumine au contact de l'eau, ou du soleil. Me dit mon père face à ma surprise. Ce collier se transmettait de mère en fille. Ta mère avait l'habitude de dire que lorsqu'elle pleurait, et que ce croissant de lune s'illuminait... qu'elle devait garder espoir car son monde n'est pas ténèbres. Qu'elle devait garder en tête que peu importe où elle ira, les personnes qu'elle aimait seront toujours à ses côtés.

Je souris, laissant apparaître mes dents. Puis rapidement, plusieurs larmes roulent sur mes joues. Oui, mon monde n'est pas ténèbre. Mon monde n'est pas sombre parce que mon frère et mon père illumineront toujours mon chemin.

- Merci... Merci beaucoup baba. Je le garderais pour toujours. Dis-je en souriant faiblement.

Puis je lui embrasse tendrement la joue.

- Baba, et si l'on faisait comme avant ? Lui demandais-je. Que je m'endors à côté de toi, et que tu me caresses les cheveux en me racontant une histoire.

Il hoche la tête en souriant, alors il se décale pour me laisser de la place. Je m'allonge à ses côtés, pose ma tête sur son torse et il me caresse lentement les cheveux. Je ferme les yeux, à mesure qu'il commence à parler.

Je retombe tout de suite en enfance. Je me rappelle des nuits où je restais avec mon père dans ma chambre, où il me caressait les cheveux. Ma mère se mettait toujours au pas de la porte, nous regardant en souriant. Puis mon frère nous rejoignait. A la fin, nous finissions toujours pas dormir tous ensemble dans ma chambre.

Ce petit moment de douceur me replonge dans un monde sans malheur. Un monde où je peux voir ma mère quand je le voulais, un monde où ma mère était toujours en vie. Et c'est au côté de mon père, que je m'enferme dans ce monde. Mais je ne suis pas seule, non...

Puisque mon père s'est enfermé dans le même monde que moi. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, j'imagine Reza à mes côtés...

REZA

Je m'allonge dans mon lit, les bras à l'arrière de la tête. Je reste à regarder le plafond. Tout le monde dort à cette heure là, et comme d'habitude, je suis le seul réveillé. J'ai toujours appris à dormir que d'un œil, et je pense que l'effet de la guerre ne s'est toujours pas  évaporé.

Je me lève de mon lit, voyant qu'il est inutile que je reste allongé. Je sors de ma chambre, traverse les couloirs et atterrit devant la chambre de ma sœur. Je soupire avant d'ouvrir légèrement la porte.

Voyant qu'elle dort, je rentre à l'intérieur. Je me baisse à sa hauteur puis lui embrasse le front.

- Je crois que j'aime ça... Dis-je doucement. Hum... avoir une famille. Je l'ai découvert grâce à toi.

Je garde ma voix basse afin de ne pas la réveiller, mais j'ai besoin de parler. J'ai besoin de parler, même si je n'ai aucune réponse.

- Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, depuis peu... Dis-je en soupirant. Je déteste les femmes, et je déteste la princesse parce qu'elle en est une. Mais je ne la déteste pas en elle-même. Je ne comprends pas non plus. Mais mon cœur est contradictoire.

Je passe mes mains sur mon visage puis ferme les yeux.

- Si je n'avais jamais connu mère, tout serait différent. Peut-être que rien ne sera contradictoire. Peut-être que j'aurais déjà mes réponses. Peut-être que je n'aurais pas eu peur d'éprouver de la sympathie pour une femme. Dis-je en grimaçant. Je les déteste pourquoi, de base ? Parce qu'elles sont toutes comme mère. Et elle... je le sais... elle n'est pas comme mère.

Je soupire puis me lève. Je dois sortir d'ici, sinon je deviendrais fou. Je parle à moi-même. Je me laisse aller. Elle n'est pas comme ma mère, mais peut-être qu'elle est pire... elle ne peut pas me faiblir de cette façon. Parce que oui, je me sens devenir de plus en plus faible.

Et tant qu'elle est dans le palais, je ne peux pas m'éloigner d'elle. La seule solution est qu'elle rentre chez elle. Et si cette histoire dure beaucoup plus longtemps que prévu... je l'enverrais dans un autre de mes palais. J'agis avec elle comme un... ami. Et c'est ce qui me faiblit. La solitude me reforgera, je le sais.

Finalement, peu importe ce que mon coeur criera, je ne l'écouterais pas. Après tout, qui écoutera quelque chose de mort ?

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant