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La pression se fait de plus en plus sur ma main. Je me relève rapidement sans lâcher sa main. Hiyam... Hiyam se réveille. Ses paupières bougent inlassablement, jusqu'à s'ouvrir lentement. Je me baisse alors à sa hauteur. Elle a l'air perdue.

- Hiyam... Dis-je en souriant tendrement.

Elle tourne sa tête vers moi et semble reprendre conscience.

- Reza ! Dit-elle en me prenant dans ses bras et pleurant.

Je la serre fort contre moi et la laisse pleurer contre mon torse. Je remercie mon Seigneur intérieurement. Elle s'en est sorti...

- Hiyam, regarde moi. Lui dis-je en me séparant d'elle. Tu ressens encore des douleurs ?

Elle me regarde puis secoue sa tête. Avant qu'elle ne parle, je lui tends un verre d'eau pour dessécher sa gorge.

- Tu... Tu vas bien ? Demande-t-elle faiblement.

Je hoche la tête pour la rassurer mais elle ne semble pas convaincue.

- M-Montre moi ton dos. Me demande-t-elle.

Elle me regarde longuement dans les yeux. Elle n'allait pas lâcher l'affaire alors je remonte mon haut et lui montre mon dos. Elle passe légèrement ses doigts sur mes cicatrices.

- Je suis désolé. Dit-elle en pleurant et je me tourne vers elle. C'est de ma faute, Samir devait s'en prendre qu'à moi.

Je secoue ma tête.

- Tout ce qui nous arrive de mal n'est pas de ta faute. En fait, rien n'est de ta faute du tout. La rassurais-je.

Je lui sèche alors ses larmes. Hiyam pense qu'elle a le devoir de recevoir tout le mal du monde pour que personne ne soit touché, elle ne veut pas que quelqu'un la protège et subisse à sa place pour une fois. Et ça m'embête, parce que je veux la protéger.

- ... J'étais au bord de la mort, tu sais ? Me dit-elle doucement. Ma mère était là. Je te voyais, et je lui parlais mais tu ne pouvais pas me voir... j'ai vu comment tu t'es libéré de ces chaînes... j'ai vu que tu as... pleuré pour moi.

Je détourne le regard. Je ne pensais pas qu'elle le verrait. Et je ne peux pas la nier.

- Te voir dans la douleur m'était insupportable. Lui dis-je faiblement.

Mais le fait qu'elle m'ait dite qu'elle était au bord de la mort me met en rogne. Hiyam allait mourir devant mes yeux à cause de l'autre ordure.

Je finis par me racler la gorge avant de me lever.

- Je vais aller prévenir ton père et ton frère. Lui dis-je.

Elle hoche la tête alors je sors de la chambre et va voir son père et frère qui attendaient à l'extérieur.

- Hiyam s'est réveillée. Leur annonçais-je. Vous pouvez aller la voir.

Ils se mettent à sourire puis rentrent dans la chambre en courant.

- Salih, annonce la bonne nouvelle et distribue des cadeaux à tout notre peuple. Lui dis-je.

Il hoche la tête en souriant joyeusement. Ton réveil, ma princesse, nous a réjouis. Tu t'es réveillée grâce aux prières de ces milliers de personnes qui s'inquiétait pour toi sans te connaître. Et je ne peux qu'être plus heureux... parce que tu m'es revenu.

HIYAM

Je prends mon père et mon frère dans mes bras en souriant. Je suis heureuse. Je ne les ai pas laissé. Ils n'ont pas eu à souffrir de ma perte. Non, Allah m'a encore donné une chance de vivre.

- On a eu tellement peur pour toi ! Me dit mon frère. Je pensais devenir fou.

Je le reprends dans mes bras. Je remercie mon Seigneur que ce moment est passé. J'avais si peur que tout se termine à ce moment-là... j'avais peur de fermer les yeux à tout jamais, j'avais peur que mon histoire s'arrête là et que j'ai à perdre tous le bien du monde que je possède...

Mais je suis tellement heureuse que Reza était avec moi. Si j'étais seule face à ce monstre... je n'aurais eu aucune force, aucun courage. Reza m'a donné toute la force nécessaire pour que je survive.

- Hiyam... rassure moi... il n'a pas retenté, n'est-ce pas ? Me demande Rayan en se baissant à ma hauteur.

Je pose ma main sur ma joue et lui sourit faiblement.

- Il a tenté, mon frère. Dis-je faiblement. Mais il n'est pas allé jusqu'au bout. Il s'est lassé et m'a injecté le poison.

Il me regarde avec soulagement. Mon frère sait plus que quiconque à quel point les tentatives de Samir de me... forcer m'ont traumatisés. Après ses deux tentatives, je ne dormais plus seule. Mon frère restait toujours à mes côtés.

- ... L'émir va-t-il bien ? Leur demandais-je. Il n'a rien voulu me dire.

Mon père se racle la gorge.

- Il n'a pas voulu être examiné. Dit-il, un peu dérangé. Il attendait ton réveil...

Je détourne ma tête en sentant mes joues chauffer. Même s'il était inquiet, il aurait dû se faire soigner... ma vie n'a pas autant de valeur que la sienne.

Je me relève légèrement mais m'affale directement en me sentant étourdie.

- Ne te relève pas, Hiyam ! Me prévient mon père. Reste allongé.

Je ne dis rien et fais ce qu'il me dit. Pour me distraire un peu, mon père et frère ne font que de me parler. Cependant, mes pensées se tournent encore et encore sur ce que j'ai vécu. Je sais que je n'oublierais rien pour un bon bout de temps mais il va falloir que je me montre plus forte.

Lorsqu'il commence à faire nuit, ils s'en vont pour me laisser me reposer. Mais je ne peux pas... je dois retourner dans ma chambre. Maintenant que je suis réveillée, je ne peux pas rester dans la chambre de Reza. Je me relève alors et me tient au lit. Ma chambre n'est pas bien loin.

Je traverse la chambre, mais arrivée devant la porte, elle s'ouvre. Reza est là.

- Hiyam, qu'est-ce que tu fais debout ? Me dit-il.

Je n'ai même pas eu le temps de répondre, que je sens ma tête tourner. Je relâche sans faire exprès les bords du mur et je m'apprêtais à tomber au sol... j'allais, avant que des bras m'attrapent.

- Viens, tu dois te reposer. Me dit-il.

- Je... je dois aller dans ma chambre. Dis-je timidement. Je ne peux pas rester ici.

Il ne dit rien mais me porte dans ses bras et m'emmène sur son lit.

- Tu vas rester ici pour que je puisse te surveiller. Dit-il doucement. Quand tu seras complètement rétablie, tu pourras aller où tu voudras.

Il pose ensuite la couverture par dessus moi.

- Pleins de femmes tueraient pour être à ta place. Dit-il en me regardant. Et toi, sans aucun effort, tu as eu l'autorisation de rentrer dans mes appartements. Et ce, à jamais.

Je détourne le regard face à ses paroles. Pourquoi fais-tu cela Reza ? T'inquiètes-tu réellement pour moi ou est-ce seulement un faux espoir... ?

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant