66.

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Deux semaines sont passées et nous sommes toujours coincé dans cet endroit. L'état de Hiyam m'inquiète énormément. Il s'empire de plus en plus chaque jour. Et si Samir a raison ? Et si ce poison la tue lentement de jour en jour ? Alors il lui resterait deux semaines à vivre...

La dernière fois qu'elle m'a parlée était il y a quatre jours. Après cela, elle n'avait plus de force pour prononcer ne serait-ce qu'un mot. Elle vomit beaucoup. Beaucoup de sang. Cette vision m'énerve et me peine. Je n'ose imaginer la douleur qu'elle traverse et je ne peux rien faire pour l'apaiser.

- Reza... murmure-t-elle.

Je relève la tête, surpris. C'est le premier mot qu'elle prononce depuis ces quatre jours... je la regarde, elle est fatiguée. Il y a une marre de sang devant elle. Son propre sang.

- Oui, Hiyam ? Dis-je avec désespoir.

Elle se met à respirer rapidement, comme si elle suffoquait. Punaise ! Tous les symptômes dont il a parlé commence à apparaître. Il lui a injecté ce poison, et deux jours plus tard, il est partit. Il a laissé ses hommes s'occuper de nous.

- Reza ! Crie-t-elle.

Ma main se met à trembler.

- Punaise ! Emmenez-lui l'antidote ! Criais-je en espérant que quelqu'un m'entende. Elle va mourir !

Mais rien ne se passe. Elle se met à crier à s'en déchirer les poumons. J'en ai entendu des cris de douleur, mais le sien me déchire le cœur. Me rend désespéré et impuissant. Elle met sa tête en arrière, en criant à la mort.

- Ouvrez la porte ! Donnez-lui l'antidote ! Criais-je plus fort.

Mais rien n'y fait. Elle tient les chaînes en fer de plus en plus fort. Elle crie comme si quelqu'un la brûlé vive. Comme si ses entrailles se déchiraient. Comme si on lui arrachait ses organes un par un.

Je n'en peux plus de ses cris. Je tiens fortement mes chaînes et me remets à les tirer. Le mur commence à faiblir à force de tirer durant ces deux semaines, mais pas assez pour que ces chaînes se brisent. Je tire en usant de toute ma force mais cela ne fait toujours rien.

Après plusieurs minutes de supplice, elle arrête de crier. Elle pose sa tête sur son bras tendu. Ses cheveux retombent sur la moitié de son visage.

- Reza... Reza, j'ai mal. Dit-elle en pleurant.

Et pour la première fois depuis la mort de mon père, une larme roule sur ma joue.

- Je veux mourir. Chuchote-t-elle.

Je secoue ma tête. Elle ne peut pas mourir, non. Je ne la laisserais pas mourir. Je continue à tirer sur ces chaînes. Je dois sortir. Je dois la sauver. Je ne peux pas la laisser mourir.

Ses larmes se mêlent au sang de son visage, elle ne tient plus. Elle va bientôt perdre connaissance. Et moi, je la regarde. Quand est-ce que je suis devenu faible ? J'aurais dû pouvoir briser ces chaînes et la prendre dans mes bras ! Mais je ne peux pas !

- Reza... tu es avec... moi. Dit-elle faiblement.

- Je suis là, Hiyam. Je suis là. Lui dis-je tristement.

- ... Je... je ne mourrais pas seule. Dit-elle en souriant tristement. Parce que... parce que... tu es là.

Mes yeux se remplissent de larmes. Elle est soulagée que je sois avec elle dans son agonie ? Agonie ? Non, non... elle n'est pas dans son agonie. Elle ne mourra pas. Hiyam ne mourra pas.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant