L'émir Des Ténèbres

43.

Je prends un énorme souffle, face à cette porte. Les gouverneurs sont ici. De l'autre côté. J'ouvre la porte, puis entre, suivis de l'émir. Je stresse énormément mais je ne le montre pas. L'émir tire ma chaise et je m'assois. Il se pose à côté de moi. Tous me regardent. Ils voient tous enfin la princesse qui restait à l'arrière de la scène.

- Princesse, quel plaisir de faire votre rencontre. Me dit un des hommes présents.

- Le plaisir est le mien. Dis-je poliment.

Le silence règne de nouveau dans cette gigantesque pièce. Cela ne fait qu'ajouter à mon angoisse. Leurs yeux m'analysent, et leurs pensées fusent dans leurs têtes. Mais je n'ai aucune idée de ce qu'ils peuvent penser.

- Comme vous l'avez désirés, la princesse s'est présenté devant vous. Dit l'émir en brisant le silence. Alors je vous écoute.

L'un d'entre eux se raclent la gorge.

- Eh bien, l'état du royaume de Sanaa nous inquiète. Dit-il. La situation se dégrade et nous voulons trouver une solution au plus vite. Nous savons derrière qui vous vous tenez, mais s'il vous plaît, reconsidérez votre décision avec nous.

Je sais que l'émir se tient derrière nous. La famille royale. Mais eux, ils semblent être contre nous. Cela m'angoisse encore plus. Eux aussi, veulent s'emparer de mon royaume. Je regarde l'émir, il fronce ses sourcils plus que d'habitude. J'espère qu'il pourra se contrôler durant cette réunion...

REZA

Je croise mes doigts entre eux et regarde l'homme qui vient de parler.

- Cessez de tourner autour du pot, et dites ce que vous voulez. Dis-je avec impatience.

- Hum... nous avons discutés et... nous voulons que le roi Jamal, le prince Rayan et la princesse Hiyam annoncent que le royaume de Sanaa s'est effondré, et qu'un nouvel état démocratique sera instauré. Continue-t-il. Ils doivent renoncer à leurs couronne. Sinon... nous vivrons une crise sans pareille.

Je tourne ma tête vers la princesse, qui a les sourcils froncés.

- Monsieur, avec tout le respect que je vous dois... au nom de ma famille, aucun d'entre nous ne renoncera à la royauté. Dit-elle. En réalité, cette guerre serait facile à éviter si vous cessez votre soutien envers les rebelles.

- Comment pouvez-vous nous accuser d'une telle chose ? S'offusque une des femmes.

- Je ne vous accuse de rien d'autre que la vérité. Notre armée est bien plus puissante que les rebelles. Et d'une certaine manière, ils deviennent de plus en plus puissants et ont des armes militaires. Dit-elle froidement. Expliquez-moi d'où peuvent-ils s'en procurer ? Et Samir... il n'est plus dans le royaume, parce que vous le protégez dans l'un de vos pays. Si vous l'aurez voulu, cette guerre serait terminée et je ne serais pas ici.

Je la regarde en souriant de l'intérieur. J'avoue que si elle n'avait pas parlée, j'aurais fais parler ma colère.

- Puisque vous ne voulez pas de la présence de la famille royale, j'ai une autre solution. Je suis certain qu'elle ne vous plaira pas. Dis-je d'un ton neutre.

Tous les regards se tournent vers moi.

- C'est assez radical, je dois l'avouer. Dis-je. Vous le savez, j'ai assez de pouvoir. Et vous savez également que je ne laisserais pas les rebelles prendre le trône. Alors... j'annexerais les territoires du royaume. Le Royaume de Sanaa fera partit de mon Émirat, et le roi continuera à régner sur son territoire.

Ils me regardent tous avec les yeux sortant presque de leur orbites. L'annexion du royaume est clairement l'ultime solution. C'est une menace pour eux. Cette décision réduira le rôle du roi... et le risque, c'est que si jamais j'ai un descendant, il voudra réclamer ce territoire comme le sien. C'est pour cette raison que j'évite de prendre cette décision.

- Soit vous cessez d'approvisionner les rebelles, soit je devrais prendre cette décision. Les menaçais-je.

- Vous ne pouvez pas prendre cette décision sans l'accord du roi. Rétorque l'un d'entre eux.

Je serre mes poings. Je n'aime pas que l'on me contredit, surtout sur des choses que je sais déjà.

- Nous faisons confiance à sa Majesté. Répond la princesse. Je suis sûr que mon père n'y verrait aucun inconvénient, si cela nous permet de garder le trône et contrer les rebelles.

Personne ne s'attendait à cela. Je ne cache pas que cela me fait plaisir qu'elle me fasse confiance. Mais je ne sais pas si elle pense réellement ce qu'elle dit, ou bien elle le disait pour contrarier ces gouverneurs, qui passent pour ennemis.

Nous passons le restant du temps à débattre de la meilleure des décisions. À plusieurs reprise, j'ai faillis perdre patience. Et eux, ils sont sur leur garde. Ils se rappellent la dernière fois, lorsque j'ai serré le cou d'un de leur collègue.

Ils tentent de faire changer l'avis de la princesse. Ils lui promettent monts et merveilles si elle abandonne son statut. Mais ni elle ni moi ne serons d'accord. Il me faudra passer sur le corps pour détruire ce royaume. Ce royaume qui a été notre allié depuis des siècles.

- Bon, je pense qu'il est temps de mettre fin à cette réunion. Dis-je en voyant que cela ne mène nul part.

Respectueusement, chacun donne son dernier mot puis s'en vont en me saluant. Heureusement cela s'est fini sans incident. Et je suis sûr qu'ils vont longuement réfléchir à mes paroles, parce que s'il y a une annexion, je leur interdirait l'accès de ces territoires, à eux et aux citoyens de leurs pays.

- Alors, qu'en pensez-vous ? Demandais-je à la princesse.

- C'était... très stressant. Dit-elle en grimaçant. J'espère que je n'ai pas dis de bêtises.

- Non... vous étiez parfaite. Lui assurais-je.

Elle me sourit légèrement.

- Je ne vous l'ai peut-être jamais dis, mais merci d'être à nos côtés. Me dit-elle, reconnaissante. Je sais que nous perdrons pas l'héritage de mes ancêtres grâce à vous.

- Nul besoin de me remercier. Je fais mon devoir. Lui dis-je.

Elle me fait un signe de tête sans perdre son sourire.

- Je vais aller voir comment va mon père. Me prévient-elle.

Je hoche la tête puis elle s'en va. Aujourd'hui, j'ai eu le sentiment que je devais la protéger tel un lion avec sa lionne. Je voulais la protéger de ces gens, et c'est la première fois que j'ai ressentis un tel besoin. Cette femme me change, et j'ai comme l'impression que je ne peux rien y faire.