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Aujourd'hui est le premier jour de cette fameuse journée. Elle ne devrait pas durer plus d'une semaine, normalement. Dans moins d'une semaine, nous aurons visité toutes les régions de l'émirat, avant la phase finale.

- Nous sommes si heureux de vous voir, votre Majesté ! Me dit un des villageois.

Je hoche la tête en leur faisant un léger sourire. Même si certains m'adressent la parole, ils me craignent toujours autant. Et... toute leur attention se porte sur Hiyam. Ils ne savent pas encore que se tient devant eux, leur futur reine. Cette pensée m'arrache un sourire.

Lorsque Salih me fait un signe de tête, je m'approche de Hiyam. Une fois près d'elle, tout le monde se recule respectueusement. Je me penche près de l'oreille de Hiyam pour la prévenir que nous allons partir. Elle hoche la tête.

- C'était un réel plaisir de vous avoir rencontrés. Dit-elle aux gens en souriant.

Ils lui sourient à leur tour, puis je l'emmène jusqu'à la voiture. Je monte à l'arrière avec elle, puis le chauffeur démarre.

- Ils sont si gentils ! Dit Hiyam en souriant. Ils m'ont tous montrés leur soutien, c'est tellement touchant.

- Ils ont vu que tu étais une femme exceptionnelle, c'est pour ça. Lui dis-je.

Elle me sourit. Heureusement qu'aucun ne l'a attristé, je ne me serais pas retenu.

- Sinon... tu te sens bien ? Lui demandais-je. Tu te sens à l'aise à l'extérieur du palais ?

- Les souvenirs du dernier accident me reviennent un peu, mais je me sens bien. M'assure-t-elle. Je ne crains rien, tu es à mes côtés. Et... je sais que tu attraperas Samir. Je n'ai rien à craindre.

Je pose ma main sur sa joue puis lui caresse avec le pouce.

- Je vais l'attraper, et je vais le faire regretter. Lui promis-je. Et après lui, je détruirai quiconque te fera du mal.

Elle prend ma main dans la sienne puis me l'embrasse.

- Je sais que tu vas nous venger, Reza. J'en suis certaine. Me dit-elle doucement. Mais je ne demande pas une vengeance pour moi-même. Mais une vengeance pour ma famille, mon peuple, mon royaume et ces jeunes filles qu'il a fait souffrir.

Je hoche la tête, solennellement. Je l'ai promis tant de fois, mais cette fois, nous sommes proche. Très proche. Si Samir tombe dans le piège, cela signera la fin de cette guerre. Et entre mes mains, il sera.

...

Il fait nuit et nous avons déjà visité deux autres villes dans le sud de l'émirat. Il ne nous reste plus beaucoup avant d'aller dans le nord.

- ... C'est dans cette région que ma mère a été enterré. Dis-je en soupirant.

Hiyam relève la tête vers moi, surprise.

- Mais la région n'est pas proche du palais... Dit-elle.

- Je le sais. Mais elle est proche des montagnes. Lui dis-je. Là où je l'ai combattu une dernière fois.

Je lui pointe alors du doigt les montagnes au loin. C'est là-bas où j'ai grandis, où j'ai mûris, où je suis devenu un homme.

- Hiyam, reste dans cette maison et ne sors pas. Lui dis-je. Je vais passer par le cimetière rapidement.

Je prends alors ma veste, prêt à sortir.

- Je viens avec toi. Me dit-elle.

- Qu'est-ce que tu vas faire dans un cimetière le soir, Hiyam ? Lui demandais-je.

- Rien. Mais au moins, je serais avec toi. Me répond-elle.

Je soupire puis hoche la tête. De toute façon, je préfère la savoir avec moi que toute seule. Je ne veux pas qu'elle voit la tombe de ma mère, mais un jour où l'autre, elle allait la voir. Que cela soit maintenant ou un autre jour.

Je la prends par la main et on sort de la maison. Le cimetière n'est pas loin, alors on y va à pied. En quelques minutes, on y arrive. Aux portes du cimetière, Hiyam s'approche encore plus de moi. Je rentre ensuite avec elle, jusqu'à la tombe de ma génitrice.

- C'est... la tombe de ta mère, n'est-ce pas ? Me demande-t-elle.

- C'est elle. La femme qui m'a mise au monde et à qui j'ai pris la vie. Dis-je faiblement. C'est elle qui a créé ce monstre.

Hiyam me regarde d'un air triste. Elle posa sa tête contre mon torse et me prend dans ses bras.

- Je te l'ai dis, Reza. Dit-elle tristement. Je t'ai dis que tu n'étais pas un monstre. Tu ne l'es pas.

- Mais ils m'ont tant traités comme un monstre que j'ai finis par y croire, alors que je voulais simplement exister. Souffle-t-il.

Je baisse le regard sur la tombe de ma génitrice.

- Elle m'est venue en rêve. Elle disait que si tu voyais comment je traitais mes ennemis, tu fuirais. Dis-je en soupirant. Et elle n'a peut-être pas tort. Si tu m'avais vu dans les montagnes, tu ne m'aurais jamais aimé, Hiyam.

- Si je te suis destinée, alors je t'aurais aimé n'importe où. Me dit-elle en souriant légèrement. J'aurais compris que tu faisais la guerre, Reza. Et la guerre n'a jamais été quelque chose de jolie. Tu te défendais. J'aurais été idiote de te juger pour ça.

Elle pose ensuite ses mains sur mes joues. Aurait-elle réellement réagit différemment des autres ? Avant elle, il n'y avait que mon oncle qui ne me craignait pas.

- Tu veux que je te dise une chose ? Me dit-elle. Cette femme dans cette tombe est le réel monstre. Elle a tuée l'homme qui l'aimait, ton père, et t'as lâché en plein désert. Un enfant de quatorze ans. Elle a voulu ta mort jusqu'au dernier moment. Ta mère est le monstre ! Et l'histoire se rappellera telle qu'elle.

Et l'histoire se rappellera également de l'émir des ténèbres. Et j'espère qu'il se rappellera également de cette magnifique femme à ses côtés, sa reine, sa cheikha Hiyam.

- Je ne veux plus que tu penses à elle. Penses plutôt à ton père. Me dit-elle doucement. Il doit être tellement fier de toi. Tellement fier d'avoir battu cette femme, tellement fier de l'homme que tu es devenu. Un grand émir, comme lui.

Un sourire se dessine sur mon visage. C'est vrai qu'après tout, j'ai vengé mon père et j'ai repris son trône.

- Aujourd'hui, grâce à toi, je viens d'enterrer définitivement ma mère. Dis-je en souriant. Elle n'a plus aucune place dans ma mémoire. Allons-y, ne restons pas plus longtemps ici.

Hiyam hoche la tête puis je la prends par la main, et on sort enfin du cimetière.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant