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J'ouvre lentement les yeux, le cœur lourd. Je regarde autour de moi, et vois mon père assis, la tête baissée. Tout d'un coup, les souvenirs me reviennent. Je me relève, les larmes aux yeux. Mon frère n'est pas revenu, et il ne reviendra jamais.

- Baba... Dis-je la voix brisée. Baba, ils ont pris mon grand-frère ! Ils ont pris ton fils !

Il ne bouge pas, mais ses larmes se mettent à couler. Je me mets à genoux devant lui et relève la tête vers lui.

- Ils ont pris Rayan, baba ! Ils ont brûlés mon grand-frère, Baba ! Dis-je en pleurant.

Il se met alors à pleurer. Moi, je ne vois plus rien devant moi. J'ai envie de crier. D'arracher mon cœur. Cette douleur est insupportable. Cette douleur m'anéantit. Mon Seigneur, apaise mon cœur !

Je prends mon père dans mes bras. Il ne reste plus que nous. Il n'a plus personne d'autre que moi et je n'ai plus personne d'autre que lui. D'un coup, les pleurs cessent. Sa respiration aussi. Dès que je m'éloigne pour voir ce qu'il a, il tombe au sol.

- Baba ? Chuchotais-je.

Sans attendre, je l'allonge sur le dos puis me mets sur lui. Je joins mes deux mains entre elles puis lui fais un massage cardiaque.

- Baba, réveille toi, je t'en supplie ! Dis-je en pleurant. Baba ! Aidez-moi ! Je vous en supplie, aidez-moi !

La porte s'ouvre rapidement sur Manel.

- Manel, appelle quelqu'un ! Vite ! Dis-je avec désespoir.

Elle s'en va en courant et je ne cesse de faire le massage cardiaque à mon père. Il ne peut pas mourir. Il ne peut pas me laisser non plus. Je ne le supporterais pas. S'il s'en va, je serais aussi au bord de la mort. Vivre n'aura plus aucun sens.

- Baba, ne me laisse pas ! Dis-je en pleurant. Réveille toi !

Je continue à crier, sans relâcher prise. Je vais devenir folle. Je vais perdre la raison. Rapidement, un médecin arrive, suivis de l'émir et Manel. Tout se passe très vite. Ils posent mon père sur le lit et le médecin l'examine très vite. Manel et l'émir me tiennent, afin que je ne tombe pas.

Je suis fatiguée. Épuisée. Je n'ai plus de force. Mes jambes ne me tiennent plus. Mon corps est tellement lourd. Je reste debout, à regarder mon père. La vie de mon père ne tient plus qu'à un fil. Je peux le perdre à n'importe quel moment. Je le sais, et cela m'angoisse tellement. Je ne suis pas prête...

...

Des heures plus tard, le médecin réussit à stabiliser mon père. Un soupir de soulagement s'échappe de ma bouche. Mais tant qu'il ne se réveillera pas, je ne serais pas totalement rassurée.

Je décide de sortir de la chambre pour prendre l'air. Je n'arrive plus à respirer. Je ne sais pas comment je suis censée agir, ni quoi dire.

- Princesse ? Entendis-je.

Je relève la tête pour voir l'émir. En me rappelant de cette nuit où j'allais rejoindre Samir, je comprends que cela est de ma faute... j'aurais dû résister face à l'émir, j'aurais dû courir, j'aurais dû faire quelque chose pour sauver la vie de mon frère. Mais non. Je suis restée dans le palais, et Samir a pris la vie de Rayan.

- Tout est de ma faute. Chuchotais-je. Tout, absolument tout est de ma faute.

Il me regarde en fronçant les sourcils.

- Si j'avais réussis à rejoindre Samir cette nuit-là, on n'en serait pas là. Dis-je faiblement.

- Votre frère n'aurait jamais voulu que vous rejoignez Samir. Me dit-il.

- Je le sais ! Je sais que mon frère préfère mourir que me voir avec cet homme mais... mais j'aurais été mariée ! Dis-je la voix brisée. J'aurais été en vie, et mon frère aussi !

Il me regarde en soupirant.

- S'il vous plaît, ne venez plus après moi. Dis-je les larmes aux yeux. Ne m'arrêtez plus, ne me protégez plus. Je veux mourir pour ma famille, moi. Je ne veux plus me sentir en sécurité quand je perds ma famille un par un ! Je vous en supplie... éloignez-vous de moi.

Mais avant qu'il ne puisse répondre, je rentre dans la chambre et m'assois au côté de mon père, attendant son réveil.

X

Mes bras sont pendus en l'air depuis plusieurs heures. Ils sont attachés par un corde, et de temps en temps, un homme vient tirer la corde pour me faire encore plus mal. J'essaie de tenir, parce que je ne veux pas mourir des mains de ces hommes.

- Bande de lâches ! Relâchez-moi et on verra qui est un vrai homme. Criais-je.

Rien. Ils savent qu'ils ne peuvent rien contre moi. Leur seule solution pour me maîtriser est de me garder attaché.

Finalement la porte s'ouvre enfin. Je me mets à rire face à l'homme qui se tient à une grande distance de moi.

- Même attachés, vous me craignez. Dis-je en riant.

Il ne parle pas et sort seulement une photo. Il me la montre, c'est une femme. Je fronce les sourcils avant de la reconnaître.

- Vous l'avez touchés ? Dis-je en colère. Je vais vous tuer ! Relâchez-moi !

- Non. Dit une autre voix. Mais ce n'est qu'une question de temps.

Je reconnais cette voix. Mes yeux deviennent rouge de colère.

- Sale chien ! Crachais-je. Une fois que je serais défaits, crois-moi, tu seras le premier que je tuerais.

Il se met à rire.

- Non. Tu ne feras rien. L'émir de Qena n'a pas réussit à m'attraper. Tu penses que tu seras celui qui me tuera ? Dit-il en riant.

Je me mets à bouger, afin de me défaire de ces cordes mais je reçois un coup de tazer.

- Elle croit que tu es mort. Tu sais ? Dit-il en riant encore plus. Je devrais aller la réconforter, tu ne crois pas ?

Je fais les gros yeux. Moi ? Mort ?

- Qu'est-ce que tu as fais ?! Dis-je avec rage. Tu as signé ton arrêt de mort. Tu es un homme mort, Samir.

Il s'approche alors de moi.

- Actuellement, tu es l'homme mort, Rayan. Dit-il en souriant. Mais ne t'inquiète pas, c'est temporaire. Quand Hiyam sera mienne, tu seras libre. Pour le moment, on va jouer un peu avec toi...

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant