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- J'ai mis la princesse dans le coma. Son réveil aurait été fatal pour elle. Me dit le médecin.

- Et quand se réveillera-t-elle ? Elle ne mourra pas, n'est-ce pas ? Lui demandais-je nerveusement.

- Elle peut se réveiller dans quelques heures comme dans quelques semaines... je ne peux pas savoir. Et elle ne mourra pas. M'assure-t-il.

Je me tiens à son chevet, la tenant par la main, attendant son réveil... je ne sais plus depuis combien de temps je suis assis ainsi, mais ce que je sais, c'est que je ne partirais pas jusqu'à ce qu'elle ouvre ses yeux.

Son frère et son père voulaient l'emmener dans sa chambre, mais j'ai refusé. J'ai voulu la garder près de moi. Je voulais être le premier à la voir, à son réveil. Je voulais être le seul à ses côtés. C'est égoïste. Mais je ne veux pas faire autrement. Jusqu'à son réveil, le monde s'arrêtera.

La seule bonne chose est que le poison n'est plus présent dans son corps. Elle ne ressent plus aucune douleur. Elle est dans un monde de rêve, en ce moment. Un monde sans violence, sans enlèvement, sans danger et sans haine. Un monde pur et innocent comme elle l'est.

- Quand est-ce que tu vas me revenir, Hiyam ? Dis-je doucement. Tout le monde t'attend. Ton père, ton frère, Manel, mon oncle et même les servantes et gardes, tu sais ? Même mon peuple t'attend. Mais encore plus, et surtout moi. Tu as gagné le cœur de toutes les personnes qui t'ont croisés.

J'approche ma main vers ses cheveux pour les lui caresser, mais je me retiens à la dernière minute. C'est la première fois que j'ai recours à autant de tendresse. Ça ne me ressemble pas. Et... je ne pense pas qu'elle voudrait que je la touche quand elle est inconsciente.

Je retire ma main et me contente de la regarder. Son visage est marqué par la fatigue et ses yeux sont creusés. Je me rappelle encore et encore des derniers instants où ses yeux étaient encore ouverts. Et ces derniers instants sont douloureux. Je me rappelle encore de ses cris. Je me rappelle encore de sa petite voix disant qu'elle capitulait.

- Tout ça, n'était pas censé t'arriver. Dis-je en serrant mes poings. J'aurais dû subir. Pas toi.

Quelqu'un toque à la porte. Je couvre Hiyam correctement avec la couverture puis j'autorise à la personne d'entrer. Je tourne ma tête et vois Salih.

- Votre Majesté... N'allez-vous pas retourner à vos fonctions ? Me demande-t-il.

- ... Je ne peux rien faire avant son réveil. Lui dis-je. Mon oncle gère tout.

Salih s'approche alors.

- Cela fait deux semaines, bientôt trois semaines qu'elle est dans le coma. Dit-il en grimaçant. Vous devez vous venger. Vous ne pouvez pas rester ici, à attendre son réveil...

Je secoue ma tête.

- Je veux être à ses côtés quand elle se réveillera. Dis-je. N'insiste pas, Salih. Je ne changerais pas d'avis.

- Très bien, cheikh Reza. Dit-il. Mais sachez que nous allons tout faire pour retrouver Samir. Nous n'attendrons pas.

Je hoche la tête, puis il s'en va. Je me tourne de nouveau vers Hiyam puis prends sa main dans la mienne.

- Ils vont trouver Samir, et je vais faire le sale boulot. Dis-je. Je vais le faire avec plaisir, parce qu'il t'a mis dans cet état. Et pour tout ce qu'il t'a fait dans le passé...

Je porte sa main à mes lèvres et la lui embrasse.

- Je te le promets. Murmurais-je.

Alors que j'allais reposer sa main, je ressens une légère pression. Je fais les gros yeux. Elle... elle appuie sur ma main.

SAMIR

Je frappe la table de mon poing. Ils se sont échappés. Dans leur état, ils se sont échappés. Et ça me met la rage. Ça ne devait pas se passer de cette façon. Non. Le poison était censé effacer la mémoire de Hiyam, il ne l'aurait pas tué.

J'allais venir la sauver après. Et elle me verrait comme son sauveur. Comme son héros. Et elle aurait finis par m'aimer. Elle aurait méprisé l'émir, qu'elle verrait comme le monstre qui lui a infligé cette torture. Après tout, c'est ce qu'il est, non ? Un monstre.

Mais tout ce plan est tombé à l'eau. Je n'aurais jamais dû enfermer cette bête avec ma femme. Je l'ai sous-estimé. Cependant... je n'en ai pas finis. Hiyam deviendra mienne, peu importe le prix.

- Samir, je t'ai amené la femme que tu demandais. Me dit un de mes hommes.

Je hoche la tête et il fait entrer la femme. Je souris. Ses traits ressemblent beaucoup à ceux de Hiyam. Et elle pleure. Fragile comme Hiyam. Innocente comme Hiyam. Ses cheveux... comme Hiyam. Et ses yeux... parfaitement formés comme Hiyam.

- Quel est ton nom ? Lui demandais-je.

- Se... commence-t-elle.

- Mauvaise réponse. Lui dis-je.

Elle regarde mon homme, effrayée.

- Je... Hiyam. Je m'appelle Hiyam. Dit-elle les larmes aux yeux.

Je me mets à sourire. Sa voix n'est pas aussi douce que ma femme, mais ça fera l'affaire.

- Parfait. Lui dis-je en souriant. Je t'explique, Hiyam. Tu resteras à mes côtés jusqu'à ce que ma femme vienne. Tu la remplacera. C'est clair ?

La femme hoche la tête en pleurant. Je la regarde, satisfait. Je ne mentais pas quand je disais que cette femme m'obsède. Elle m'obsède à un point où je veux la posséder.

- Attends moi dans la chambre. J'arrive. Lui ordonnais-je.

En fait, j'ai déjà tenté de la posséder auparavant. La première tentative a échoué parce qu'elle a beaucoup criée et son frère est venu la sauver. J'étais déjà partis avant que la porte ne s'ouvre. Ensuite, j'ai été recherché par le roi. La deuxième fois, elle était un peu plus grande. Quelques mois avant le décès de sa mère.

Je l'avais coincé dans sa chambre et fermé la porte. Elle ne pouvait ni crier, ni s'enfuir. Ce jour-là, je ne l'avais pas vu venir. Elle avait un poignard caché et l'a enfoncé dans ma jambe. J'ai encore une fois dû fuir. Mais je pense que si elle s'était donné à moi, je n'aurais pas eu à me rebeller contre son père...

Je soupire. Il ne faut pas que je désespère parce qu'un jour, je l'aurais.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant