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Le jour est enfin arrivé. Je rentre dans la salle où se passera mon allocution. Puisque c'est un événement officiel, je me suis habillé de la meilleure manière. Une manière de montrer la puissance de mon Émirat et de son dirigeant.

Un jean noir, un haut noir avec un long manteau noir brodée avec de l'or, le tout avec une cape en fourrure rouge sang. Et ma couronne, bien-sûr, noir ornée de rubis rouge.

À peine ai-je mis un pied à l'intérieur que tous les regards se tournent vers moi, les lumières des caméras scintillent à l'infini. Je vois, grâce aux logos, des chaînes d'informations venus du monde entier. Parfait. Juste parfait.

Je me place juste devant les drapeaux de mon Émirat.

- Mon cher peuple, et amis de l'étranger, les derniers événements dans le royaume de Sanaa qui durent depuis près d'un an, sont devenus ma priorité. Commençais-je. En tant que voisin et allié au royaume de Sanaa, nous ne pouvions tourner l'œil sans réagir. L'offense qui a été commise envers la famille royale a été également une offense commise envers l'émirat de Qena.

Je continue alors mon discours, affirmant mon point de vue et ma prise de position. Affirmant mon soutien à la famille royale de Sanaa. Je tente, à travers mes mots, de montrer leur puissance, pour ne pas qu'ils aient l'air d'être des traîtres ayant fuit leur royaume. Non. Tout le monde doit savoir la famille royale de Sanaa est une famille puissante, qu'ils sont soutenus à tout jamais par l'émir de Qena.

- Et pour cette raison, nous avons décidés de déclarer la guerre au Royaume de Sanaa. Annonçais-je enfin. La guerre a commencée, et quiconque tentera de s'interposer sera considéré comme l'ennemi. Aucune pitié ne sera accordée.

Et là, les chuchotement des peu de journalistes présents fusent. Les gens autour du monde doivent être en train de parler avec surprise de cette guerre. C'était imprévu, mais inévitable. C'était soit ça, soit l'annexion. Mais l'annexion punirait la famille royale, or ils ne sont pas mes ennemis.

Et je continue de parler des conséquences qu'aura cette guerre, en m'adressant directement aux rebelles et indirectement à Samir. Je parle de façon diplomatique, tout en gardant ma froideur et conservant ma réputation de dirigeant sanglant.

Après quelques heures, je quitte enfin les lieux, sous l'œil des caméras. Mes hommes m'ouvrent la portière de la voiture, et je rentre dedans. Le fait de savoir que tous mes ennemis seront mécontents de ma prise de parole, me réjouit. Samir doit bouillir de l'intérieur.

- Votre Majesté, comme prévu, ils sont venus. Me dit Salih.

Je hoche la tête. Quelques rebelles ont été aperçus proche du lieu où j'ai eu mon allocution. C'est pour cette raison que je l'ai faite en dehors de mon palais, c'est pour cette raison que j'ai invité quelques journalistes. Me savoir dans un lieu seul, sans armes, est la meilleure opportunité pour mes ennemis de me tuer. Et encore une fois, ils ont échoués...

HIYAM

Reza était tellement élégant, aujourd'hui. Et j'ai énormément aimé son discours... rien qu'à l'entendre, on peut affirmer qu'il est un homme avec un grand H, un dirigeant sans précédent. Et le moment où il a parlé de moi et de mon peuple, mon coeur a raté un battement...

- Et je m'adresse également au peuple de Sanaa. Sachez, cher peuple, que votre délivraison est proche. Je vous demande de ne pas vous révolter contre eux, ne risquez pas vos vies. Nos armées vous protégeront. Dit-il avec fierté. Et sachez, cher peuple voisin, que votre princesse est une femme respectable. Son honneur a été injustement touché, et sa réputation sali.

Je me mords les lèvres en l'écoutant. Une vague d'émotions me parcourt le corps.

- La famille royale vous représente, ne permettez à personne de mentir sur la princesse. Continue-t-il. Et préparez-vous, bientôt, vos dirigeants retourneront sur leur terre, dans leur palais.

J'aimerais tant sortir le remercier, mais je ne pense pas que ce soit la meilleure chose à faire... il va sûrement comprendre que je lui en suis reconnaissante.

- Hiyam ! Tu as vu mon frère ? Dit Manel en débarquant dans ma chambre.

- Je l'ai vu. Dis-je en souriant légèrement.

Elle vient s'asseoir à mes côtés.

- Tu n'as pas peur du résultat de cette guerre ? Me demande-t-elle.

- Je t'avoue, un peu... mais je sais que ton frère et son armée sont puissants. Ils seront les vainqueurs. Lui répondis-je. J'ai seulement peur qu'ils n'arrivent pas à attraper Samir, après tout il est dans un pays étranger.

- Ne t'inquiète pas, il ne restera pas en fuite pour toujours. Me dit-elle. Mon frère ne le laissera pas impuni pour ce qu'il t'a fait.

Je lui fais un léger hochement de tête. Je suis certaine que Reza y arrivera. Reza n'a jamais rien échoué. Reza est plus fort qu'eux tous...

Manel continue à me parler, mais j'ai la tête ailleurs. Hier, j'ai longuement parlé avec mon frère. Il ne l'a pas fait exprès, mais il m'a aidé à prendre une décision. Et je dois faire part de cette décision à Reza. Je redoute sa réaction.

- Manel, tu sais quand rentre ton frère ? Lui demandais-je.

Elle secoue sa tête.

- Si tu veux, je peux l'appeler. Me dit-elle.

- Non, c'est bon. Lui dis-je.

J'espère qu'il viendra rapidement, avant que je ne change d'avis. Je ne peux pas changer d'avis. Pas maintenant. C'est trop tard. Pendant longtemps, j'ai arrêtée de penser à moi, mais désormais, il le faut. Je ne sais pas si je fais bien, et honnêtement, j'ai peur, mais je me dois de le faire.

Je soupire. Même si Reza l'accepte, est-ce que mon père l'acceptera ? Et Rayan ? Comme c'est compliqué... si seulement je ne lui avais pas ouvert mon cœur, je n'aurais pas cherché des moyens à le réparer.

- Ils sont arrivés ! S'exclame Manel.

Je relève la tête, j'entends d'ici les bruits des voitures et des gardes accueillant leur Émir. Je me lève. C'est donc l'heure. L'heure d'enfin lui faire face.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant