18.

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La princesse s'effondre au sol. Je me relève d'un coup et vérifie son pouls. Elle est en vie.

- Appelez les médecins, vite. Ordonnais-je en la portant dans mes bras.

Ses bras sont suspendues dans l'air, ils bougent au rythme de mes mouvements. Je l'emmène dans sa chambre, suivis de son père, qui est affolé. Je vérifierai son pouls toutes les secondes jusqu'à l'arrivé des médecins.

- Sauvez la. Leur ordonnais-je fermement.

Ils hochent la tête puis s'approche d'elle. La voir ainsi ne me procure rien, ni colère, ni tristesse, ni compassion. Je veux qu'elle soit sauvée seulement pour son père. Le pauvre homme est dévasté de la mort de sa femme, il sera détruit avec la mort de sa fille.

Je sors de la chambre et fais les cents pas. Cela ne peut pas être naturelle. Elle n'a pas pu s'évanouir de cette manière sans raison. Si ?

- Reza, mon fils. Entendis-je.

Je me tourne et vois mon oncle.

- Va-t-elle bien ? Me demande-t-il.

- Je ne sais pas. Les médecins sont avec elle. L'informais-je.

Il hoche la tête.

- Ne t'inquiète pas, elle est forte... je suis sûr qu'elle s'en remettra. Me dit-il.

- Je ne m'inquiète pas. Rétorquais-je. J'espère qu'elle s'en remettra pour son père. Sinon, cela m'importe peu.

Il me regarde en soupirant. Même sa mort ne m'adoucira pas. Je suis comme cela. Ce n'est pas parce qu'une femme vit dans mon palais que cela changera quelque chose.

- Votre Majesté... Entendis-je.

Les médecins s'approchent de nous.

- La princesse a été empoisonné, cheikh Reza. Me disent-ils. Nous avons réussis à empêcher le poison de faire effet, mais si elle était restée quelques secondes en plus, elle aurait pu mourir.

Mes yeux s'assombrissent et je serre mes poings.

- Anis ! Criais-je.

Mon conseiller arrive en courant.

- Appele tout ce qui ont travaillés en cuisine aujourd'hui. Dis-je avec rage.

Je recommence à faire les cents pas. Cette personne qui a osé empoisonner la princesse mourra de mes mains. Je rentre alors dans sa chambre et vois qu'elle est réveillée.

- Laissez moi seul avec elle. Ordonnais-je aux autres.

Aussitôt dit, la chambre se vide. Elle me regarde d'un air effrayé.

- Votre Majesté, je ne voulais pas gâcher votre dîner et... commence-t-elle.

- Ce n'est pas de votre faute. La coupais-je. Je n'ai pas pris assez de précautions. Il y a sûrement un traître qui s'est infiltré et vous a empoisonné.

Elle baisse la tête, tristement.

- Je ne peux pas continuer à vivre ainsi, cheikh Reza. Dit-elle en soupirant. Renvoyez-moi, laissez-les me tuer ou me marier avec Samir. Je suis fatiguée de devoir me battre.

- Hors de question. Dis-je fermement. Vous resterez en vie, et vous marierez la personne que vous désirez. Vous êtes sous ma protection et je ne vous permettrais pas de vous sacrifier ainsi.

Ses yeux se mettent à briller. J'espère qu'elle ne va pas pleurer. Je ne pourrais pas la consoler.

- Vous m'aviez dits de me sacrifier pour ma famille, la dernière fois. Dit-elle faiblement.

- Il suffit de faire un sacrifice pour votre famille. Lui dis-je.

Je hoche la tête sans lui répondre. Je ne voulais pas lui avouer devant elle que je ne permettrais pas une chose pareille. Mais maintenant qu'elle le propose elle-même...

- Reposez-vous. Les médecins viendront vous contrôler chaque heure. La prévenais-je.

J'allais sortir mais elle m'arrête.

- Je suis désolé. Dit-elle doucement. Je suis désolé d'avoir pensé que vous étiez celui qui m'a empoisonné.

Je reste un peu surpris face à sa confession, mais pas totalement. N'importe quel humain censé aurait pensé pareil, non ?

- Si je voulais vous tuer, je l'aurais fais depuis longtemps. Lui assurais-je. Et je l'aurais fais en vous regardant dans les yeux.

Je vois une lueur de peur passer dans ses yeux. Que puis-je faire ? C'est ma façon à moi de rassurer. Elle s'attendait sûrement à ce que je lui dise "je ne vous tuerais jamais". Mais après tout, c'est bien le sous-entendu de mes propos. Je lui permettrais de vivre.

- Je vais vous laisser. Lui dis-je avant de sortir de ma chambre.

Je lui ai parlé d'une façon dont je n'ai jamais parlé avec une autre femme. Est-ce que je change réellement ? Non... je ne peux pas. Je suis toujours le même. Je m'adapte seulement à l'environnement où je vis. Je ne peux plus vivre ici comme je vivais dans les montagnes. C'est impossible.

Je penserais à tout cela plus tard. Pour le moment, je me rends dans la cuisine pour trouver le traitre. Comme je le pensais, ils avaient tous le regard baissé. Je les regarde un par un, en leur cherchant une faille. Un indice de leur véritable nature.

- Je le demanderais qu'une seule fois... Dis-je en les regardant tour à tour. Qui a empoisonné le repas de la princesse ?

Ils se regardent tous, apeurés. Ils ont de quoi avoir peur.

- J'ai dis... QUI EST LE TRAITRE ? Criais-je, impatient.

Ils se mettent à trembler en pleurant. Je serre fortement mon poing en faisant craquer mes doigts.

- Fouillez-les. Ordonnais-je à mes hommes.

Mes hommes alors les prennent et les fouillent comme ordonnés. Ils fouillent dans leur veste, leur bas, leur chaussure... je reste à les regarder, les bras croisés, jusqu'à ce qu'un de mes hommes trouvent quelque chose. Une fiole.

Sans perdre une seconde plus, je m'approche dangereusement de cet homme. J'ordonne à tout le monde de sortir puis je l'attrape par son col. Ma respiration s'accélère.

- Comment oses-tu ? Dis-je en tremblant de rage. Dans mon palais, COMMENT OSES-TU ?

- Vous... Vous ne savez pas l'erreur que vous avez faite en la gardant ici. Me dit-il.

Je l'attrape par la gorge et serre de plus en plus.

- Qui es-tu pour me dire que j'ai fais une erreur ? Dis-je en serrant ma mâchoire.

Son visage devient de plus en plus rouge. Je relâche ma prise avant qu'il ne perde connaissance. Il ne va pas mourir aussi vite.

- Tu sais ? Tu viens de réveiller la bête en moi. Lui dis-je en faisant un sourire sadique. Et ça, c'est la plus grosse erreur qu'un humain puisse faire. Parce que celui qui voit la bête, sait qu'il ne vivra plus longtemps.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant