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Après cette sortie avec l'émir, nous nous sommes très peu parlés. À vrai dire, je ne sais pas si c'est une bonne chose ou non. Notre... relation me semble étrange. Mes actions me semblent étranges. Mes paroles me semblent étranges. Je ne contrôle plus rien quand il est là.

Je soupire puis pose mon livre sur la commode. Je me lève pour rejoindre la chambre de Manel. Je lui ai dis que nous passerons un moment ensemble. Mais avant que je ne sorte, mon téléphone se met à sonner. Je réponds en voyant que c'est un numéro inconnu.

- Allô ? Dis-je.

J'entends la personne au bout du fil respirer fortement.

- Hiyam. Finit-il par dire.

Je reste figé sur place. C'est lui. C'est Samir.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Dis-je en tentant de garder mon calme.

- Comme toujours, toi. Dit-il en faisant un léger rire. Ce soir, tu vas me rejoindre.

Je m'assois sur mon lit en gardant mes poings serrés. Pense-t-il réellement que je vais le rejoindre ?

- Mais puisque ma belle femme est têtue, je vais te dire une chose : Rayan. Dit-il.

Rayan ? Mon frère ? Ma respiration s'accélère et mon coeur bat à une vitesse folle. Rien que l'idée qu'il ait fait quelque chose à mon frère m'effraie.

- Un de mes hommes est face à ton frère. Il n'attend que mon ordre pour lui tirer une balle dans la tête. Me menace-t-il. Ce soir, à vingt-deux heures, tu seras avec moi. Sinon, tu pourras prier sur ton frère.

Puis il raccroche sans me laisser la parole. Mon téléphone glisse de ma main et atterrit au sol. Les larmes me montent aux yeux. Mon frère va mourir. Je ne peux pas. Je ne peux pas le laisser faire.

- Hiyam, tu es là ? Entendis-je.

Je relève la tête en entendant la voix de Manel. Je sèche rapidement mes larmes  et lui ouvre la porte.

- Hiyam, tu vas bien ? Me demande-t-elle en fronçant les sourcils.

Je hoche la tête puis ferme la porte derrière elle. Je la fais asseoir, puis m'assois également à mon tour. Je n'ai pas la force de parler. J'ai l'impression que si j'ouvre la bouche, j'éclaterais en sanglot.

- Hiyam, qu'est-ce qui t'arrives ? Je m'inquiète... me dit-elle faiblement.

Je tourne ma tête vers le côté. Ce qui m'arrive est que je dois faire un choix à contrecœur. Laisser mon frère ou me marier avec mon bourreau. Je ne peux pas être égoïste. Non. Pendant que tout le monde tente de sauver ma vie, je détruis la leur. Si ce n'était pas pour moi, tout le monde vivrait leur vie normalement.

Tout est de ma faute.

Et je dois réparer cela. Je regarde l'heure. Il a dit à vingt-deux heures ? Il est vingt heures. Il me reste deux heures. Et je décide de passer ces deux heure avec Manel. Je reprends mes esprits et discute avec elle. Je dois garder en tête que je fais cela pour la vie de mon frère, pour que mon père reprenne son trône, pour que ni Reza ni Manel ne soit en danger à cause de moi.

Mais je me dis que ce mariage n'est peut-être pas une certitude... Peut-être que ce n'est pas la robe blanche qu'ils me donneront, mais un linceul blanc. Demain, je serais soit uni à Samir ou à la mort. Dans les deux cas, je n'ai pas peur. Je n'ai plus peur. Parce que si je dois choisir entre ma vie et la leur... je choisirais leur vies, encore et encore.

Peut-être qu'aujourd'hui est le dernier jour de mon existence. Alors une demi-heure avant mon départ, je sors de ma chambre après que Manel soit partie. Je me dirige vers la chambre de mon père, mais sur le chemin, je vois l'émir parler avec son conseiller. Je fais un petit sourire en le regardant. Pardonnez-moi, votre Majesté. Mais je suis sûr que vous me comprendrez...

Je toque avant d'entrer dans la chambre de mon père. Il est assis sur son bureau, travaillant. Lorsqu'il me voit, il se lève. Je m'approche de lui.

- Tout va bien, ma Hiyam ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête en faisant un petit sourire.

- Je voulais voir si tu allais bien. Lui dis-je. Si tu voulais de l'aide ou quoi que ce soit.

- Oh non, ma chérie. Tout va bien. M'assure-t-il.

Mes lèvres se mettent à trembler. Je le prends rapidement dans mes bras, je ferme les yeux et le serre fort contre moi.

- Je t'aime, baba. Je t'aime plus que tout. Lui dis-je faiblement.

Je me retire ensuite et sors de sa chambre avant qu'il ne se pose de questions.

- Pardonne-moi, baba. Dis-je la voix brisée.

Je tourne ma tête, et vois que l'émir n'est plus là. Je soupire puis sors du palais. Il me reste une longue allée à marcher avant d'en sortir complètement et rejoindre un des hommes de Samir.

Je me tourne une dernière fois vers le palais. J'ai passé presqu'un an ici. Un an où le palais de mon royaume a été attaqués, où le conseiller de mon père nous a envoyé ici avant de se faire assassiner. Un an où ma vie a totalement changé parce qu'un homme a pris un coup dans sa fierté car j'ai refusé sa demande en mariage.

Les larmes me montent aux yeux. Mais malgré tout, je n'ai jamais eu autant mal de quitter mon chez moi, qu'en quittant le palais de l'émir. Les larmes se mettent à couler silencieusement. Il est vingt-deux heures. C'est l'heure. L'heure de mon sacrifice.

Je me mets à marcher, la tête baissée. Mes pas sont lents. Je ne veux pas. Mais ai-je le choix ? Je me remémore encore et encore les raisons de mon départ.  Rayan. Baba. Manel. Reza. Mon frère, mon père, ma sœur et... l'émir. L'émir à qui j'ai promis que je resterais à ses côtés jusqu'à qu'il trouve la lumière.

Mais cette promesse, je ne pourrais plus la tenir maintenant...

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant