16.

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Je me réveille grâce aux rayons de soleil. Cela fait une semaine depuis l'incident dans le bureau de l'émir. Je n'ai pas osé lui faire face, depuis. J'ai également acceptée la proposition d'Anis. Nous allons apprendre à nous connaître, puis nous marier lorsque nous serons prêts.

Mon père ne cesse de faire des aller-retours entre la frontière et le palais. Il travaille beaucoup, ces temps-ci. C'est normal puisque les rebelles sont montés en puissance. Ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'ils ne s'emparent du pouvoir. À ce moment-là, s'ils abolissent la monarchie, nous serons obligés d'être en exil jusqu'à la fin de notre vie.

- Princesse, vous avez reçus une lettre. Me dit Feryel.

Elle me la tend alors je la prend. J'ouvre l'enveloppe et y trouve un bout de papier, accompagné d'une bague. Étrange. Je prends la feuille et la déplis.

"Chère princesse Hiyam,

Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vu. À vrai dire, tu me manques cruellement. C'est regrettable que tu aies refusés ma demande en mariage. Je t'aurais rendu heureuse, et puissante.

Tu te dis sûrement que tu es la princesse du royaume, que tu es déjà puissante mais non... tu le sais aussi bien que moi, tu resteras une princesse pour toujours. Tu ne deviendras jamais reine, puisque ce ne sont que les hommes qui gouvernent. Tu ne sers à rien pour ta famille. Ton existence est juste symbolique. Mais si tu devenais ma femme... tout serait différent.

J'aurais pris le trône de ton père, et tu serais devenu ma reine. Enfin, ce n'est pas encore trop tard mon amour... réponds à cette lettre, dis que tu regrettes et je te pardonnerais. Lorsque j'aurais le trône, je t'épouserais et te faire revenir au royaume. Dis moi juste que tu le veux, c'est suffisant.

Ton très cher futur époux, Samir."

Je me lève rapidement, des larmes de rage me montent aux yeux.

- Mais pour qui se prend-il ? Criais-je avec rage.

- Princesse... Me dit Feryel. Vous devriez le montrer à l'émir.

Je secoue ma tête. Que va faire l'émir ? Au mieux, il dira qu'il réglera cette affaire pour la millième fois, au pire, il s'énervera mais ne fera rien non plus. Je n'ai besoin de l'aide de personne. Surtout pas d'un homme qui me menace à chaque seconde, qui me déteste, qui ne me veut aucun bien.

- Tu ne diras rien à l'émir, Feryel. Lui dis-je.

Elle hoche la tête, mais la porte s'ouvre fortement.

- Elle ne me dira pas quoi ? Entendis-je.

Je regarde vers l'entrée de la porte avec frayeur. Il est toujours là au bon moment ! Cette fois, je décide de soutenir son regard et de ne pas baisser la tête.

- Répondez. Dit-il avec froideur.

Il baisse son regard vers mes mains, puis m'arrache le papier. Il commence à le lire.

- Feryel, sors. Dit-il.

Feryel s'en va aussitôt. L'émir concentre son regard sur moi, jusqu'à maintenant, je n'ai toujours pas flanché.

- Comment pouvez-vous me cacher ceci ? Demande-t-il d'un ton sec.

- Ce sont mes affaires, votre Majesté. Dis-je en essayant de rester le plus calme possible.

Il s'approche dangereusement de moi.

- Vous ne pouvez pas me cacher une telle chose ! Dit-il en colère.

- Je peux ! Rétorquais-je. Tout ne vous concerne pas, cheikh Reza ! Ceci est mon affaire, et je la réglerais moi-même !

Ses yeux s'assombrissent rapidement. Des frissons me parcourent tout le corps. S'il ne part pas tout de suite, je ne pourrais pas tenir longtemps. Je ne peux pas jouer la femme courageuse longtemps.

- Tant que vous vivez ici, tout me concerne. Dit-il en aggripant mon poignée. Tout le palais et ceux qui s'y trouve m'appartient, y compris vous.

Je lui lance un regard outré.

- Je ne vous appartiens pas. Dis-je en lui lançant un regard noir. Je ne suis pas votre femme pour vous appartenir. Vous devez cesser de voir les hommes comme votre propriété.

Il relâche mon poignée violemment. Je fais une petite grimace de douleur.

- J'ai dis ce que j'avais à dire. Me dit-il. Vous avez intérêt à toujours me tenir informé.

Il tourne les talons et s'apprête à s'en aller mais je l'arrête.

- Pourquoi traitez-vous les gens ainsi ? Lui demandais-je. Comme s'ils étaient inférieurs à vous... pourquoi êtes-vous si froid, si cruel ?

Il ne se retourne pas mais je le vois serrer le poing.

- Vous n'avez pas besoin d'être ainsi pour vous faire respecter. Lui dis-je. Vous n'avez pas besoin de nous détester, les femmes.

Il se retourne d'un coup et s'approche à nouveau de moi.

- J'en ai besoin. Dit-il froidement. Votre père est un homme généreux et bienveillant, et le résultat ? Ils ont calomniés sa fille, et il a fui son royaume ! Si aujourd'hui vous êtes en sécurité ici, c'est bien grâce à ma personnalité. Ne vous en plaignez pas quand vous en profitez.

Je secoue ma tête en soupirant.

- Être un homme bon ne causera pas votre perte. Mon père s'est seulement laissé aller après la mort de ma mère, sinon, il serait toujours aussi puissant et personne n'aurait osé faire une chose pareille. Lui expliquais-je. Cela n'a donc aucun rapport avec sa bienveillance.

Il continue à me regarder sans rien dire.

- Vous allez mourir seul, votre Majesté. Si vous continuez ainsi, vous mourrez seul. Dis-je en soupirant. Vous n'aurez jamais connu l'affection d'une femme, l'amour de vos enfants, le bonheur d'une famille. Vous mourrez comme vous avez vécus.

- Et ? Dit-il d'une voix agressive. Vous commencez à me casser les pieds. Je n'ai pas besoin d'une thérapiste, je suis satisfait avec ma vie. Maintenant, faites ce que je vous dis et cessez vos monologues incessants. Vous parlez trop, et cela m'insupporte.

Il s'en va de ma chambre en furie. Je soupire puis m'assois sur mon lit. Je ne sais pas, je sentais le besoin de lui dire ces quelques mots mais j'ai l'impression de mette ridiculisé plus qu'autre chose...

- J'avais de la peine que vous soyez autant solitaire mais puisque vous êtes satisfait de votre vie... Dis-je à moi-même.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant