L'émir Des Ténèbres

84.

J'étais dans le bureau de Reza avec lui, mon père et mon frère. Salih nous a envoyé une nouvelle concernant Samir. Reza ne voulait pas que je sois là, mais je suis tout de même restée. Cette histoire me concerne et on ne peut pas continuer à me cacher des choses.

- Votre Majesté. Dit Salih. Je suis revenu...

Je voyais à son visage qu'il était perturbé, voire même en colère. C'est la première fois que je vois Salih autant en colère. Quelque chose de grave a dû se passer.

Il entre entièrement dans le bureau, en faisant entrer avec lui une femme. Je la regarde en fronçant les sourcils. Elle a l'air si misérable. Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ?

- Nos hommes n'ont pas trouvés Samir, mais ils ont trouvés cette femme... Dit-il en grimaçant. Une des filles enlevées par Samir.

Je regarde la jeune femme en faisant les gros yeux. C'est Samir... qui l'a mis dans cet état ? Elle tombe alors à genoux, tout en pleurant. Ses jambes ne la tiennent plus. Je me rue alors sur elle, puis la prends dans mes bras.

- Mon Seigneur... Dis-je faiblement.

Je pouvais sentir ses blessures entre mes mains sans même les voir. Elle pleure sur mon épaule, sans jamais s'arrêter. Je tente de la réconforter mais les remords me rongent... il l'a enlevé à cause de son obsession pour moi. Sans moi, cela ne lui serait jamais arrivé.

- Comment t'appeles-tu ? Lui demandais-je doucement.

- De... Delia. Dit-elle faiblement.

J'ai tellement la rage contre Samir. Il a brisé une aussi jeune femme. Il lui a sûrement laissé des cicatrices à vie, et elle n'est sûrement pas la seule...

- S'il vous plaît, ne me faites pas de mal. Dit-elle en pleurant. Je n'ai plus rien... plus rien...

Les larmes me montent également aux yeux.

- Nous ne te ferons pas de mal, Delia. La rassurais-je. Tu es en sécurité, avec nous.

Peu à peu, elle se calme et s'éloigne de moi.

- Vous... vous êtes la princesse Hiyam, n'est-ce pas ? Me dit-elle difficilement.

Je hoche tristement la tête. Il a dû lui dire mon nom. Elle lève ensuite la tête sur les hommes présents dans le bureau.

- Protégez-la. Dit-elle faiblement. Cet homme est un monstre...

Je lève la tête vers Reza. Il est tellement en colère. Si Samir était ici, il aurait plus de chance de survivre avec un lion affamé dans une cage qu'avec Reza.

- Il... il me demandait de porter votre nom. Raconte-t-elle les lèvres tremblantes. Il passait toutes... toutes les nuits avec moi. Et il aimait quand je pleurais... il disait que ça lui rappelait votre innocence, princesse.

Son récit me donne envie de vomir. Mon Seigneur ! Cet homme me dégoûte tellement ! Je n'ai jamais souhaité la mort de quelqu'un, mais de lui... je lui souhaite le pire.

- Salih, appelle des servantes, qu'elles l'emmenent voir un médecin et qu'elle la prépare. Dit Reza.

- Em... Emmenez-moi chez mes parents, s'il vous plaît. Dit-elle faiblement.

- Je vous emmènerai chez vos parents mais pas dans cet état... Dit-il. Cela leur fera plus de mal qu'autre chose.

Comme ordonné, des servantes arrivent et prennent la jeune fille en charge. Elle sera plus en sécurité entre les mains d'une femme. Je me relève et tourne mon regard vers Reza, mon père et mon frère.

- Re... Votre Majesté, nous devons retrouver Samir au plus vite. Lui dis-je. Des jeunes filles souffrent par ma faute.

- Ma fille, ce n'est pas de ta faute. Me répond mon père. Et Samir, on le retrouvera très rapidement.

Reza hoche la tête pour confirmer les dires de mon père.

- Nous savons au moins la région où il se trouve. Me dit Reza. Ce n'est plus qu'une question de temps.

Malgré tout, cette situation me rend anxieuse. Ce qui est arrivé à ses pauvres filles m'arrivera aussi s'il pose sa main sur moi... voire pire. Je suis la femme qu'il désire, il me fera sûrement pire.

Je ressens comme une boule dans le ventre. Je ne dois pas avoir peur de lui. Je ne dois pas. Mais c'est plus fort que moi... Rayan me prend alors dans ses bras.

- Je ne le laisserais plus te toucher. Me murmure-t-il. Plus jamais.

Je me contente seulement de le serrer contre moi. Je sais que j'ai mon père, mon frère et Reza derrière moi. C'est ce qui me rassure un peu. Je ne suis pas seule. Dans cette lutte, je ne suis pas seule.

- Baba, et si on discutait en privé de nos plans futurs ? Dit Rayan à mon père.

Je lève le regard vers mon frère, il me fait un léger sourire avec un hochement de tête. Mon père acquiesce puis ils s'en vont. Rayan sait ce dont j'ai besoin, il le sait... alors dès qu'ils ont fermés cette porte, je suis partis me réfugier dans les bras de Reza.

Je ne dis rien, je le prends seulement dans mes bras, il me serre plus fort contre lui, posant sa main sur ma tête. Je ferme les yeux en même temps que je sens ses lèvres se poser sur le haut de ma tête.

- Je te protégerais toujours, Hiyam. Me dit-il doucement. Même aux prix de ma vie.

Mon cœur s'apaise légèrement. Reza est comme une maison, ses bras sont un refuge, le seul endroit où je me sens en sécurité. C'est peut-être dangereux, mais il me plonge dans un monde où je n'ai plus à me soucier de rien.

- Reza... je ne veux plus t'entendre dire que tu es un monstre. Lui dis-je. Chaque fois, rappelle-toi des mots de cette fille, et rappelle-toi qui est le véritable monstre.

Il se sépare de moi puis me regarde dans les yeux.

- Tout le monde me voit ainsi. Me répond-il.

- On s'en fiche d'eux. Je parle de toi. Lui dis-je doucement. Tu n'as jamais fais la moindre chose de ce qu'il a fait. S'il te plaît, pour moi, ne dis plus que tu es un monstre. Promets-le moi.

Il pose ses mains sur mes joues.

- D'accord, je te le promets. Me dit-il. Mais sache que je ferais ressortir toute la noirceur de mon âme sur lui, lorsqu'on l'aura attraper.

- Et je ne t'arrêterais pas. Il doit payer pour ce qu'il a fait à ma famille et à ces jeunes filles. Lui dis-je. Je veux que ces filles soient soulagés de le voir aux mains de la justice.

Ce jour arrivera. Je le sens. On s'y rapproche. Samir vit ses derniers jours. Il fera face à la justice humaine, puis dans l'au-delà, face à la plus parfaite des justices, la justice et le jugement d'Allah.