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Je salue mon père et mon frère avant de monter dans la voiture de Reza. Il leur a dit que j'irais avec lui dans une réunion avec d'autres dirigeants, comme la dernière fois, pour ne pas créer de conflits.

Nous nous asseyons en silence, jusqu'à ce qu'il franchisse le grillage du palais.

- Tu vas mieux, Hiyam ? Me demande-t-il.

Je tourne ma tête vers lui. Je ne peux plus le repousser. Je ne peux plus l'ignorer. Je l'ai fais depuis hier, mais comme pour me punir, mon coeur m'a tourmenté durant toute la nuit. Et pour cette raison, je ne veux plus me battre contre moi-même. Je vais donner à mon cœur ce qu'il désire. Mais est-ce une bonne idée ?

- ... Oui. Dis-je doucement. Je vais beaucoup mieux.

Il me fait alors un petit sourire.

- Je me faisais du soucis pour toi. M'avoue-t-il. Si tu as un quelconque problèmes, tu peux m'en parler.

Je me mets à rougir. Mais je ne peux pas lui parler de mon problème. Si je te dis que je suis amoureuse de toi, ‏je perdrais le semblant d'amitié que nous avons.

- Tu sais que ton père était à deux doigt de me tuer ? Dit-il en riant. Il n'aime pas me voir à tes côtés.

Je ris légèrement.

- Mon père est comme ça... il est protecteur. Dis-je en souriant légèrement. Il n'aime pas que des hommes m'approchent, ni lui ni mon frère.

- Et il a bien raison. Dit-il. Si j'avais une fille, j'aurais agis pareil.

- Mais s'il a raison, pourquoi est-ce que tu me fréquentes ? Lui demandais-je.

Il me lance un regard furtif avant de se reconcentrer sur la route.

- Parce que je suis égoïste, je ne pense qu'à moi-même. Me répond-il. Ta présence me réjouit et m'apaise, alors je ne veux pas m'en séparer.

Je tourne ma tête vers la fenêtre et me mords la lèvre. Si c'était un autre homme qui m'aurait dit cela, j'aurais pensé qu'il me voudrait. Mais Reza est différent... je ne saurais dire s'il peut ressentir de l'amour.

- Enfin... tu ne m'as jamais parlé de ton enfance. Dit-il en changeant de sujet.

- Oh... Eh bien, ce n'était pas exceptionnel. Lui dis-je en haussant des épaules. C'était une enfance normale.

J'essaie d'écourter le plus possible, parce que connaissant son enfance, je ne voulais pas parler de la mienne. Me voyant mal à l'aise, il pose sa main sur la mienne.

- Tu peux me raconter. Me dit-il en souriant. J'écouterais avec plaisir. Ça ne me fera rien.

Je n'ose toujours pas, alors il se met à raconter les quelques fois où il avait accompagné son père à la chasse, les quelques moments où il était heureux étant petit.

Et puis naturellement, je me suis mise également à parler. À lui raconter mes aventures et bêtises avec mon frère Rayan. Comme la fois où nous avons voulu découvrir la forêt alors nous sommes partis tous les deux jusqu'au soir, mais que les gardes et nos parents nous cherchaient craignant que quelqu'un nous a enlevés.

Je continuais à raconter mes anecdotes, mes nombreuses tentatives ratés de faire de la confiture avec les fraises de nos jardins, les mauvais thés que je faisais boire à mes parents. Et au fur et à mesure que je parlais, le sourire de Reza s'agrandissait jusqu'à se transformer en rire. En un magnifique rire.

- Tu devrais rire plus souvent. Dis-je en souriant. Ça te va bien.

- Il n'y a que toi qui peut me faire rire, alors fais moi rire et je rirais. Me dit-il avec amusement.

Et nous continuons à parler et à se taquiner, encore et encore. Je sais qu'en ce moment même, je suis semblable à quelqu'un qui s'auto-flagelle, qui se fait délibérément du mal mais je n'y peux rien. Cet homme rempli mon cœur de joie.

Après plusieurs minutes, je regarde à l'arrière. Je fronce les sourcils en voyant que les voitures des gardes ne sont pas là.

- Tu as demandé à tes gardes de ne pas nous suivre ? Lui demandais-je.

REZA

Directement après sa question, je tourne ma tête vers l'arrière rapidement et remarque qu'ils ne sont pas là. Je sors mon téléphone, puis appelle un de mes gardes. Il ne répond pas. Alors je tente avec les autres, et pareil.

J'accélère alors la vitesse de la voiture, puis prends mon arme. Est-ce que ce dîner est un piège ? Comment j'ai pu tomber dedans ?

- Reza, qu'est-ce qu'il se passe ? Me demande Hiyam avec inquiétude.

- Rien, Hiyam. Tout va bien. Lui dis-je.

J'avance encore un peu, le temps d'être sur une route plus grande pour pouvoir faire demi-tour.

- Reza, attention ! Crie Hiyam.

J'essaie d'atteindre le frein mais il est trop tard, puisque ma voiture entre en collision avec la voiture d'en face. Mon première réflexe est de me mettre devant Hiyam pour que le choc ne soit pas trop fort pour elle.

Mais dans cette tentative, ma tête cogne fortement contre la boîte à gants, et le verre des vitres se brisent au dessus de moi. Malgré mon étourdissement, je tente de protéger Hiyam, qui est effrayée.

- Hiyam... Dis-je faiblement. Hiyam...

- Reza... Dit-elle d'une voix étourdie. J'ai... mal.

Je la garde dans mes bras pour la rassurer. Son petit corps tremble entre mes mails, et cela me donne la force de résister. Je prends mon téléphone avec ma main tremblante, mais il tombe. Je n'ai plus de force.

- Hiyam... tiens bon. Dis-je difficilement.

Je sens sa tête s'alourdir et tomber sur moi. Je secoue ma tête et tente de la secouer pour qu'elle ne s'endorme pas.

- Hiyam... Dis-je.

Elle ne répond pas. Je commence à paniquer. À énormément paniquer. J'ai fais tout de mon possible pour la sauver mais... et si j'ai échoué ?

- Enfin je vous trouve tous les deux, seuls. Dit une voix.

Je sens quelque chose entrer dans ma jambe. Je tourne ma tête vers la personne mais tout est trop flou pour que je puisse distinguer autre chose que la forme de son visage. Lentement, je vois de plus en plus flou et la fatigue me gagne. Je finis inconscient, auprès de Hiyam.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant