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Je me réveille, pour la première fois, dans cette majestueuse chambre qui appartenait, autrefois, à mon oncle. Aujourd'hui est mon premier jour en tant qu'émir. Selon les dires de mon oncle, je suis suffisamment prêt pour affronter ce nouveau monde. À vrai dire, je suis prêt depuis bien longtemps... cependant, je devais terminer mes cours de diplomatie, mes entraînements militaires et tout ce qui s'y ressemble.

Je suis à présent le nouveau dirigeant de Qena. L'affreux dirigeant de Qena. Avant même de gouverner cet Émirat, il suffisait que mon nom soit prononcé pour faire trembler les hommes. Ennemis ou Alliés. Personne n'a jamais vu mon visage sauf quelques-uns mais il suffit des mythes racontés à mon sujet pour en faire trembler plus d'un. À vrai dire, cela me plaît. ‏Je suis un homme qui ne s'exprime qu'avec colère. Je ne voulais pas que l'on me donne une image d'un homme calme et joyeux.

J'ai toujours été ainsi. Cela m'importe peu que cela soit considéré comme un défaut ou comme une qualité. Personne, je dis bien personne, ne peut juger mon être. J'ai la réputation d'un homme colérique, dangereux, violent, arrogant, et ainsi de suite. Les raisons qui m'ont poussés à devenir un tel homme n'appartiennent qu'à moi. Car oui, je ne suis pas né ainsi. Et jusqu'à présent, seul mon oncle et moi-même connaissons ces raisons.

- Votre Majesté. Me dit un de mes hommes en faisant une révérence. Votre repas est préparé. Votre oncle vous attend.

Je hoche la tête puis me lève. Je m'habille d'une chemise noir ainsi que d'un jean noir avant de me rendre dans la gigantesque salle à manger. Mon oncle est là, attendant que je vienne pour s'installer. Je vais tout au bout de la table puis m'assois, suivis de mon oncle.

- Reza, les dirigeants des pays voisins t'adressent leurs félicitations. M'informe mon oncle. Ils s'attendent à ce que tu leur donnes libre accès à nos frontières.

- Mon oncle, nous avons restreints l'accès à notre Émirat depuis des années et je ne changerais jamais cette loi. Le prévenais-je. Les erreurs du passé m'ont donnés une grande leçon. Je ne les recommettrais pas.

- Mon fils... Je n'ai pas pris cette décision car elle t'appartenait. Me dit-il. Mais n'est-il pas temps de pardonner et aller de l'avant ? N'est-il pas temps d'accorder notre confiance à nos pays voisins et frères ?

Je fulmine. Je déteste lorsque mon oncle insiste sur un sujet comme celui-ci. Pour rien au monde, je ferais la même erreur que mon père. Si mon oncle a le pardon facile, moi, je ne l'ai pas. Je n'oublie pas et n'oublierais jamais.

- Qu'ils s'estiment heureux que je ne leur déclare pas la guerre. Dis-je, froidement. Et d'ailleurs, je ne souhaite aucun de leurs présents, fais-en leur part.

- Tu fais une grave erreur, Reza. Me prévient-il.

Je hausse des épaules. Tant pis. Je suis un homme qui assume autant ses torts que ses raisons, mais ce que je déteste par dessus tout est l'hypocrisie. À quoi bon serrer la main de ces dirigeants alors qu'au fond de moi, je n'ai que l'ardent désir de les assassiner ? Tant que je serais en vie, jamais je ne leur accorderais ma confiance.

- Pouvons-nous terminer cette conversation ? Lui demandais-je, aimablement.

Il soupire mais hoche la tête.

- De nombreuses prétendantes attendent de te rencontrer, mon fils. M'informe mon oncle. Ne penses-tu pas à te prendre une épouse ?

Je lâche un faible grognement, proche de l'exaspération. Je relève ma tête vers mon oncle, toujours avec mes sourcils froncés.

- Je ne désire aucune femme. Lui dis-je. Je me plais dans la solitude, nul besoin d'une épouse.

Je finis par lâcher mes couvercles sur la table.

- Et je ne pourrais supporter un être quémander mon amour. Lui affirmais-je.

Mon oncle me regarde, désespéré. Je sais qu'il ne cherche que mon bien, mais mes désirs sont les miens. Je n'ai jamais désiré être un époux, ou bien un père. Je me complais dans mon rôle de gouverneur solitaire. À mes yeux, il n'y a rien de plus futile que l'amour. Ce sentiment étrange aveugle l'homme, au point de le pousser à faire ce qu'il ne pensait jamais faire.

Un second point que je haïs. J'aime que ma raison m'appartienne, et qu'elle ne soit pas voilée par les sentiments. Cependant, lorsque je sentirais ma fin proche, je prendrais pour épouse la première venue afin d'avoir un héritier. Je ne souhaite pas faire disparaître mon Émirat, en même temps que ‏je périrais.

Je me dirige dans mon balcon et contemple les montagnes ornant le paysage. J'ai vécu dans ces montagnes durant dix années. Ces années ont forgés l'homme que je suis. J'y étais à mes quatorze ans jusqu'à mes vingt quatre ans, jusqu'à aujourd'hui. Là, j'ai été battu, torturé, j'en suis arrivé à oublier comment sourire. Mais en retour, j'ai sauvé mon Émirat d'un danger éminent.

Les dirigeants du monde pensaient que je n'allais pas survivre, mais lorsque je suis monté sur le trône, la presse parlait d'un "miracle" ne croyant pas que la force d'un seul homme pouvait réduire celle d'une grande armée à néant. Une armée qui était censé détruire mon Émirat, pour y installer la démocratie. Pour que cet Émirat puissant ne devienne qu'une vulgaire République, où le pouvoir est partagé. Ils désiraient raser mes terres pour y construire des gigantesques buildings, au style New-Yorkais.

L'émir Reza ne pouvait se résoudre à laisser l'héritage de son père, de son grand-père, arrière-grand-père et ainsi de suite, aux mains des occidentaux. C'est bien pour cette raison que je nai pas voulu des fausses félicitations, cachés derrière une grande frustration, de ces dits-dirigranhs. Mes Alliés sont peu, mais ils me suffisent. Je sais que je peux leur faire confiance, si j'en ai besoin.

- Votre Altesse, plusieurs journalistes demandent une interview. Me prévient un des hommes. Que devrais-je leur répondre ?

- Refusez. Lui ordonnais-je. Je n'ai pas de temps à donner aux curieux.

Les hommes sont impressionnés qu'il puisse exister un émir au vingt-et-unième siècle, un émir aussi dangereux que terrifiant. Mais bientôt, le monde entier connaîtra l'émir Reza. L'émir des ténèbres.

L'émir Des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant