Chapitre 9: Revelations

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Eileen
Je n'arrive pas à y croire. Vlad est mort. Je l'ai vu mourir sous mes yeux au moment où ma maison a explosé... Vlad est mort. Il est mort. Vlad est...

Vivant.

Tout semble tellement irréel et pourtant mon cousin se trouve bien sur cet écran, le regard droit sur l'objectif de la caméra de surveillance. Je sais que l'image est récente car elle est datée d'il y a un mois et malgré tout, mon cousin ne ressemble plus à celui que je connaissais. Il semble légèrement plus grand, il est bien plus large qu'à l'époque, son visage est durci par les épreuves qu'il a dû enduré, sa mâchoire est plus carrée et il arbore une vilaine cicatrice de sa tempe droite au coin de sa lèvre. Mais c'est bien lui... Peu de famille n'a de tels yeux.

Un vert et un bleu.

Nos yeux vairons nous viennent de notre arrière grand père paternel et tous les membres de notre famille les arboraient. Je les arbore également... Seulement je les cache. Si on m'observe attentivement, on peut remarquer que le bleu de mon œil gauche n'est pas naturel. C'est l'une des premières choses que j'ai fais en sortant du centre de détention pour mineur. Avec mon métier, les ennemis de ma famille ne m'auraient que trop facilement retrouvé et la nouvelle de ma survit aurait rapidement fais le tour des gangs du pays.

Sentant les regards insistants de mon boss et de Donavan sur moi, je tâche de me reprendre mais je ne peux entendre que les battements frénétiques de mon cœur et ma respiration hachée.

- Je pensais que tous les Romanova étaient morts. Dis-je, sans pouvoir cacher le trémolos de ma voix.

Enrico plisse ses yeux et me dévisage pendant si longtemps que je crois qu'il m'a démasqué. Il ne peut jamais savoir qui je suis réellement... Si mon identité vient à être révélé, autant me considérer comme morte.

- C'est ce que je pensais également. Dit finalement notre chef.
- C'est ce que le monde entier pensait. Ajoute Donavan. Et pourtant le voilà, en vie et bien portant à ce que je peux voir, le regard rivé sur l'objectif.
- Comment est-ce possible ?

Enrico hausse les épaules.

- C'est ce que je voudrais que vous découvriez. Et que vous le convainquiez de faire une alliance avec les Black Hearts.

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il mijote ? Que veut-il à mon cousin ?

- Il y'a deux mois, Vladimir Romanova est réapparu de nul part à la tête d'un gang dont personne n'avait jamais entendu parler et qui pourtant, contrôle une bonne partie de la Floride et la Géorgie. (Enrico me regarde dans les yeux en faisant défiler les photos) Vous avez certainement entendu parler de Dragan Ivanova.

Je hoquète de surprise alors qu'il s'arrête sur une image du meilleur ami de mon frère. Contrairement à mon cousin, Dragan est légèrement de profil et ne regarde pas l'objectif mais je le reconnaîtrais entre mille. Une armoire à glace blonde aux yeux aussi noirs que son âme. Dragan était un enfoiré de première sauf avec Vlad, Erik et... Moi. Ces trois là m'avaient pratiquement élevé. Vlad est légèrement plus jeune que les deux autres et n'avait que quinze ans quand notre domaine avait été mis à feu et à sang mais ça ne l'empêchait pas d'être l'un de nos membre les plus prometteurs et en qui Nicolaï Romanova, l'homme à la tête de la mafia russe et accessoirement mon père, avait le plus confiance. Dragan n'est pas un Romanova à proprement parler mais son père, mon parrain, et le mien avaient pratiquement été élevé ensemble alors s'était tout comme. Je me souviens qu'à l'époque, Dragan était l'un de nos plus membres les plus... Sanguinaires si je peux dire ça comme ça. Je n'ai jamais vraiment su quel était son rôle exactement mais je l'ai souvent vu revenir couvert de sang.

- Dragan était l'un des bourreaux du clan Romanova. C'était l'un de ces membres les plus sanguinaires. Répond Donavan, faisant écho à mes pensées.
- Et apparemment, c'est désormais le bras droit de Vladimir. Nous apprend Enrico.

Soudain, une idée me frappe. Si Dragan et Vlad étaient en vie alors il y a peut être des chances pour que... Je n'arrive même pas à formuler ma pensée tant elle semble improbable. Et pourtant, si eux avaient survécu alors peut être que mon frère avait également survécu. Peut être qu'il n'était pas mort. Non, s'il était en vie, il m'aurait cherché. Il aurait remué ciel et terre pour me retrouver. A moins que... Et s'il pensait que j'étais morte ? Et si, tout comme moi, il avait cru ces treize dernières années que je n'avais pas survécu. Je ne sais plus quoi penser. C'est fou d'avoir de tels espoirs, de me faire de telles idées. Mais c'est également les seuls espoirs que j'ai eu en treize ans. La première fois que mon avenir ne semble plus si noir, la première fois que je ne me sens plus totalement morte de l'intérieur.

« L'espoir fait vivre » Disait l'autre.

Je n'y ai jamais cru. Après tout, je suis toujours en vie. Enfin, je survis plus que je ne vis mais bref, mon cœur bas et c'est tout ce qui compte. Pourtant aujourd'hui, je commence à penser que l'espoir fait bel et bien vivre, parce que pour la première fois depuis cette nuit-là, je me sens en vie. Je m'apprête à demander quelles genre d'informations il veut quand une pensée bien plus sombre me percute. Et si tout ceci n'est qu'un piège ? Et si Enrico Guerra connait ma véritable identité et veut, pour je ne sais quelle raison, nous réunir tous les trois ? Et si cette raison était notre mort ? S'il veut en finir définitivement avec le clan Romanova... Je dois découvrir pourquoi il m'a choisi moi alors que je ne suis même pas compétente pour ce job.

- Bon tout ça c'est très bien, dis-je d'un ton le plus détaché que possible, mais je ne vois toujours pas pourquoi tu m'as choisi moi pour un tel job ? On ne peut pas dire que je sois la définition de diplomate.

Enrico hausse un sourcil et ses lèvres se retroussent en un rictus moqueur.

- Oh vraiment Eileen ? Me demande-t-il en appuyant tout particulièrement sur mon prénom. Moi je pense au contraire que tu es la mieux placée pour ce job. Je suis même convaincu que tu es parfaite pour ce que je vous demande.

Mon cœur loupe un battement et mes yeux s'agrandissent d'horreur. Enrico sait. Il sait qui je suis. Il sait que je suis Elena Romanova. Je me lève soudainement et porte la main au flingue accroché à ma hanche. Sans me quitter des yeux, son air railleur toujours collé au visage, Enrico ordonne à Donavan de sortir.

- Pourquoi ? Demande-t-il, d'une voix confuse et tendue.

Il a forcément dû voir que ma main est posée sur mon arme et que je m'apprête à dégainer.

- Qu'est-ce qu'il se passe bordel ? S'écrie-t-il
- J'ai dis dehors Donavan. Réitère plus fermement notre boss.

Donavan me lance un regard menaçant, l'air de dire « tu le touches et t'es morte ». Cependant, après un court instant d'hésitation, Donavan fait tout de même ce que son chef lui ordonne et sort de la pièce.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant