Chapitre 48: Amer trahison (1)

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Eileen

Si la tension était à son apogée dans la voiture tout à l'heure, elle était à deux doigts de nous tuer maintenant. Quand j'étais ressortie du bureau d'Alistair en compagnie d'Alban, un sourire victorieux sur mon visage, Donavan ne trouva rien d'autre à faire que cracher que je devais m'essuyer la bouche parce qu'il me restait du blanc sur le coin de la lèvre. Mon pied était parti dans ces couilles à une telle vitesse qu'il n'avait pas eu le temps de l'éviter, provoquant l'hilarité de mon cousin et Drag et la fureur de mon partenaire.

Il n'avait pas desserré les dents depuis et ces mains étaient blanches tellement il serrait fort le volant. Et puis... Il ne risquait pas de se calmer puisqu'Alban était dans la voiture avec nous - Ordre d'Alistair. Au moins, mon ami d'enfance avait l'intelligence d'esprit de la fermer. Nous devions repasser à l'hôtel de ma famille pour récupérer leurs affaires et repartir pour la Nouvelle-Orléans dès ce soir. Nous étions connus ici et nous voulions éviter que la nouvelle de notre alliance ne fut répandue.

Nous sortîmes tous les trois sans nous adresser la parole et nous dirigeâmes aux pas de courses vers l'hôtel. Mais alors que je m'apprêtais à pénétrer dans le hall, mon cousin me tira par le bras.

- Je ne lui fais pas confiance. M'avertit-il.

Je me tournais vers lui, surprise.

- Alban ? Je te promet Vlad que...
- Non l'autre. M'interrompit-il en me désignant Donavan du menton. Il y a des choses que tu ne sais pas et qu'il faut que je te dise. Maintenant.

Je fronçais les sourcils. Je savais que quelque chose se tramait mais la gravité dans sa voix fit accélérer mon cœur d'angoisse et tordit mon ventre de peur.

De quoi mon cousin avait-il peur ? Et que se passait-il ?

Son regard se posa sur mon collier et la lueur de reconnaissance qui s'alluma avant de se transformer en terreur me donna la chair de poule.

- Vlad, que se passe-t-il? Tu me fais...

Boum.

Ma phrase fut coupée par un énorme bruit de détonation. Vlad et moi nous ruâmes à l'intérieur et ce que je vis me glaça d'horreur. L'ascenseur avait explosé et le corps de Dragan était quelques mètres plus loin, l'air inanimé.

- Dragan! Hurlais-je

Je me ruais vers mon ami mais ne pus l'atteindre car un énorme poids m'obligea à me cracher au sol avant de me tirer derrière un poteau.

- Putain mais tu fais quoi ? Fulminais-je contre Donavan.

- Les Berlusconi sont là.

La peur me saisit à bras le corps, me tétanisant complètement, m'assourdissant presque. Au point que je ne faillis pas entendre l'ignoble bruit de la mitraillette retentir dans le hall. Je passais la tête et vis Toni Berlusconi, arme en main, en combat avec Alban qui tentait désespérément de l'atteindre sans se faire buter depuis le pilier derrière lequel il s'était réfugié. L'horreur de la situation me frappa et déclencha en moi le pire.

La tueuse que j'étais reprit le dessus, me vidant de toute émotion. J'étais une arme. Froide, mortelle, sans pitié. Je me relevais lentement et dégainais mon katana que j'avais eu la présence d'esprit de prendre et le flingue cacher dans la poche intérieur de ma veste.

- Combien ? Demandais-je à Donavan.

- Je ne sais pas. L'ascenseur a explosé et ils sont sortis de tous les côtés... Eileen, ils ont ton cousin.

Je me tournais vivement vers l'endroit où j'avais vu Vlad en dernier et le vis, agenouillé devant Armant, menottée et salement amoché.

Je vis rouge.

Une dizaine de Berlusconi se tenait entre mon cousin et moi, prêts à abattre n'importe quel intrus. Mais moi, il ne m'aurait pas.

- Eileen... Tenta Donavan.

Il était trop tard, j'étais partie.

- Hé sale connard de merde. Hélais-je a l'intention de Toni. Et si tu t'en prenais à quelqu'un de ta taille.

La surprise se lut sur son visage puis Toni Berlusconi éclata de rire.

- Ah ba ça pour une surprise! Elena Romanova, en cher et en os. Mon frère avait raison, deux pour le prix...

L'idiot avait baissé sa garde suffisamment pour que la fin de sa phrase soit englobé dans un cri de douleur absolue. Je venais de lui trancher de bras.

- Attrapez la! S'écria Armant. Mais ne la tuez pas.

S'engagea alors le plus gros combat de ma vie. Dix gorilles foncèrent sur moi, poings dehors et crocs sortis.

Je les battus un par un.

Le premier se rua sur moi, je passais sous de ces jambes et enfonçais mon arme dans son cul, le tuant sur le coup. Le deuxième arriva, je lui éviscérais les entrailles d'un coup net. Arrivée au septième, j'étais couverte de sang et en avais marre de mon arme. Je le pris donc à main nue. Couteau en main, il essaya de me planter une première fois, coup que j'évitais de peu d'un saut en arrière. Il revint à la charge et je lui choppais le bras, le tirais vers moi et lui assénais un coup dans l'entrejambe, avant de lui faire une clé de bras et de le lui briser net. Son hurlement me galvanisa et je le tuais avec sa propre arme. Je réitérais pour les trois derniers.

Alban avait essayé d'intervenir mais je lui avais ordonné de retourner voir Alistair et de l'avertir.

La guerre avait été déclarée.

- Alors qui est le...

Mes jambes se dérobèrent sous mes pieds et j'atterris lourdement sur le sol. Ma tête frappa le marbre, me sonnant un peu. Le visage de Donavan apparu en double devant mes yeux et le flingue qu'il pointait sur moi me glaça d'horreur...

Puis je compris.

Les sous-entendus de mon cousin, les regards meurtrier de Dragan, l'avertissement d'Alistair.
« Fais attention à qui tu t'allies Elena. »...

Et le coup de téléphone.

Quand j'étais ressortie de la salle de bain après notre dispute, la conversation musclée entre mon cousin, Drag et Donavan s'était arrêtée nette et mon partenaire était sorti en trombe, téléphone en main. Quand nous l'avions retrouvé, il avait l'air sombre et résigné. J'avais cru que c'était à cause de moi, des mots que nous avions échangé mais...

Des pas lourds s'arrêta près de ma tête.

- Je ne pensais pas que tu l'avais en toi fils. Bravo. Déclara une voix.

Cette voix... Je l'entendais toutes les nuits dans mes rêves, elle me hantait à chaque pas que je faisais, chaque inspiration que je prenais.

Giacomo Berlusconi.

Les files se connectèrent et les morceaux de mon cœur tombèrent un par un, me tailladant la chair à coup de « ça t'apprendra à faire confiance à n'importe qui ». Mon ventre se noua et la nausée me remonta au point que j'eus à peine le temps de me mettre à quatre pattes que je dégueulais le peu que j'avais avalé aujourd'hui.

Donavan... La pensée même me répugnait, me donnait envie de m'arracher la peau et les entrailles.

Donavan était le fils de Giacomo.

Donavan était un Berlusconi et il nous avait tous trahi.

- Pardonne moi.

Furent les derniers mots que j'entendis avant que la décharge électrique ne se répande dans mon corps, grillant un par un mes neurones, mes pensées, chacun de mes muscles et mon habilité à me battre.

Fils de pute.

Puis ce fut le néant.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant