Chapitre 6 : Bruits de couloir (2)

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Donavan                                                                                                                                 Quelques heures plus tôt

Je me réveille avec un putain de mal de crâne. Je suis enfin revenu au domaine hier soir et Stan, Mike, Samuel et Finn m'ont entraîné dans un bourrage de gueule d'anthologie. Ces mois au trou m'ont au moins appris à apprécier les petites choses de la vie, comme boire avec ces potes. Je me lève tant bien que mal mais ne reconnais pas la pièce dans laquelle je me trouve.

Je ne suis définitivement pas dans ma chambre.

Mais où suis-je, bon sang?

Et pourquoi, bordel, ai-je mal aux couilles ? Je ne me rappelle pourtant pas avoir... La soirée de la veille me revient en pleine face.

La salope...

Je pris une douche rapide et enfile les premiers vêtements que je trouve avant de sortir en trombe de ma nouvelle chambre. Cette petite idiote va regretter d'avoir :
1) pointer un flingue sur moi
2) menacer
3) défoncer les testicules
4) immobiliser au sol

Elle ne me connait peut être pas, mais ça n'allait pas tarder. Je suis Donavan De Luca, pas n'importe quel gars avec qui l'on peut jouer. Et encore moins humilier. La garce ne va pas comprendre ce qui va lui tomber dessus. Heureusement pour elle qu'Enrico est intervenu au bon moment, parce qu'elle n'aurait pas fait long feu.

- Ah Donavan! S'exclame justement Enrico qui s'est arrêté devant moi.

Je relève la tête brusquement, surpris. Perdu dans mes pensées noires, je ne l'ai même pas vu arriver en face. Je viens à peine de retrouver ma liberté que je ne fais déjà plus attention à mon environnement.

Non, c'est faux.

Je suis tellement conscient de ce qui m'entoure que ça vire à la paranoïa. C'est la faute de cette Eileen si je ne suis pas concentré ce matin. 

- Quoi ? Tu as déjà besoin de moi ? Sifflè-je 

Enrico penche la tête sur le côté et m'observe sans rien dire. Je sais ce qu'il fait, il m'analyse. Cet homme me connait tellement bien qu'il peut décrypter la moindre de mes pensées, la moindre de mes émotions avant même que je n'ouvre la bouche.

- Non, tu ne te vengeras pas de ce qu'Eileen t'as fais parce que tu es entré dans sa chambre et pas l'inverse. S'oppose-t-il fermement. Cela étant dit, suis-moi nous devons discuter.

Je me renfrogne. Qu'est-ce que je disais ? Je suis un putain de livre ouvert pour lui. Je n'ai aucun secret pour cet homme... Enfin c'était le cas un an plus tôt mais tellement de choses s'étaient produites depuis que je ne suis même plus sûre de me connaître moi-même. Si celui que j'étais un an plus tôt rencontrait celui que je suis aujourd'hui, il ne se reconnaîtrait pas. Oh, je n'ai pas changé physiquement mais mon âme... Elle était déjà noire avant la prison, désormais, je ne suis plus sûre d'en avoir une.

Je suis Enrico jusqu'à son bureau au troisième étage et me laisse tomber dans le fauteuil en face du sien. Je le regarde se diriger vers son bar en bois et en sortir une bouteille de whisky. Il prépare deux verres et m'en tend un. Oui, l'alcoolisme est probablement l'une des tares les plus rependues dans notre monde.

- Bien. Commence-t-il, les mains croisés sous son menton. Tout s'est passé comme prévu ?

Eh bien... On peut dire qu'il ne perd pas de temps. Je prends une longue rasade de whisky, accueillant avec plaisir la brûlure de l'alcool. Si nous devons avoir cette conversation, il vaut peut être mieux ne pas être sobre. De toute façon, le meilleur remède contre la gueule de bois, c'est l'alcool.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant