Chapitre 44: Deal

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Eileen

Mes yeux se remplirent de larmes et mon cœur d'une rancune non contrôlée. Je ne savais pas comment mais mon frère avait fais ce qu'il avait toujours fais, il s'était comporté en héros. Il nous avait protégé. Et sans ça, il serait peut-être en vie aujourd'hui. J'étais injuste, d'autant qu'Erik aurait très bien pu être à moitié mort quand il s'était sacrifié mais mon frère me manquait affreusement. Il me manquait tellement que je les aurais tous échangé pour quelques minutes avec lui. J'étais une connasse, je le savais, et personne n'était plus heureuse que moi de voir Vlad et Dragan en vie mais Erik... Il était tout pour moi et il m'avait été enlevé.

- Quand Erik t'a évacué et qu'on est entré dans la salle avec le reste de notre clan, commença Vlad, on ne fit aucun survivant. On pensait avoir gagner... On était même en route vers les bois quand Giacomo a déclenché l'explosion. Le fils de pute avait réussi à sortir quelques secondes avant nous. La maison s'est écroulé. Le plafond tombait par morceaux sur nos têtes. Ça a duré des plombes avant que le dernier bout de la maison ne s'abatte au sol. Je ne sais par quel miracle nous nous en sommes sortis mais, à la fin, nous étions tous les trois en vie.

Je fronçais les sourcils.

Hein ?!

- Mais alors... Comment il est mort ?

Un voile traversa le regard de Vlad et ferma son visage. A ce moment là, la différence avec celui qu'il était à l'époque me sauta aux yeux, et pas de la meilleure des façons. Enfaite, j'aurais préféré qu'on me les arrache. Le Vlad blagueur de mon enfance était mort avec mon frère et mes parents. L'homme que j'avais en face de moi était un étranger, il était froid, glacial, un véritable tueur débordant d'une haine farouche. Il était devenu... Comme moi. La vie nous avait bousillée à tel point qu'elle nous avait transformé en tueur sans âme.

- Ils sont revenus. Ils sont revenus pour tous nous abattre. Tonna-t-il, grave. Quand les coups de feu ont retentit, Erik nous a tiré Dragan et moi de notre inconscient et nous avons tenté de fuir.

Vladimir s'arrêta, ne pouvant visiblement pas se convaincre de continuer.

- Nous nous sommes réfugiés derrière un morceau de plafond, continua Drag le visage aussi neutre et sans émotion que par le passé, tirant à tour de bras. Mais nous arrivions à court de balles, la sortie était encore loin et les Berlusconi se rapprochaient. (Mes yeux s'embuèrent de larmes, devinant douloureusement la suite). Ces derniers mots furent pour toi Éléna, il nous a ordonné de te retrouver et de te protéger avant de sauter par dessus notre cachette et de tirer les cinq dernières balles qui lui restaient...

Les larmes ruisselaient sur mon visage, laissant la brûlure de ma peine derrière elle, cicatrice invisible de ma souffrance.

- Erik est mort en nous sauvant la vie. Finis Vlad, la voix trop plate pour ne pas cacher sa faiblesse. Et nous avons failli à ces dernières paroles.

Il parlait de moi. Vlad et Dragan ne m'avaient jamais retrouvé et ils ne m'avaient pas protégé... Comment auraient-ils pu ? J'avais toujours été la meilleure à cache-cache et ce soir là... Ce soir là, je m'étais rendue invisible avant de partir aussi loin que possible de la maison. Laissant derrière moi ce que je pensais être le clan Romanova entier.

- Comment t'en es-tu sortie Elena ? Me demanda Vlad, me sortant de mes rêveries sur cette horrible nuit.

Mon regard passa de mon cousin, à Drag, à Donavan et se fut dans son visage froid et dangereusement vidé de toute émotion que je retrouvais la force de lever la brume d'émotions dans laquelle j'étais prise au piège depuis que Vlad avait ouvert la porte. Nous avions une mission et nous n'avions pas le temps pour un road trip dans le passé. Cette route était bien trop escarpée et je n'étais pas prête à la prendre.

- Peu importe. Tonnais-je. Vous ne lui avez pas failli, le clan Romanova n'est pas tombé et est sur le point de renaître des cendres qui l'ont réduit à néant il y'a treize ans.

La surprise sur le visage de ma famille à mon changement radical d'attitude m'arracha un rictus satisfait. Il connaissait Elena. Mais Elena était morte et enterrée près de sa maison d'enfance.

Je suis Eileen Martins. L'arme blanche. La tueuse à gage la plus douée de la côte Est. Et j'avais une mission à mener à bien.

- Nous ne sommes pas ici pour parler du passé cousin. Continuais-je. Nous sommes ici au nom des Black Hearts. Enrico a une proposition à vous faire.

Drag s'apprêtait à objecter mais Donavan l'interrompit avant.

- Elle a raison. Le passé peut attendre. Maintenant que les Berlusconi savent que vous êtes en vie et à New York, ils ne tarderont pas à vous débusquer. Vous êtes chez eux maintenant.

Le regard que Vlad lança à Donavan me fit autant froid qu'il m'intrigua. Visiblement, mon cousin avait une dent contre lui et j'étais pressée de savoir  laquelle. Mais... Ça devrait attendre, Donavan avait raison, ce n'était qu'une question de temps avant que les Berlusconi ne les retrouvent.

- Et c'est Eileen maintenant. Concluais-je

Drag leva un sourcil et se contenta de m'adresser un sourire énigmatique.

Un silence passa puis Vlad, après avoir semblé peser le pour et le contre, tapa dans ses mains et ordonna avec la grâce qu'il ne pouvait avoir copié que sur mon père,

- Très bien Black Hearts. On vous écoute. Que votre discours soit bon ou tu ne ressortiras pas en vie de cet hôtel B... De Luca.

Je fronçais les sourcils mais ne dis rien trop surprise par mon cousin dont la langue venait de fourcher et le visage blême de Donavan qui avait l'air d'avoir vu un mort... Bon techniquement ce n'était pas faux mais là...

- Tu as dis quoi Vlad ?
- Rien. Grondèrent Donavan et Vlad en même temps.
- Non mais je... Tentais-je de m'indigner.
- On a des choses à discuter. Trancha le Donavan.

Très bien. J'insisterais plus tard. Elena était peut être morte, mais elle savait toujours tirer les vers du nez de son cousin.

***

Il fut difficile de convaincre Dragan et Vladimir que les intentions d'Enrico étaient ce qu'elles étaient.

Pleine de vengeance et de sincérité.

Il souhaitait réellement s'allier avec les Romanova mais pas avant d'avoir éliminer jusqu'au dernier des Berlusconi. Ce à quoi j'adhérais totalement.

Et après deux heures de discussion et d'appel visio avec mon oncle, le deal était conclu. Dans deux jours, nous rentrions à la Nouvelle Orléans avec mon cousin et Drag, prêt à former une nouvelle alliance.

Pourquoi deux jours ? Et bien parce que Drag et Vlad n'en avaient pas finis avec la racaille de la Big Apple. Visiblement ils avaient un autre clan à voir, un autre allier à se faire et pour le coup, et à leur grand étonnement, je pouvais les aider sur ce point.

Après tout, j'avais été une Boston Scotts dans le temps et une chose était certaine Ne obliviscaris*, Alistair ne m'avait pas oublié.

NDA: * Ne obliviscaris: Devise du Clan Campbell d'Ecosse qui signifie « Ne pas oublier »

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant