Chapitre 51: Dans l'antre du diable

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Eileen

Une horrible sensation d'étouffement me réveilla, me compressant les poumons et brûlant ma gorge. Et pour cause, j'étais entrain de me noyer.

- Ça suffit. Ordonna une voix au loin.

L'eau qui s'écoulait sur mon visage à travers un tissu s'arrêta de m'inonder la gorge et le nez, m'autorisant enfin à pouvoir respirer. Le retour de l'air me brûla et me fit tousser à en vomir.

Ça faisait un mal de chien.

- Maintenant que notre invitée est éveillée, on va pouvoir commencer. Annonça Giacomo, l'air ennuyé comme si je ne venais pas de me faire noyer pour son bon plaisir.

Il pouvait au moins avoir l'air d'être satisfait.

- Va te faire foutre Giacomo. Crachais-je

En réponse, l'un de ses sbires me frappa suffisamment fort pour me faire voir trente-six chandelles avant que ma tête ne fut à nouveau mal mené et ramener en arrière.

- Je veux quelque chose et tu vas me le donner. Dit mon kidnappeur.

- Et pourquoi ferais-je une chose pareil ? Je vais mourir de toute façon.

Giacomo me relâcha, son insupportable ricanement dans la gorge.

- Parce que chère Elena, plus tu traineras, plus ton cousin souffrira.

Et comme image à sa parole, Giacomo sortie une télécommande de sa poche, doigt sur le seul bouton qu'elle contenait puis un hurlement résonna de l'autre coté du mur de la salle où je me trouvais.

Le hurlement de mon cousin. Un hurlement que je n'oublierais certainement jamais tant il avait résonné dans tout mon corps à m'en glacer les os, le sang, la chair.

- Stop! M'écriais-je. Stop! Je te donnerais ce que tu veux.

Le cri qui me faisait saigner les oreilles s'arrêta enfin.

- Je veux la clé de la fortune de ton père. Déclara-t-il tout naturellement.

Pourquoi n'étais-je pas choquée ? La fortune de mon père était convoitée, elle avait toujours attiré de nombreux ennemis et elle ne se cachait pas uniquement dans les trafics dont il était le chef. Que Giacomo la convoite ne me surprenait pas le moins du monde mais pourquoi me demander à moi? A ma connaissance, seuls mes parents et mon frère détenaient cette information, même Vlad ne la connaissait pas.

- Peut-être que si tu posais la question à mes parents... Ah non, attend! Tu les as tué, il y a douze ans. Narguais-je.

Les pupilles de Giacomo se dilatèrent de colère et la fureur que j'y vis me fit trembler l'âme. Les hurlements de Vlad s'élevèrent à nouveau.

- Ok! Ok! Je n'en sais rien! Je te le jure. Paniquais-je, un sanglot dans la voix. J'avais neuf ans quand il est mort, quand ils sont morts tous les trois et seuls eux savaient.

Un sourire cruel sur les lèvres, Giacomo se pencha vers moi. Il passa son doigt le long de ma mâchoire, m'arrachant un frémissement de dégout et une envie de vomir.

- Je ne te crois pas. Chuchota-t-il

Puis il se releva et quitta la salle, me laissant la peur au ventre de ce qui allait nous arriver à Vlad et moi. Giacomo allait tout faire pour obtenir cette information et seulement après, il nous tuera. Mais comment lui donner quelque chose que je n'avais pas ?

A peine cette question m'avait-elle traversé l'esprit que les coups se mirent à pleuvoir.

***

J'avais pris de nombreux coups au cours de ma vie alors je savais encaisser mais l'ouragan incessant de violence qui s'abattait sur moi devenait dur à supporter. Je ne sentais plus mon visage, la moitié de mes côtes étaient brisées, mon genoux déplacé et j'avais dû perdre connaissance plus d'une dizaine de fois.

- Je ne sais rien. Tentais-je de dire malgré l'engourdissement de ma bouche et la douleur de ma gorge enflée par le nombre d'étranglements que ces sauvages m'avaient infligé. Alors tuez moi, au lieu de perdre votre temps.

- Elena...

La voix de Vlad brisée par les hurlements me parvint de loin, comme étouffée par les souffrances qui nous avaient été infligés. Les cocards à mes yeux m'empêchaient de voir quoi que ce soit.

- Vlad? Appelais-je

- Ne leur dit ri... Ah! Tenta-t-il avant que ces mots ne se perde dans un autre de ces cris.

La pire forme de torture.

- Je vous en prie, je ne sais rien! Implorais-je

Je venais d'identifier la source du mal de mon cousin... La torture à l'électro-choc était l'une des méthodes les plus cruelles qui existait et la plus douloureuse. Je refusais que mon cousin n'en souffre. Mais putain, je ne savais rien!

J'étais désespérée, incapable de me défendre et je n'avais pas la moindre idée de quoi faire.

- Brave petite Elena. Tu ne protègeras pas ta famille éternellement. La perfidie dans le ton de Giacomo réveilla malgré tout mon pire coté, mon tempérament fougueux qui m'avait plus souvent attiré des problèmes qu'autre chose.

- Parce que tu l'as tellement bien protégée quand tu as battue ta femme à mort. Répliquais-je au prix d'un énième poing dans la mâchoire. Je ne te dirais rien. Non seulement parce que je mourrais pour sauver mon héritage et ne pas le laisser tomber entre tes sales mains mais parce que je ne sais rien. Le secret de la fortune des Romanova est mort avec eux.

- Et tu mourras toi aussi. Gronda-t-il. Attachez-les. Et ne vous arrêtez que lorsqu'ils seront morts comme les chiens qu'ils sont.

Le bruit des chaines résonna dans mes oreilles alors que la boule de terreur qui serrait mon ventre s'agrandit. La rage de Giacomo Berlusconi allait s'abattre sur nous, et par ma faute, Vlad allait mourir de la façon la plus horrible soit.

Je poussais un cri de douleur quand les Berlusconi me soulevèrent de ma chaine et m'attachèrent les bras en hauteur et les pieds au-dessus du sol, tirant sur mes côtes brisées et tous les os de mon corps fracassé. Mais quelque chose me disait que je n'arrivais pas au bout de mes peines.

- Vous brûlerez tous en enfer pour ça. Les maudissais-je

Et le premier coup de fouet s'abattit sur mon dos.

***

La douleur.

Elle s'était répandue dans chaque fibre de mon être.  A chaque coups de fouet, le souvenir d'avoir ressentie autre chose que la souffrance qui s'abattait sur mon dos s'effaçait remplacé par le son de mon cri qui, après quelques coups, avait également finit par s'évanouir dans le tourbillon de souffrance qui était désormais le mien.

Le nôtre.

Les hurlements de Vlad me détruisaient de l'intérieur. J'allais mourir, je le savais. Et ça n'allait pas tarder, je sentais les battements de mon cœur ralentir chaque fois que les lanières en cuire s'abattaient sur les blessures déjà profondes.

Eventuellement, je finis par ne plus rien sentir.

Même la douleur était partie.

Je n'entendais plus les cris de Vlad... Mon cousin était sûrement mort et je n'avais pas les forces ni même les larmes pour le pleurer.

Ce qu'on disait sur la mort était faux. Il n'y avait pas de point blanc, pas de flash de ma vie ou de mes souvenirs... Et encore moins la voix de Dieu qui m'appelait à lui. De toute façon, j'allais surement en enfer.

Il n'y avait que la noirceur, le vide, le néant...

Et une explosion.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant