Black Hearts : Le poids du passé

Chapitre 42: Identité

Donavan

Je n'avais plus de nouvelles d'Eli depuis qu'elle avait quitté la voiture et j'étais foutrement inquiet pour elle.

Qui savait ce que les Romanova allaient faire ?

Les épreuves qu'ils avaient dû vivre avaient sérieusement dû les endommager. Qui savait qu'ils n'étaient pas plus du genre à tirer d'abord et poser les questions après ?

Dans mes souvenirs, ils n'étaient pas ce genre de clans là. Mais après tout, qu'est-ce que j'en savais ? Je ne les connaissais pas tant que ça, je ne les avais rencontré qu'une seule fois...

13 ans plus tôt

Il pesait un silence lourd dans l'habitacle perturbé seulement par le bruit du moteur qui tournait à toute vitesse.

Mon parrain était étrangement silencieux et noir depuis qu'il m'avait ouvert la porte trois mois plus tôt. Je m'étais enfui de chez mon père et je ne comptais pas y retourner. Je crois que s'était ce qu'il redoutait le plus.

Mon père.

On n'avait pas eu de nouvelles depuis que j'avais mis les pieds au Texas et je crois que ça faisait peur à parrain. Et je crois aussi que c'était la raison pour laquelle il fonçait à toute vitesse chez sa sœur. Il paraissait qu'elle était mariée à un russe puissant. Parrain a dit qu'il nous aiderait mais, malheureusement, il n'avait rien dit de plus depuis qu'on avait quitté Dallas. Je sentais son angoisse augmentée à chaque kilomètre parcouru et elle avait atteint son paroxysme quand l'immense manoir était apparu.

- Quand on arrivera, (je sursautais à l'entente de la voix froide et grave de mon parrain) tu resteras dans la voiture jusqu'à ce que je te fasse signe de descendre. Vale ?

J'acquiesçais d'un mouvement de tête. Mon cœur battait à toute vitesse et mon ventre se tordait d'appréhension. Je ne savais pas ce qui allait se passer là bas et... Ça me faisait peur.

J'étais terrifié.

C'était une émotion à laquelle j'étais habitué, puisqu'elle m'habitait depuis gamin. Avant, la seule rambarde entre ma peur et moi était ma mère... Mais elle n'était plus là, et le trou dans mon cœur ne s'était pas refermé et ne le serait probablement jamais. La douleur qui avait remplacé maman quand le dernier coup, celui qui lui avait été fatale, s'était abattu sur elle, n'avait fais que s'amplifier. Me prenant au cœur et me compressant les entrailles à n'importe quel moment de la journée et de la nuit, m'envoyant aux toilettes me vider du peu que je réussissais à avaler.

Bien trop tôt, la voiture passa l'immense portail noir et s'arrêta dans un nuage de fumée.

-Ça va bien se passer Niño. Me rassura Enrico une dernière fois avant de descendre de la voiture.

Les prochaines minutes étaient relativement flous. Mon cœur battait tellement fort et mon appréhension me rongeait à un tel point que j'en avais la tête qui tournait. Je fus réveillé de ma torpeur par mon parrain qui m'ordonnait de sortir de la voiture.

Après une grande inspiration et un essuyage rapide de la moiteur de mes mains sur mon pantalon, j'ouvris la portière et m'extrayait de la voiture. Tout le monde me fixait avec méfiance... Sauf une personne.

Mon regard croisa celui d'une gamine brune au regard si particulier que je sus qu'il me suivrait toute ma vie. Un œil marron inquisiteur et dur et l'autre bleu, plus doux... Plus curieux. Je le soutins quelques secondes avant de m'en détourner, elle n'avait pas baisser les yeux une seule fois. Elle devait être bien plus courageuse que moi. Je m'avançais avec incertitude jusqu'au chef de famille. Il dégageait une forte aura à la fois de puissance et de grandeur mais également de... Gentillesse ? Je vis immédiatement la ressemblance avec la fille, ils avaient les mêmes yeux. Mais leur regard... Leur regard était totalement différent. Si celui de la fille révélait les deux aspects de sa personnalité, le sien était impénétrable, implacable et déterminé à m'évaluer. Si j'avais bien appris quelque chose de ma famille était que baisser les yeux pouvait rendre les choses plus compliquées encore... Alors je ne le fis pas malgré mon envie de partir en courant et de ne jamais revenir.