Epilogue

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Eileen

Le soleil se levait sur l'autoroute en direction de la Floride. L'aube avait toujours été mon moment préféré de la journée, particulièrement en été. La fraicheur qu'elle amenait sur le pays avant de laisser le chaud de la saison prendre le dessus, la rosée qui donnait aux plantes les moyens de se battre contre la brûlure du soleil et le calme. Ce calme presque surnaturel qui ne durait qu'une fraction de seconde avant de laisser place à l'effervescence de la vie tandis que les oiseaux de nuit reprenaient le chemin de leur nid. Cette fraction de seconde dans laquelle le temps semblait s'être figé, la musique des clubs s'était arrêtée et les voitures n'avaient pas encore afflué sur les routes, ce tout petit moment où tout semblait être en parfaite harmonie, ce moment où je ne ressentais rien d'autre que de la paix en mon cœur et de la tranquillité dans mon âme.

Je lançais un coup d'œil à Cléo qui s'était endormie. Elle nous avait surpris entrain de nous échapper Dragan, Vlad et moi et avait décrété nous suivre. Elle aussi avait une revanche à prendre contre ces salopards d'italiens et, en plus d'être ma meilleure amie, ces nombreux talents étaient non négligeable dans la route de la vengeance que nous empruntions. Étrangement, une autre personne s'était joint à nous. Une personne que j'avais toujours détesté mais qui semblait détesté les Berlusconi autant que nous si ce n'était plus.

Astrid.

Je ne savais pas exactement ce qu'il s'était passé entre eux et elle mais sa haine était personnelle. Enrico n'allait pas être content lorsqu'il se rendra compte que trois de ces meilleurs atouts s'étaient tirés durant la nuit mais il l'avait mérité. Depuis que j'avais appris qu'il était en partie responsable de mon état,  mon oncle était mort à mes yeux et il avait de la    chance que sa mort soit simplement figurée et non littérale où les Black Hearts auraient également perdu leur chef cette nuit.

Mon regard se déporta ensuite sur le visage encore marqué de mon cousin. Il dormait lui aussi mais ne semblait pas aussi tranquille que ma meilleure amie et ma dernière action avant de quitter le domaine me revint en tête avec elle, le vilain goût du regret.

Nous avions chargé nos affaires, le strict nécessaire. Astrid venait de nous convaincre qu'elle venait avec nous et Dragan était déjà derrière le volant. J'avais eu une dernière chose à faire avant de dormir, un dernier mot à laisser à mon très cher oncle avant de le rayer de ma vie définitivement quand une main s'abattît violemment sur mon épaule et me tira derrière un mur. Le visage bleuté de Donavan apparu et il avait l'air furieux.

- Où est-ce que vous pensez aller ? Fulmina-t-il

Malgré mes blessures au dos et ma côte cassée, je parvins à dégainer avant qu'il ne m'en empêche.

- J'avais prévenu Enrico que si je te revoyais, je te tuerais. Menaçais-je en enlevant la sécurité de mon flingue.

Donavan recula d'un pas, les yeux soudainement implorant.

- Eli... Je t'en prie écoute moi. Supplia-t-il Je n'avais pas le choix, cela ne faisait pas partie du plan mais j'ai dû jouer le jeu.

Mon cœur se contracta de douleur et mon ventre de dégoût quand je me rendis compte que mon premier réflexe était de le laisser vivre au lieu de tirer.

- Je ne sais même pas de quel plan tu parles. Grinçais-je

- Je croyais qu'Enrico t'avait expliqué.
- Et moi je croyais que tu étais mon ami, mon partenaire, mon... 

Je m'arrêtais avant d'en dire plus.

- Eileen... Tenta-t-il en avançant d'un pas.

- Non. Éructais-je. Je t'interdis de m'approcher. Je devrais te tuer, te mettre une balle entre les deux yeux et effacer ton sale visage de Berlusconi de la surface de la Terre. Je te hais Donavan et...

- Tu ne me hais pas. Me coupa-t-il avec ferveur. Malgré tout tu ne me hais pas parce que tu m'aurais déjà tué si c'était le cas...

- Je le devrais! Hurlais-je avec désespoir. Je devrais te haïr!

Je baissais mon flingue, incapable de faire ce que je m'étais promis. Je n'étais qu'une sale lâche et je me détestais plus que lui pour ça. Donavan se rapprocha de moi, brisant la distance restante entre nous deux. Hésitant, ne sachant pas comment j'allais réagir et si j'étais honnête je ne le savais pas non plus, il tendit sa main vers ma joue qu'il caressa tendrement. Un frisson me parcourut mais je ne pouvais dire non plus ce qu'il signifiait. Mes émotions étaient en vrac, mon corps détruit et mon âme en miette. J'étais tout bonnement perdue et peut être que ça expliquait ma réaction à ce qu'il suivit.

- Je t'en prie. Reste. Souffla Donavan la voix tremblante.

Sans répondre, je me dégageais et m'éloignais de lui, sans le quitter des yeux, troublée par ce qu'ils me renvoyaient et mes propres émotions.

Éventuellement, je trouvais le courage de me détourner et après m'être assurée que ma barrière était en place et que le peu de force que je possédais ne m'avait pas quitté, je lançais froidement.

- Tu es mort pour moi Donavan Berlusconi. Et un jour, je mettrais fin à ta misérable existence.

Puis j'étais partie sans me retourner.

Je le regrettais.

Je regrettais de tout mon être de ne pas l'avoir tué, de ne pas avoir entamé cette route de la vengeance dont je n'étais pas sûre d'atteindre le bout en vie. Quand je voyais mon cousin, je savais que j'avais fais une erreur en ne mettant pas fin à ces jours mais je réconfortais dans l'idée qu'il finira par recroiser ma route et ce jour là, je n'hésiterai pas. Tout comme je n'hésiterai pas pour tous ces connard que j'exécuterai.

Le jour se levait.

Et l'aube était rouge.

Rouge du sang de nos ennemis qui s'apprêtaient à couler à flots.

Le poids de mon passé m'avait rattrapé et m'avait envoyé dans les bas fonds de la mer de malheur qui avait noyé ma famille tant d'années plus tôt.

Mais je m'en étais sortie.

Le poids de ma vengeance était sur le point de s'abattre et je les coulerais tous...

Moi avec s'il le fallait.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant