Chapitre 34: New-York, New- York (2)

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Eileen

Sale fils de pute de traître. Comment avait-il pu nous faire ça ?! Faire ça à Enrico ? Son parrain bordel! Et dire que je me faisais un sang d'encre pour sa sale tronche de mouchard. S'il pensait que la prison était l'enfer, il allait savoir à quel point il ne valait mieux pas me planter de couteaux dans le dos. Quand j'en aurais finis avec lui, sa propre mère - si elle avait été encore en vie- ne l'aurait pas reconnu.

Et comment allais-je annoncer ça à Enrico? Il allait être dévasté!

Oh oui! Donavan allait payer.

Lentement. Douloureusement.

Je n'étais pas seulement en colère, j'étais absolument hors de moi. Mon sang pulsait violemment dans mes tempes, mon cœur battait anormalement fort et tout mon corps tressautait de rage. C'était à peine si j'arrivais à tenir en place. Il m'avait fallu réunir tout le self contrôle que je possédais pour ne pas les tuer tous les deux sur le champs. Je devais découvrir exactement ce que ce cadavre en sursis avait craché sur nous et ça aurait été plus compliqué si je l'avais zigouillé. Je m'étais donc enfuie le plus vite possible avant d'être repéré par l'un des deux et attendais désormais Donavan à l'extérieur de l'impasse où je l'avais vu tourner, adosser au mur de gauche. Je me doutais qu'ils allaient ressortir par là, du moins je l'espérais, et au pire je le coincerais à l'hôtel. Pour calmer mes nerfs, je jouais avec mon couteau le lançant en l'air avant de le rattraper par le manche. C'était ce que je faisais quand j'étais sur le point d'exploser, la concentration que je mobilisais pour ne pas me couper un doigt réussissait à ne pas me faire perdre pied, mais là... Là, je m'étais enfoncée tellement loin dans la fureur que Lucifer en personne me demanderait de me calmer.

Je ne savais pas exactement combien de temps cela faisait que j'avais découvert la traîtrise de Donavan mais plus les minutes s'écoulaient, plus ma colère augmentait. Le goût amer de la déception qui avait envahi ma bouche me mettait plus en rage encore. C'était comme si voir la traîtrise de Donavan avait anéanti des espoirs que je ne savais même pas avoir. Je ne savais pas exactement ce qui me provoquait un tel maelström d'émotions, certes nous nous étions beaucoup rapprochés ces derniers jours et je le considérais comme un ami... Mais pas plus. Non?

Agh! Pourquoi je cherchais à savoir moi aussi ?! Ce n'était qu'un sale traître. Point.

Le bruit étouffé de conversations me parvint et je sus qu'ils arrivaient. Je baissais la tête, peu encline d'être découverte par Armand tant que je n'avais pas réglé son compte à Donavan et attendis de le voir passer. Armand échangea deux mots avec ma cible et s'éclipsa sans même me regarder. Je relevais la tête d'un seul coup et me mis en travers de la route de Donavan, un sourire dément aux lèvres.

- On va quelque part ?

Le visage de Donavan se décomposa et devint aussi blanc qu'un cachet d'aspirine. Ses yeux s'étaient écarquillés de frayeur et de... Remords ? Pffff... N'importe quoi, il devait juste être complément désarçonné. J'imaginais que je devais vraiment avoir l'air du Jocker avec mon sourire fou et mes couteaux en main.

- Eli? Bafouilla Donavan

Un plomb sauta dans ma tête. Je le balayais et l'immobilisais au sol, à califourchon sur son torse. Et ça n'avait absolument rien de sexuel. D'ailleurs, si Donavan n'avait pas été aussi décontenancé, il m'aurait certainement déjà rendu mon coup. Où il l'aurait évité. Mais j'avais l'effet de surprise de mon côté. Mon arme plaquée contre sa gorge, j'étais à deux doigts de la lui trancher. Une goute de sang s'écoula de sous ma lame et je pris sur moi pour alléger quelque peu ma prise.

- Ne. M'appelle. Pas. Comme. Ça. Traître! Vociférais-je

Seuls mes amis en avaient le droit et Donavan... Donavan venait de passer tout en haut de ma liste d'ennemis.

- Je peux tout expliquer. Lâcha-t-il d'une voix aussi blanche que son visage.

Je ricanais et il grimaça. Je devais avoir l'air aussi folle que la sorcière dans Blanche Neige.

- Oh mais j'y compte bien Donavan. Susurrais-je. Vois-tu, je n'ai franchement pas envie de tacher mes vêtements à essayer de te sortir les vers du nez.

Je penchais la tête sur le côté, l'air de plus en plus démente. En réalité, la folie qui m'animait n'était que le reflet de ma rage et de ma déception qui se manifestait dans toute leur laideur.

- Quoi que... Je suis vraiment déçue de ne pas avoir été invité à votre petite sauterie. Dis-je en battant des cils. Et moi qui pensait que nous étions amis.

Ma mâchoire se contracta et mon cœur se broya. La justesse de mes mots m'avaient fais aussi mal qu'un couteau dans le ventre.

- Rentrons à l'hôtel. Je t'expliquerai tout je te le promet. Me demanda Donavan, l'air suppliant.

Son expression de chien battu me fit lever un sourcil moqueur. Si il pensait que j'étais aussi faible, pas étonnant qu'il pensait pouvoir me berner. Mais il n'avait pas tord... Je ne pouvais pas l'interroger ici alors qu'Armand pouvait revenir. Ou n'importe quel autre Berlusconi d'ailleurs.

- Je te préviens. Tente quoi que ce soit et je te tuerais dans la seconde. Menaçais-je

Il soupira avant d'hocher la tête.

- Je n'en doute pas une seconde. Murmura-t-il

Lentement, je retirais ma lame de sa gorge et me relevais sans jamais le quitter des yeux. Je traquais jusqu'à la moindre de ces respirations. Donavan se releva avec autant de lenteur que moi quoi que ces mouvements semblaient incertains et légèrement tremblants. Je devais avouer que ma colère se calma légèrement à la vue de son attitude si... si... Coupable ? Pleine de remord ? Je ne savais pas vraiment comment interpréter son comportement totalement nouveau et inattendu.

D'un signe de tête, je lui fis signe de passer devant moi et il s'exécuta sans un mot. Le trajet jusqu'à l'hôtel se fit dans un silence de mort. L'air était chargé de tension. Mon corps était tellement tendu qu'il me faisait affreusement mal mais la douleur était la bienvenue. Elle m'aidait à garder la tête froide chaque fois que Donavan me lançait un coup d'œil, la détermination toujours plus grande dans ses yeux à chaque regard.

Arrivée dans notre chambre, je claquais la porte derrière moi et Donavan me fit face, l'air plus déterminé et sure de lui comme je ne l'avais jamais vu. Il était prêt à se battre. Et moi aussi.

-Bien. Dis-je d'une voix dangereusement douce. Et si nous discutions maintenant ?

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant