Chapitre 46 : Jalousie

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Eileen

Le couloir dans lequel Alistair et le reste des Boston Scotts nous avaient entraîné semblait sans fin. Nous nous trouvions clairement sous la ville mais je ne saurais dire où exactement tant nous avions fais de tours et de détours. Et pourtant, je connaissais la Big Apple par cœur. Alistair ne m'avait pas dit un mot de plus et s'était contenté de nous ordonner de le suivre. Grand, plus d'1m90, costaux, une grosse barbe rousse parsemée de blanc maintenant qu'il approchait la soixantaine et des boucles de la même couleur, Alistair était le cliché de l'ancien chef de Clan écossais. D'ailleurs je crois qu'il descendait du Clan Campbell mais bref, quoi qu'il en soit, le chef des Boston Scotts était l'un des plus respecté de notre milieu. Ce qui expliquait qu'aucun des gars qui nous avaient encerclé n'avait osé remettre son ordre de se détendre en cause. Il n'y avait toujours eu que moi pour le défier et pousser à bout.

Fallait dire aussi, qu'Alistair et moi s'étaient une grande histoire d'amour. Depuis qu'il m'avait trouvé à l'hôpital quand j'avais 8 ans, il avait développé une forme d'affection pour moi que je ne comprenais pas toujours. Je savais que sa fille était morte jeune et je crois qu'il voyait un peu d'elle en moi... Bref, Alistair était comme un père pour moi, je le connaissais par cœur et c'était pour cette raison que je savais pertinemment qu'il faisait exprès de nous perdre et qu'il n'avait plus en moi la confiance d'autrefois. La preuve en était, qu'Alban ne cessait de me surveiller sans pouvoir se résoudre à ouvrir la bouche.

- Tu sais Alban, l'interpellais-je, le faisant sursauter au passage, si je ne savais pas que tu avais ordre de me surveiller je trouverais ça flippant la façon dont tu me regardes.

Mon ami d'enfance rougit jusqu'à la racine blonde de ces cheveux et détourna son beau regard bleu.

- Je... Je ne vois pas ce qu'il te fait dire ça Elena. Bégaya-t-il
- Eileen. Rectifiais-je. Et ne me prends pas pour une conne, Alistair est la personne la moins confiante que je connaisse et on ne sait pas vue depuis quoi... neuf ans ?

Alban haussa les épaules l'air de rien.

- Neuf ans ou pas, j'aurais été obligé de garder un œil sur toi sinon qui sauverait ton cul ? Ricana-t-il en me donnant un coup d'épaule gentillet.

Je le regardais un poil surprise par son geste mais lui rendis tout de même son coup. Nous nous sourîmes et, tout d'un coup, ce fut comme si cette décennie n'était jamais passée. Comme si nous n'avions pas grandi en deux personnes totalement différentes. Pendant un instant, nous étions à nouveau deux gamins en compétition pour devenir le meilleur BS et en même temps avec une affection l'un pour l'autre qui dépassait le stade de simple ami.

Alban en savait plus sur moi que tous les Black Hearts réunis. Alistair et lui étaient ceux qui m'avaient aidé à m'enfuir de l'hôpital et éviter les services sociaux après mon moment (?) avec les Berlusconi. Alban m'avait aidé à reprendre goût à la vie et à mettre derrière moi mon traumatisme... Si seulement on pouvait se remettre d'une telle chose. Il savait qui j'étais et avais juré de ne jamais rien dire.

Alistair aussi.

D'ailleurs pour tous les autres, je n'étais qu'Elena, une orpheline au passé sombre. Pendant les quatre ans passés aux côtés des Boston Scotts, cela avait été Alban et moi contre le reste du monde. Nous faisions les quatre cents coups ensemble et chaque fois qu'un autre gosse se moquait de moi, il venait à ma rescousse et inversement. Bien sure, nous nous chamaillions souvent et finissions tous les jours dans le bureau d'Alistair, assis sur une chaise à nous faire sermonner. Mais à la fin de la journée, nous nous endormions ensemble. Lui parce qu'il était trop fière pour dire qu'il avait peur du noir et moi parce que je savais exactement quels monstres se cachaient quand les lumières s'éteignaient.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant