Chapitre 38: Danse endiablée

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Eileen

On danse...

Depuis que Donavan avait prononcé ces mots, je me trouvais dans une sorte d'entre deux dans lequel je n'étais pas totalement sûre que ce que je vivais était réel ou sorti tout droit de mon imagination.

On danse...

Je n'arrivais pas à croire qu'une de mes main était posée sur l'épaule de Donavan tandis que l'autre reposait dans sa grande paume chaude qui, en cet instant, maniait la mienne d'une délicatesse presque incongrue quand on savait la quantité de sang qui la tachait. Jamais je n'aurais pensé un jour danser avec Donavan De Luca. A tout le moins, nous nous serions trouvés dans mes cette position juste avant de nous faire mordre la poussière. Mon cœur bâtait la chamade, le rouge était la nouvelle couleur de mes joues et une sensation de ne plus avoir le contrôle sur mon corps m'avait emporté... À tel point que la réalité de notre mission avait été aspiré par l'aura de danger et de sécurité que dégageait Donavan. Cet homme était une contradiction ambulante. Son charisme dévorant et son charme dévastateur, dont je n'avais eu conscience qu'à mon départ de l'hôtel quelques heures plus tôt, attirait les regards vers lui et les femmes lui faisaient tellement de charme que s'en était indécent. Mais personne ne l'approchait pour autant. Son aura de danger suffisait à déclencher mêmes les alarmes des moins futés qui hurlaient que cet homme était un nid à problème.

J'avais hautement conscience que c'était vrai.

Mais en cet instant, un sentiment si puissant de sécurité me poussait à rester dans ses bras et de ne plus jamais les quitter. En ce moment précis, Donavan m'apportait plus de sérénité et de calme que n'importe qui depuis les dix dernières années de ma vie.

- Continue de me regarder comme si tu allais me bouffer et je te jure que je te balance sur une épaule et te prends à t'en faire perdre la tête dans le premier recoin qui s'offre à nous.Me susurra Donavan à l'oreille, me provoquant instantanément une myriade de délicieux frissons le long de ma colonne vertébrale.

Je déglutis difficilement, à la fois tentée et effrayée par la force avec laquelle je voulais réaliser ses paroles. J'avais une conscience particulièrement douloureuse du désir pressent que j'éprouvais vis à vis de Donavan. Ce n'était pas une sensation dont j'avais l'habitude. Celle-ci était puissante, chamboulante, incandescente... Je n'avais jamais ressenti une telle chose envers qui que ce soit. Un désir tel qu'il me consumait chaque fois que je me retrouvais à moins de cinq mètres de son corps si tentant, me faisant perdre la tête et mes moyens de façon presque embarrassante.

Je savais que ce n'était pas une bonne idée, que nous avions une mission à réaliser et que j'avais les derniers membres de ma famille à sauver. Et pourtant...

Je ne détournais pas le regard.

Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres de Donavan tandis qu'il pressait son érection proéminente contre ma cuisse. Je me mordis les lèvres, retenant un gémissement de plaisir. Le bleu électrique de ses yeux s'assombrit instantanément devenant noir de désir.

- Qu'il en soit ainsi. Grogna-t-il comme si son destin était à jamais scellé. Comme si il savait qu'il regretterait son choix mais que, tout comme moi, son appétit avait pris tout contrôle de son esprit, balayant la logique d'un revers de la main.

Donavan me tira d'un pas énergétique en direction des toilettes qui se trouvaient près de la sortie. Il tenait ma main avec force, comme si il avait peur que je disparaisse, que je change d'avis... Mais je n'en changerais rien. Donavan De Lucas s'était insinué sous ma peau et dans mon esprit. A tel point qu'il était impossible de m'en débarrasser.

Un véritable parasite.

Et le seul moyen de m'en débarrasser était de céder à mes pulsions, ces envies noires dont je ne parvenais pas à maîtriser la puissance.  Les sentiments se contrôlaient et, avec un peu de travail et beaucoup d'éloignement, pouvaient disparaître. Et j'avais les miens parfaitement sous contrôle. Mais le désir... Ce désir qui me consumait jour après jour, nuit après nuit, et qui me hurlait de me jeter sur lui... Ce désir là, je ne pouvais le faire disparaître qu'en l'assouvissant.

Alors je le suivis. Sans faire attention aux autres invités dont je sentais le regard amusé sur nous. Et j'aurais pu aller jusqu'au bout. J'aurais enfin pu connaître la délivrance de le sentir en moi. D'avoir l'orgasme dont je rêvais depuis ce soir là, dans le hall du manoir. J'aurais pu... Si mes instincts de tueuses à gage, même au fin fond de mon esprit ensevelis sous la montagne d'excitation que je ressentais à ce moment là, ne restaient pas éveillés et prêts à l'attaque. Ces maudits instincts qui me poussèrent à jeter un œil autour de nous et à tourner la tête.

Tout s'arrêta. Et soudain, j'étais jetée quinze ans en arrière, au milieu du jardin de l'immense propriété de mon père à courir, danser, rire... À vivre. A réellement vivre, au milieu de mon frère, Vlad et Dragan. Mon cœur se compressa d'une tristesse que je m'étais interdite de ressentir ces treize dernières années avant de battre à tout rompre. Mes yeux se remplirent de larmes que je peinais à refouler quand je vis qu'ils étaient arrivés.

Une montagne de muscle blonde passa la porte en premier. Dans son costume sur mesure et ses chaussures cirées, je peinais à reconnaître le meilleur ami de mon frère. Celui que je considérais comme un membre à part entière de ma famille.

Dragan Ivanova.

Dragan avait toujours été le plus musclé du clan Romanova mais en cet instant, il semblait invincible. La dureté de son expression et le feu dans ses yeux obsidiennes ne donnaient pas non plus spécialement envie de le provoquer. Dragan n'avait jamais été spécialement avenant ou joviale mais là... Il me faisait carrément flipper. Mon regard dévia sur ceux qui le suivaient, un homme et une femme que je ne connaissais pas et sur lesquels je ne m'attardais pas avant de me focaliser sur la dernière personne à entrer. L'homme qui les suivirent tourna ses yeux si particulier vers moi, me fixa avec insistance et curiosité avant de se détourner, indifférent à ma personne.

Ce regard...

Je ne l'avais pas vu depuis treize ans. Treize longues années sans voir les yeux vairons de ma famille. Le moment ne dura que quelques secondes et pourtant il chamboula mon monde, mes espérances et mes rêves. De son œil vert, Vladimir m'avait ramené à la vie et de son bleu, il avait guéri mes peines et mes traumatismes passés. J'avais vu Vlad, Dragan et Erik être arrachés à moi et voilà qu'ils m'étaient rendus. Quand le regard de mon cousin croisa le mien, mes jambes flageolèrent et je trébuchais, me rattrapant à Donavan in extremis.

Mon partenaire s'arrêta net avant de pivoter lentement sur ces talons. Perdre l'équilibre ne me ressemblait pas. Un coup d'œil à mon air chamboulé et immédiatement son regard parcouru la salle, en quête d'un danger, tel un faucon guettant sa proie. Tous signes d'excitation et de désir avaient disparus de nos comportements, les professionnels en nous avaient repris le dessus.

Le visage de Donavan blêmit un instant avant de reprendre son teint hâlé habituel. Tout comme moi, il devait les voir pour y croire.

Et il les avait vu.

- Ils sont là... Murmurais-je afin de cacher la fébrilité de ma voix.

Donavan reporta son attention sur moi. La déception envahi son regard un instant avant d'être remplacé par la froideur et l'indifférence typique des tueurs à gage et professionnels.

- Et eux aussi. Renchérît-il froidement

Je tournais ma tête de trois quart et dû me mordre l'intérieur de la joue pour retenir la remontée acide qui me prit à la gorge.

Les Berlusconi venaient d'entrée en scène.
Avec mon pire cauchemar à leur tête.

Giacomo.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant